Tourisme : la saison morose des voyagistes français
Le syndicat des tour-opérateurs Seto fait état d'une baisse de trafic de 2, 9 % au titre des voyages à forfait pour leur année commerciale 2018-2019. Le mouvement des « gilets jaunes » a notamment pesé. Les grèves dans les transports pourraient désormais contrecarrer un redémarrage récemment esquissé.
Pas d'éclaircie de dernière minute pour les tour-opérateurs français : plombée dès l'hiver dernier par le mouvement des « gilets jaunes », leur année commerciale 2018-2019 a été pour le moins médiocre au vu des statistiques publiées ce vendredi par leur syndicat professionnel.
Après un exercice 2017-2018 « exceptionnel » , le meilleur depuis dix ans, l'année commerciale écoulée est marquée pour les membres du Syndicat des entreprises de tour-operating (Seto) par une baisse de 2,9 % du nombre de leurs clients voyageant au forfait, avec un total avoisinant 3,9 millions de personnes - le repli étant limité à 1,5 % en termes de volume d'affaires (à 4,3 milliards d'euros environ), du fait d'une hausse de la recette unitaire de 1,5 %.
Retour en grâce de l'Afrique du Nord
Outre l'effet « gilets jaunes », sensible jusqu'à la fin du printemps, les professionnels ont été affectés par divers facteurs exogènes. Il s'agit, entre autres, des attaques terroristes survenues au Sri Lanka, le 21 avril, ou du terrible ouragan Dorian, qui s'est abattu sur l'Atlantique fin août-début septembre, ravageant au passage les Bahamas. Par ailleurs, la fin de l'été a été brouillée par la faillite de Thomas Cook et des compagnies aériennes XL Airways et Aigle Azur.
Dans ce contexte peu porteur, le marché français du voyage à forfait a été animé par le retour en grâce confirmé des destinations nord-africaines et, plus globalement, du monde arabo-musulman. Le trafic a notamment bondi de 97,3 % sur l'Egypte, de 17,2 % sur la Tunisie, dont le redémarrage remonte à plus de deux ans désormais, de 37,1 % sur la Turquie, et il a plus que doublé sur la Jordanie.
L'impact des turbulences liées au « Printemps arabe » continue à s'effacer lentement. Alors qu'il représentait, à la veille du choc géopolitique de 2011, 56 % de l'activité pour les destinations relevant du moyen-courrier, l'ensemble Afrique du Nord et Moyen-Orient compte pour 27 % au terme de l'année 2018-2019 du Seto, un niveau à comparer aussi à un seuil plancher de 11 %.
Moindre appétence pour l'Europe du Sud
Le redémarrage, tout de même avéré, s'accompagne d'une moindre appétence pour les destinations sud-européennes et les Canaries, lesquelles avaient largement profité d'un effet report pour cause de « Printemps arabe ». Si elles restent, après la France, les trois premières destinations des Français, l'Espagne (Canaries comprises), la Grèce, et l'Italie accusent ainsi une réduction sensible de leur fréquentation (-14,1 %, -3,6 %, -8,2 %), le renchérissement des prix accroissant le différentiel tarifaire avec la Tunisie ou l'Egypte.
En parallèle, sur le long courrier, particulièrement à la peine (-6,9 %), l'Asie et la zone Antilles-Caraïbes ont été globalement délaissées (la baisse frôle les 25 % pour les Antilles françaises), tandis que le succès de Maurice et des Etats-Unis ne se dément pas (+1 %). A noter également le contrecoup des mouvements sociaux pour La Réunion (-23,3 %).
Réservations dynamiques
Après un exercice 2018-2019 morose, les voyagistes semblent, en cette fin d'automne, bien relancés, hors destination France, d'après les niveaux de réservations au 31 octobre. Le carnet de commandes pour l'hiver 2019-2020 est en hausse de 1,9 %, le dynamisme des destinations étrangères (+4,7 %) compensant un coup de mou de la France (-14,3 %).
Par ailleurs, la demande des voyageurs évolue. Si la vente de forfaits a fléchi, le dernier bilan du Seto met en évidence un bond de quasiment 28 % de la clientèle pour des « prestations sèches », que ce soit un billet d'avion ou toute autre prestation unique (réservation hôtelière)… Le phénomène est loin d'être négligeable avec 2,4 millions de personnes pour près de 735 millions d'euros de chiffre d'affaires.
Le 15 décembre 2019
Source web Par les echos
Les tags en relation
Les articles en relation
Tourisme: le Maroc lance un assaut sur le marché français
La présence du Maroc au salon IFTM Top Resa, qui a démarré hier à Paris, est remarquable. L’objectif des professionnels marocains est, entre autres, de r�...
Tourisme : les arrivées aux postes frontières en hausse de 92% à fin juin 2023
Le volume des arrivées de touristes aux postes frontières a atteint environ 6,5 millions de touristes au premier semestre 2023 (S1-2023), en forte hausse de 9...
Conseils aux consommateurs : Comment se prémunir contre la fraude alimentaire ? (3ème partie)
Ex Chef de la division de la répression des fraudes ...
Séisme d’Al Haouz : le secteur agricole pourrait connaître une pénurie de main-d’œuvre
Les dégâts matériels provoqués par le séisme qui a frappé Al Haouz sont, certes, difficiles à chiffrer pour le moment. Mais une chose est sûre, son impa...
E-visas au Maroc: ce qu’en pensent les professionnels du tourisme
Les e-visas sont aux abords et les professionnels du secteur touristique sont aux aguets ! La décision de lancement des visas électroniques vers le Maroc, à ...
Guelmim: adoption du projet "Noor Atlas Tan-Tan"
La commission régionale de l'investissement pour la région Guelmim-Oued Noun a adopté, ce lundi à Guelmim, le projet solaire "Noor Atlas Tan-Tan" qui se...
Comment la Tunisie veut sortir du tourisme de masse
Nommé il y a un mois à peine, le nouveau ministre du Tourisme et de l’Artisanat tunisien René Trabelsi, est venu à Paris présenter un nouveau projet tour...
Les défis du projet Neom en Arabie Saoudite : ambitions et réalités
Le projet Neom, une vision ambitieuse portée par le prince héritier d'Arabie Saoudite, Mohammed Ben Salmane (MBS), fait face à des défis majeurs malgré...
Surtourisme : « La France reste plus préservée que d’autres territoires…»
« La France reste plus préservée que d’autres territoires comme Barcelone ou Venise mais il faut se préparer, anticiper le sur-tourisme car le nombre de t...
Après les difficultés d’Aigle Azur, Corsair rassure
Dans un communiqué, la direction de Corsair admet que « les difficultés de la compagnie Aigle Azur peuvent susciter des interrogations ou des inquiétudes pa...