Conseil de sécurité/Sahara: les explications de vote des 15 Etats-membres
Vitali Tchourkine, représentant de la Fédération de Russie au Conseil de sécurité
C’est autour de 15h30 GMT ce vendredi 29 avril que les 15 Etats-membres du Conseil de sécurité (CS) ont voté la résolution 2285 renouvelant le mandat de la Minurso pour 12 mois, à compter du 1er mai.
Plus de 70 résolutions ont été à ce jour adoptées par le Conseil de sécurité sur le Sahara. Sur ce total, seulement trois (dont celle de ce vendredi 29 avril) n'ont pas été votées à l'unanimité.
Le vote de cette année mérite analyse. En effet, deux pays seulement ont voté contre cette résolution, mais le plus étonnant est l'attitude américaine, ainsi que l'abstention russe et les propos tenus par le représentant russe pour expliquer le vote de son pays.
Les Etats-Unis ont été le "pen holder" (porte-plume) de la résolution, autrement dit le rédacteur du projet. Leur attitude n'a pas été conforme aux liens entre les deux pays. Le Maroc l'a officiellement "regretté" dans la réaction officielle publiée peu de temps après le vote. La première mouture qu'elle a présenté était étonnamment anti-marocaine.
L'administration américaine est divisée et nous le savons, entre le département d'Etat qui a appuyé le plan d'autonomie et reconnaît les efforts du Maroc pour parvenir à une solution et Susan Rice et son réseau, notamment au Conseil national de sécurité, qui ont une position différente, contraire aux droits marocains et qui assument une responsabilité dans la séquence commencée début mars avec le secrétaire général. L'objectif de cette séquence était de changer les paramètres du processus pour remettre le référendum au centre.
C'est pour cela que le Roi Mohammed VI a évoqué l'amitié entre le Maroc et les Etats Unis dans le discours de Ryad, tout en soulignant les difficultés créées périodiquement par les changements d'administration. C'est aussi pour cela que le communiqué marocain de vendredi soir 29 avril ne nomme pas les Etats Unis, tout en regrettant leur attitude. Il dit regretter l'attitude du "rédacteur du projet".
La seconde énigme concerne le vote russe (abstention) et surtout l'explication de ce vote, selon laquelle la Russie aurait préféré un texte plus fort contre le Maroc et exprimé le souhait d'une implication future de l'UA (Union africaine) dans le processus à venir.
La résolution demande la restauration de “la pleine capacité à agir“ de la Minurso et exige un rapport en ce sens au secrétaire général Ban Ki-moon au terme d’un délai de 90 jours.
La résolution a été approuvée par 10 voix pour (USA, Chine, Japon, France, GB, Espagne, Egypte, Sénégal, Ukraine, Malaisie) deux contre (Venezuela et Uruguay) et trois abstentions (Russie, Angola et Nouvelle-Zélande).
Au terme du vote, les représentants de chacun des pays au sein du Conseil de sécurité a fourni les explications de son vote.
Egypte. L’ambassadeur d’Egypte, dont le pays présidera le Conseil de sécurité durant le mois de mai 2016 a commencé par regretter que les déclarations de Ban Ki-moon le 6 mars dernier ont provoqué la crise entre le secrétariat général de l’ONU et le Maroc. Pour
Il a positivement commenté le plan d’autonomie marocain présenté en 2007, celui-ci constituant la base de l’action diplomatique de Rabat sur le dossier du Sahara.
France. Par la voix de son ambassadeur, Paris a rappelé l’importance du plan d’autonomie présenté par le Maroc en 2077, le qualifiant de «base sérieuse et crédible» pour un règlement politique mutuellement acceptable. Pour.
Espagne. Le diplomate espagnol estime que la résolution permet d’envisager un déblocage de la situation au Sahara. Madrid demande la restauration de la Minurso dans ses fonctions et espère voir le délai de 90 jours mis à profit dans ce sens.Pour
Etats-Unis. Par la voix de Samantha Power, Washington a indiqué appuyer «l'adoption par le Conseil de la résolution renouvelant la Mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara occidental, la Minurso, pour une autre année».
