6 observations à chaud autour du "séisme politique"
Cette tribune fait suite au limogeage, par le roi Mohammed VI, de trois ministres, un secrétaire d'Etat, le patron de l'ONEE, et de la sanction de cinq anciens ministres du gouvernement Benkirane. Une décision prise après la publication du rapport de la Cour des Comptes sur la mauvaise gestion du programme de développement de la région d'Al Hoceima.
1) Des ministres limogés, aucun n'appartient au PJD. Pourtant en tant que ministre de l'Équipement, Rebbah était partie prenante du programme de développement d'Al Hoceima. Le roi n'a pas sanctionné la légitimité populaire. Le PJD est un parti d'électeurs et de militants authentiques, il tire sa légitimité d'une partie du peuple. Celle-ci a été sanctuarisée.
2) Le PPS, avec le limogeage de Bendabellah et Louardi, subit une terrible déroute, mais ce parti désormais coquille vide sans véritable enracinement territorial devait sa survie uniquement à sa proximité avec les islamistes. Sans colonne vertébrale, personne ne regrettera leur départ. La punition porte donc davantage sur les "nommés" plutôt que les "élus". Nuance importante.
3) Benkirane, quoi qu'on en dise, n'est pas épargné. La presque totalité de son Exécutif a subi les foudres du roi. S'il n'est pas visé directement, en tant que chef de l'Exécutif, supérieur hiérarchique des responsables sanctionnés, il n'en sort pas tout à fait indemne. Encore une fois, ne pas le pointer directement du doigt est une manière de ne pas insulter l'avenir et de respecter le choix des électeurs.
4) Le principe de reddition des comptes est renforcé. Jusqu'à aujourd'hui, un responsable public, au vu des procès de ces dernières années, pouvait au pire craindre de se faire convoquer par les juges pour fraude, détournement de l'argent public, malversations, etc. il fallait être dans l'illégalité pour craindre une sanction.
5) On rentre désormais dans une phase où l'exécution, la compétence, le bilan, la performance importent. C'est un changement de paradigme assez inédit. On craindra désormais de ne pas respecter son cahier des charges à la tête d'un département. Il faut espérer que le ruissellement se fasse en cascade sur les secrétaires généraux, les directeurs, jusqu'au dernier fonctionnaire. Ce n'est pas gagné, mais la crainte suscitée par la décision du roi fera son effet. Ce qu'on fait de son mandat comptera désormais. (Lire le livre de Hamid Bouchiki: "Le Maroc à bâtons rompus")
6) Le roi avait comparé le secteur public au secteur privé dans un discours récent. Le limogeage d'actuels ministres et l'admonestation d'anciens responsables tendent à injecter une logique venue du privé à un mammouth public encalminé depuis des lustres dans l'impunité la plus totale.
Le 24 Octobre 2017
Source Web Par Huffpostmaghreb
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