Le Maroc à l'UA: Et maintenant?
Les premiers moments de joie passés, retour sur l'admission du Maroc, sa portée, les prochaines étapes et les questions qui se posent.
>Le Maroc offensif.
“Le dossier du Sahara est un marathon. Il faut avoir du souffle et tenir la distance“. C’est un diplomate marocain de haut rang qui nous le confie. Et c’est à cette aune qu’il faut évaluer le retour du Maroc dans le cénacle africain, à travers son admission à l’Union africaine (UA), prononcée lundi 30 janvier 2017.
La fin des années 70 et jusqu’au milieu des années 80, le Maroc avait été acculé à la défensive, militairement et diplomatiquement.
Les années 80 avaient été terribles. Le front social s’était embrasé. Les dépenses militaires étaient élevées et exerçaient des pressions sur le budget de l’Etat. Le Maroc a connu alors ses premiers rééchelonnements de dette accompagnés d’accords stand-by avec le FMI.
Après avoir été sur la défensive dans les années 80, le Maroc a désormais l’initiative.
>L’adversité algérienne.
Le déroulement de la séquence de l’adhésion du Maroc à l’Union africaine confirme bien la dimension algéro-marocaine de l’affaire du Sahara. L’Algérie est montée, publiquement et en coulisses, au créneau pour empêcher, puis pour freiner l’admission du Royaume. Il n’y a qu’à lire une partie de la presse algérienne pour comprendre à quel point notre voisin se considère comme partie au conflit. L’Algérie officielle a ressenti l’admission du Maroc comme un camouflet. Elle a du mal à cacher son dépit.
L’admission du Maroc aurait dû être une simple formalité, par application mécanique de l’article 29 de l’Acte constitutif de l’UA.
L’adversité algérienne, les manœuvres de l’Algérie, de l’Afrique du Sud et de Mme Dlamini-Zuma en ont fait une victoire marocaine et un triomphe de Mohammed VI.
>Géopolitique: “Il faut encercler le Maroc“.
Le vieux rêve du pouvoir algérien est celui-là: encercler le Maroc. Par l’Algérie, les deux mers et au sud, un Sahara indépendant. Tout est là.
Le positionnement du Maroc dans une relation verticale Europe-Maroc-Afrique sud-saharienne; sa gestion vigilante du dossier du Sahara; son admission à l’UA cassent ces tentatives d’isolement. Celui qui est isolé n’est pas celui qu’on croit.
>Quid de la “RASD“?
Dès lors que le Maroc a décidé de revenir dans le cénacle africain, la question se pose. Le Maroc va-t-il siéger aux côtés d’un Etat fantôche qu’il ne reconnaît pas?
Toute la question est là. L’Acte constitutif de l’UA ne prévoit pas de procédure d’expulsion. Mais uniquement de suspension ou de gel dans certaines conditions. Mais l’assemblée des chefs d’Etat est souveraine.
Une décision de gel ou d’expulsion devra être prise aux deux tiers par la conférence de chefs d’Etat. Autrement dit, 37 voix. Le Maroc dispose d’une bonne trentaine de voix. Dans un délai raisonnable, la question de la présence de la “RASD“ sera posée. Sans précipitation, car le Maroc ne se lance que s’il maîtrise les situations.
>Quelles sont les prochaines étapes?
Au cours des deux années à venir, le Maroc va consolider son rôle en tant que membre de l’UA. Les principaux axes sont connus: la sécurité alimentaire, la lutte contre les effets du réchauffement climatique, la coopération sud-sud, une Afrique décomplexée vis-à-vis des velléités de tutelle,… Le Maroc va consolider l'avantage qu'il a pris.
>Un désaveu de la décision de 1984? Si c’est pour revenir, pourquoi avoir quitté?
Le départ en 1984 peut apparaître aujourd’hui comme une erreur. En réalité, il était imposé par le contexte.
Depuis cette date, le contexte a changé. En 2002, l’Union africaine (UA) se substitue à l’OUA.
L’Afrique est montée en puissance sur le plan économique et humain. L’UA est devenue une organisation de plus en plus influente et crédible. L’absence du Maroc a permis à l’Algérie et à l’Afrique du Sud de faire de l’organisation, un instrument contre le Royaume. Elle est parfois instrumentalisée contre le Maroc, qui en est absent, comme lorsqu’elle tente d’envoyer une commission d’enquête au Sahara.
Depuis 2013, le Maroc sait que son retour s’impose et que la politique de la chaise vide devient contre-productive. En 2014-2015, le Maroc est entré dans la phase opérationnelle de préparation de son retour, qui a été envisagée pour 2015 puis pour 2016. L’essai est magistralement transformé en ce jour de grâce du 30 janvier 2017.
Le 02 Février 2017
SOURCE WEB Par Médias 24
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