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Industrialisation et émergence

Industrialisation et émergence

Pour un système technologique performant et vers des mesures ciblées et efficaces

«Le Maroc ne peut se suffire de l’agriculture et du tourisme pour dynamiser sa croissance et répondre aux besoins de sa population. Une telle orientation aurait des conséquences graves sur son économie. Sa position dans le commerce international, déjà faible, se fragiliserait encore davantage et ses objectifs de lutte contre la pauvreté et la précarité  risqueraient d’être réduits». C’est, en clair, le tableau qu’a dressé la dernière note de conjoncture du Centre marocain de conjoncture (CMC).

A juste titre, ce Spécial intitulés «Perspectives de croissance industrielle au Maroc » a le mérite de dévoiler que pour éviter une situation critique, le Royaume se doit de faire du secteur industriel un véritable moteur de l’activité économique en termes de valeur ajoutée et d’emploi. «Même si la part des services dans l’économie s’accroît et que le secteur agricole continue de jouer un rôle prépondérant dans la croissance de l’économie marocaine, une industrie solide est nécessaire non seulement pour soutenir la croissance mais aussi pour assurer un équilibre vertueux de la balance commerciale», ont fait ressortir les analystes du CMC qui déclinent, au passage, un profil de l’industrie au Maroc en deçà des attentes doublé d’un modèle actuel d’industrialisation qui se caractérise par le développement des activités de sous-traitance, aux faibles rendement économique et contenu technologique.

Pour eux, il est des plus importants de s’interroger sur ce modèle actuel et sa capacité à ne pas reproduire les erreurs du passé sous des formes plus sophistiquées.

Et de faire état d’un Maroc qui compte près de 8000 unités industrielles de différentes tailles précisant que cette industrie est concentrée au niveau des branches des activités chimiques et para-chimiques (31%), de l’agroalimentaire (26%), des activités métalliques et mécaniques (21%), du textile (19%) et des activités électriques et électroniques (3%).

Le CMC révèle aussi que ce secteur industriel emploie près de 1,176 million d’actifs, soit 11,4% de l’emploi global à fin 2015 notant que ce nombre est resté en quasi-stagnation depuis 2000 et que sa part dans le PIB est passée de 15,5% à 16,3% entre 2000 et 2014.

Les chiffres sont encore plus têtus lorsque l’on sait de même source que la contribution de l’industrie à l’investissement a été de 101 milliards de dirhams (MMDH) en 2014 et que ce dernier n’a été que de 43,2 MMDH en 2000.

Et ce n’est pas tout. Malgré de longues années d’industrialisation, le secteur ne parvient pas encore à avoir des champions industriels disposant de tailles critiques leur permettant de structurer le secteur et d’être des locomotives de l’industrie au Maroc et particulièrement dans le domaine des hautes technologies, explique le CMC donnant l’exemple d’une seule multinationale en Corée qui nous dépasse largement puisqu’elle  a réalisé un chiffre d’affaires de 142 milliards de dollars en 2014, soit près de 1,5 du PIB au Maroc.

En clair, les IDE (investissement direct étranger) industriels n’ont pas participé, significativement, à transférer la technologie en mesure de faire émerger une technologie locale compétitive, fait savoir l’institution ajoutant que même dans le secteur du textile, ayant bénéficié pour de longues années d’un soutien important, tout le support technologique de cette industrie dépendait toujours de l’extérieur, et ce après plusieurs années de sous-traitance. D’où une interrogation qui fuse : les schémas d’industrialisation actuelle sont-ils dépassés ?

Pour y répondre, le CMC met en exergue un fait marquant : l’évaluation des gains réels qui se dégagent de multinationales, celles qui visent notamment à bénéficier d’environnements offerts par des pays en développement à la recherche d’investissements industriels comme le cas du Maroc, montrent qu’ils sont faibles. Et de signaler, à ce titre, que parfois, l’on se réfère aux exportations de ces multinationales pour indiquer leur performance tout en omettant volontairement ou involontairement leurs importations directes et indirectes et celles de leurs fournisseurs locaux.

Autre bémol, si les grandes transformations industrielles dans le monde se sont faites à travers le passage par une quatrième révolution (une sorte de méta-révolution), le Maroc ne semble pas, encore, avoir pris ce train en marche. En effet, le CMC explique que toutes les révolutions industrielles ont un point commun, l’innovation, précisant qu’elles entraînent une transformation profonde des modes de production des entreprises et touchent également à tous les aspects de la vie quotidienne. Et de mettre en relief, que de la même façon que la machine à vapeur puis l’électricité ont rendu possible l’apparition de l’usine, puis de la firme géante, entraînant la concentration des emplois dans les villes et les banlieues, l’Internet et la révolution numérique déterminent peu à peu la base organisationnelle d’une « nouvelle économie » fondée sur le réseau, rappelant que cette nouvelle ère industrielle est porteuse d’impacts économiques importants. Ainsi, la même source tient à souligner que si les trois premières révolutions reposaient sur une avancée technologique majeure (vapeur, électricité et NTIC), la quatrième révolution est en revanche subtile dans la mesure où elle est amorcée par un agrégat de mini-révolutions dont le numérique est le catalyseur. Autrement dit : tous les ingrédients de la quatrième révolution industrielle sont déjà là, charge aux entreprises et organisations d’en bénéficier. Le “la” est donc donné.

Le 19  Juin 2016
SOURCE WEB Par Libération

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