Power a ajouté que « la Minurso joue un rôle indispensable dans la préservation de la sécurité au Sahara occidental et doit continuer à le faire jusqu'à ce qu'un règlement juste, durable et mutuellement acceptable soit atteint . Comme nous le savons tous, le renouvellement du mandat de cette année a été difficile et controversé – ce qui est un euphémisme» a-t-elle souligné.
«Il est important que le Maroc et les Nations-Unies aient une relation constructive» a conclu l’ambassadrice. Pour. [A noter que les Américains ont été les rédacteurs du projet de résolution].
Sénégal. Le représentant de Dakar a rappelé que malgré les différends opposant Rabat et le secrétariat général de l’ONU «le fil du dialogue n’a jamais été rompu, notamment grâce à la diplomatie efficace et discrète» du Maroc et de Ban Ki-moon. Il a conclu en rappelant que le plan marocain d’autonomie présenté en 2007 était «sérieux et crédible». Pour
Japon. Tout en saluant l’action du SG Ban Ki-moon, le Japon a également jugé positive l’action du Maroc, exprimant «le souhait et l’espoir» que le délai de 90 jours permette d’arriver à trouver une solution durable et acceptable entre les parties en conflit sur le dossier du Sahara. Pour
Grande-Bretagne. L’ambassadeur britannique a réaffirmé «le besoin urgent de restaurer la Minurso dans ses fonctions pleines et entières» et a rappelé l’importance du processus de révision du mécanisme au terme du délai de 90 jours». Pour
Ukraine. Le représentant de Kiev juge la résolution comme une étape positive pour trouver une solution mutuellement acceptable au dossier du Sahara. Pour
Malaisie. L’ambassadeur de Malaisie explique de son côté que le vote positif de son pays est motivé par les perspectives de solution ouvertes par la résolution 2285, souhaitant également l’aboutissement à une solution politique et négociée mutuellement acceptable. Pour
Russie. Le diplomate russe a évoqué une «faiblesse» du texte sur la réelle volonté politique du Maroc et souhaité «un rôle plus actif de l’Union africaine». C'est peut-être le vote et la réaction les plus surprenants au CS ce vendredi 30 avril. Une énigme et un vote inattendu. Abstention.
Angola. Son ambassadeur, dont le pays a présidé le CS en mars dernier, a regretté que la résolution ne condamne pas la décision de Rabat de demander le départ de Laâyoune de la composante civile de la Minurso, un départ effectif le 20 mars dernier. Abstention.
Nouvelle-Zélande. Auckland a décidé de s’abstenir sur la résolution 2285, estimant que celle-ci ne pointe pas suffisamment du doigt les responsabilités de la crise, critiquant les limites posées à l’action de la Minurso. Abstention
Vénézuela. Le diplomate de Caracas a jugé la résolution peu sévère envers le Maroc, responsable selon lui de la crise. Il a également estimé que le texte de la résolution était peu contraignant pour le Maroc, «qui a créé des situations de fait accompli sur le terrain». Contre
Uruguay. L’ambassadeur d’Uruguay a déploré que la résolution parle d’une Minurso diminuée dans son action et le Maroc n’en est pas rendu responsable. Il a jugé le délai de 90 jours «long, sans que les moyens d’arriver à une solution du problème de la Minurso ne soient précisés». Contre.
Chine. L’ambassadeur de Pékin dont le pays a présidé le CS durant ce mois d’avril, a été le dernier à prendre la parole. Il a souhaité qu’«une solution politique soit trouvée» et que «la situation au Sahara soit stabilisée». Il a également encouragé«les deux parties à travailler pour une solution durable et mutuellement acceptable». Pour
Le 29 Avril 2016
SOURCE WEB Par Médias 24
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