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Le solaire et le gaz, les priorités d’Engie au Maroc

Le solaire et le gaz, les priorités d’Engie au Maroc

Le groupe se positionnera sur les prochaines phases du programme solaire Noor

Eolien, thermique, efficacité énergétique, signalisations ferroviaires… le point sur la présence du groupe

COP22: Le privé aura un rôle déterminant dans l’application des Accords de Paris

Pour Gérard Mestrallet, président du conseil d’administration du groupe Engie, il faudra «quantifier» le climat pour faciliter aux entreprises les prises de décisions d’investissement favorables aux engagements de la COP21. Objectif: passer de 12 à 25% des émissions CO2 couvertes par le mécanisme carbone en 2020 (Ph. Khalifa)

- L’Economiste: Un patron qui renonce à son salaire, c’est assez inédit. On peut difficilement s’empêcher de lui prendre quelques commentaires

- Gérard Mestrallet: Je ne souhaite pas commenter cette décision. Je l’ai prise délibérément. J’ai en effet décidé que la rémunération que l’on me proposait pour mes nouvelles responsabilités serait intégralement affectée à la Fondation Engie.

- Le Maroc est en pleine dynamique verte dans le secteur de l’énergie. Quelle est la place actuelle de ce pays dans la stratégie du groupe?

- A l’égard de la stratégie qu’Isabelle Kocher, la directrice générale du groupe, et moi avons fait approuver par le conseil d’administration et qui a été dévoilée en février dernier, le Maroc tient une place à part dans la croissance de nos activités. Nous avons créé une importante business unit dédiée à l’Afrique. Aujourd’hui, dans le secteur de l’énergie, le Maroc est le pays où le groupe est le plus présent dans le continent. Nous y avons développé déjà plusieurs projets structurants. D’abord, dans la filière éolienne avec le parc de Tarfaya (300 MW), qui est aujourd’hui le plus grand du continent, ainsi que la centrale thermique de Safi. Nous sommes associés à Nareva Holding et Mitsui sur ces deux principaux projets. Nous nous intéressons aussi particulièrement au déploiement du plan gazier, des terminaux méthaniers aux centrales à gaz à cycles combinés. Mais pour le moment, nous comptons renforcer notre présence dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Au delà de l’éolien, le solaire, qu’il soit de technologies photovoltaïques ou à concentration (CSP), est aussi une filière sur laquelle nous cherchons à nous positionner au Maroc…

- Mais avec beaucoup moins de succès jusque-là, par rapport à l’éolien et au thermique…

- Nous avons récemment fait d’importants développements dans le solaire. Nous venons par exemple d’acquérir l’entreprise française Solaire Direct, qui dispose d’actifs dans plusieurs pays dans le monde (ainsi que Green Charge Networks, spécialiste du stockage, ndlr). Cette opération a fait de nous le premier acteur français dans ce domaine. Les gouvernements français, indien et 120 autres chefs de gouvernement ont créé l’alliance solaire internationale pour le développement de 1.000 GW de capacité solaire dans le monde. Parallèlement, Engie a pris l’initiative de monter une alliance privée dont Isabelle Kocher assure justement la présidence: l’Initiative Terrawatt, qui vise à créer les conditions d’une filière solaire dans le monde. Le solaire est donc pour nous plus qu’une ambition. C’est un métier très stratégique que nous souhaitons développer. Nous avons répondu à plusieurs appels d’offres au Maroc et continuerons à le faire. On ne gagne pas tous les marchés, certes, mais pour être aujourd’hui le 3e producteur d’électricité dans le monde, c’est parce qu’on en a remporté assez. Cela fait partie des règles du jeu.

- Au Maroc, le modèle de la gestion déléguée est fortement éprouvé, voire remis en cause, avec de nombreuses difficultés et conflits entre parties prenantes. Ne pensez-vous pas qu’on ait atteint les limites de ce concept ?

- De façon générale, il me semble que la gestion déléguée est un bon système. Mais il faut, pour cela, que les règles du jeu soient très claires. C’est-à-dire que dans ce système, l’autorité publique doit être le seul patron. J’ai été promoteur de la gestion déléguée et du PPP dans le monde entier et je plaide pour un modèle dans lequel les règles sont claires: d’une part,  une autorité publique qui décide, contrôle et oriente, et un partenaire qui exécute d’autre part. Chacun doit rester dans les limites de ses prérogatives. Charge au prestataire privé d’adhérer ou pas. Je ne me prononcerais pas sur les quelques échecs du système au Maroc, qui ne sont d’ailleurs pas les nôtres. Je considère, qu’après 20 ans sur le marché, la Lydec fait du bon travail. Mais je le répète: le plus grand danger, à mon avis, c’est lorsque le partenaire privé se considère comme le patron. Il faut que le pouvoir initial et final reste entre les mains de l’autorité délégante. La délégation de services reste un dialogue dynamique entre partenaires.

- Le secteur privé est très attendu à la COP22, annoncée comme celle du concret. Quel sera son apport?

- Je crois important que ce rôle soit celui de l’accompagnement et de la proposition. Dès la COP20 de Lima, il a en effet été décidé que le secteur privé soit associé aux débats sur le climat. A Paris, pour la COP21, le gouvernement français a souhaité organiser un «Business dialogue». C’est une sorte de plateforme qui a réuni une quarantaine de chefs d’entreprise du monde et autant de ministres, dont Hakima El Haite pour la partie marocaine. J’ai coordonné et animé trois réunions de cette plateforme à Paris sur les enjeux du climat, une seconde à New York sur les prix du carbone et une à Tokyo sur les technologies à bas carbone. Ce qui m’a beaucoup frappé, c’est cette nette évolution de la position du business mondial depuis Copenhague. Et qui, depuis deux ans, est convaincu du risque climatique, et du fait qu’une catastrophe climatique serait une catastrophe économique et se sent concerné…

- C’est une sorte d’électrochoc…

- Absolument. Il s’est clairement passé quelque chose. L’une de nos propositions phares, à cette occasion, était d’établir des mécanismes de prix du carbone au niveau mondial, et d’aller vers l’extension des zones déjà couvertes par les marchés carbone.

L’objet ne figurait pas dans le mandat de la COP21 mais son impact a été tellement fort auprès des entreprises qu’elle a été intégrée dans l’accord final. La COP22 sera donc celle de l’action, avec une dimension africaine très forte. Le rôle des entreprises sera donc très déterminant et la CGEM est bien engagée.

Le privé sera un acteur important dans la transition vers des économies à bas carbone. 70% des investissements, qui seront nécessaires à l’atteinte des objectifs climatiques, proviendront du privé.

- Vous espérez vraiment une relance du marché du carbone ?

- J’ai de l’espoir. Je milite beaucoup à cette fin. Je pense que c’est une façon pour les entreprises de quantifier le risque climat. Nous devons être rationnels. Nous sommes pour la lutte contre le réchauffement climatique, et justement il y a des décisions d’investissement à prendre pour y arriver. Aujourd’hui, seules 12% des émissions de CO2 dans le monde sont couvertes par des mécanismes du prix du carbone. L’objectif est de relever ce taux à 25% à l’horizon 2020, et j’ai la conviction que nous y serons.

Le 13 Mai 2016
SOURCE WEB Par L’économiste

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