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Ouvrir une agence de voyages au Maroc un business difficile mais rentable

Ouvrir une agence de voyages au Maroc   un business difficile mais rentable

Avec une mise de départ de 600 000 DH, l’affaire peut rapporter plus de 400 000 DH nets d’impôts par an. Il faut être un bon commercial et bien miser sur la communication pour espérer réaliser ce niveau de gains. La période du Haj est pour bientôt et l’on assistera comme chaque année à une rude bataille entre les agences de voyages pour s’arracher les pèlerins à coups de publicités et d’offres alléchantes. Le secteur compte même des agences qui n’ouvrent que durant cette période et qui ne s’intéressent guère à la commercialisation de produits touristiques, au Maroc ou à l’étranger. Spécialisées dans le Haj et la Omra, elles parviennent à dégager des marges souvent meilleures que les agences qui essayent de survivre tout au long de l’année grâce aux packages touristiques. Concurrence des sites de réservation en ligne, de deals et des hôtels Le secteur compte plus de 800 agences de voyages de toutes catégories, réparties entre les agences généralistes, celles spécialisées en Haj et Omra, celles qui se chargent uniquement du tourisme d’affaires et, enfin, celles qui, en plus d’être des agences de voyages généralistes, représentent également des tour-opérateurs. Mais il est révolu le temps où ces agences prospéraient et arrivaient à gagner de l’argent seulement grâce à l’organisation de voyages au Maroc ou à l’étranger. Désormais, avec l’augmentation de leur nombre et surtout une clientèle marocaine qui n’a toujours pas pris l’habitude de passer par les agences pour acheter des voyages, nombre d’opérateurs parviennent à peine à survivre et bien des agences sont mises en veilleuse par leurs propriétaires en attendant des jours meilleurs. Par ailleurs, les professionnels subissent de plein fouet la concurrence des sites internet de réservation direct, des sites de deals et des hôtels eux-mêmes qui commencent de plus en plus à communiquer sur des offres plus intéressantes les unes que les autres. De ce fait, une personne désirant créer une agence de voyages devra miser gros sur l’innovation en matière d’offre de packages de voyages et sur la communication. Bien que le coût d’investissement de départ ne soit pas lourd, les revenus qu’on peut espérer encaisser ne sont pas très conséquents au vu de la conjoncture actuelle. Selon plusieurs professionnels, la rentabilité est de moins en moins importante. Cela dit, si on est innovant et qu’on ne ménage aucun effort pour constituer un portefeuille clients confortable, l’affaire peut être rentable. Par exemple, l’ouverture d’une petite agence de voyages nécessite un investissement de près de 600 000 DH. Si l’on se spécialise dans les voyages touristiques, avec un chiffre d’affaires moyen brut de 700 000 DH par mois (sur lequel il faut appliquer une marge commerciale comprise entre 10% et 15%), le bénéfice annuel peut s’élever à 440 000 DH. Par contre, la rentabilité est meilleure si l’on se spécialise dans le Haj et la Omra, mais il faut dire que le système est difficile à maîtriser. L’organisation du Haj pour 50 personnes et de la Omra pour 10 autres peut laisser un chiffre d’affaires net de 1,34 MDH pour un bénéfice net de plus de 700 000 DH. En gros, si l’on est un bon commercial, on peut rentrer dans ses frais dès la première année. Une caution de 200 000 DH à déposer auprès de la CDG Dans le détail, l’aménagement de l’agence de voyages et l’acquisition du matériel de bureau et informatique peut coûter environ 70 000 DH. Outre l’acquisition d’un logiciel de back-office (près de 8 000 DH) et l’adhésion à IATA (International Air for Transport Association) qui régit l’industrie de la billetterie de par le monde à travers l’attribution d’un code spécifique à chaque agence, ce qui coûte 600 francs suisses, il faut compter en moyenne 100 000 DH au titre des frais de communication. Il faut disposer par ailleurs d’un fonds de roulement de pas moins de 200 000 DH pour démarrer l’activité sans difficultés. Ensuite, toutes les agences de voyages doivent déposer en numéraire une caution auprès de la CDG de 200 000 DH. La profession est régie par la loi 31-96 portant statut des agences de voyages L'exercice de la profession est régi par la loi n° 31-96 portant statut des agences de voyages et qui impose l'obtention d'une licence d'exploitation. Tout d’abord, il faut respecter un cahier des charges qui stipule que le directeur de l’agence doit être un lauréat d’une école de tourisme avec deux années d’expérience, avoir un diplôme du 1er cycle assorti d’une expérience de quatre ans ou avoir participé en tant que directeur technique ou commercial pendant sept ans dans une agence de voyages. L’agence doit ensuite compter au moins 5 employés et souscrire à une assurance responsabilité civile professionnelle. De plus, le responsable doit également présenter au ministère du tourisme un business plan sur 3 ans, définir le type d’activités qu’il compte exercer (billetterie, tourisme réceptif ou émetteur), argumenter son choix et présenter la population cible. Une fois l’ensemble de ces critères rempli, une commission englobant le directeur de la division des entreprises et des activités touristiques au sein du ministère du tourisme et un représentent de la Fédération des agences de voyages au Maroc est tenue afin de délivrer une licence provisoire d’une durée maximum d’une année. Passé ce délai, une autre commission se tient afin de vérifier le local, sa position, l’agencement des bureaux et le nombre d’emplois permanents créés. Enfin, la licence d’exploitation définitive n’est octroyée que si ces critères sont respectés et qu’au moins 50% du chiffre réalisé au cours de cette année provisoire soit effectué en devises. Il faut compter sur près de 500 000 DH de charges annuelles En démarrant l’activité, l’agence fait face à des charges récurrentes liées essentiellement au loyer, à la masse salariale, aux frais d’abonnement aux sites de réservation de billet et ceux des différents services (eau, électricité, téléphone, Internet). Pour un local convenable, il faut compter au moins 10 000 DH de loyer mensuel, ce qui engendre une charge annuelle de 120 000 DH. Ensuite, les cinq employés dont trois cadres, une assistante et un coursier nécessiteront près de 300 000 DH par an, charges sociales et fiscales comprises. Comme la loi le prescrit, l’agence de voyage doit souscrire à une assurance dont le montant minimum est de 10 000 DH par an. De plus, les frais liés à l’abonnement au site Amadeus (utilisé par la quasi majorité des agences marocaines) permettant la réservation directe de billets se montent à 18 000 DH par an, au moment où les charges relatives à l’eau, à l’électricité, au téléphone et à Internet s’élèvent à environ 36 000 DH par an. Parallèlement, la communication sur les packages et produits nécessite, selon un professionnel du secteur, au moins 3% du chiffre d’affaires annuel, soit environ 21 000 DH dans notre exemple. En y ajoutant 5 000 DH au titre de la contribution annuelle à une association professionnelle régionale, les charges globales ans s’élèvent à près de 480 000 DH par an. Par ailleurs, les agences sont assujetties à un impôt sur les sociétés de 15% au cas où leur chiffre d’affaires ne dépasse pas 3 MDH. Pour ce qui est des revenus, les responsables d’agences contactés s’accordent à affirmer que le tourisme émetteur est l’activité qui permet d’avoir un chiffre d’affaires récurrent. Celle-ci consiste en la vente de packs de voyages au Maroc ou à l’étranger et permet de réaliser de 10 à 15% de marge commerciale. Le tourisme réceptif, quant à lui, ayant pour objet de recevoir et d’accueillir des touristes étrangers à travers des tour-opérateurs, n’est réalisé que par certaines agences de voyages de taille à l’instar d’Atlas voyages. La billetterie, quant à elle, ne représente plus qu’un poids minime dans l’ensemble des activités et ne draine qu’une marge de 1% pour certains opérateurs. En somme, une agence qui n’intègre pas dans son activité le pèlerinage et la Omra peut réaliser en début d’activité, un chiffre d’affaire net de 1 MDH. En déduisant les différentes charges et en y appliquant le taux d’IS, le bénéfice net se situe aux alentours de 440 000 DH. Par contre, si une agence se spécialise dans le Haj et la Omra, la marge commerciale est largement plus intéressante. Elle peut commencer à 20% et atteindre jusqu’à 50%. Ainsi, en supposant que cette agence ait distribué 50 produits intermédiaires de Haj à 65 000 DH et 10 produits de Omra à 10 000 DH, elle dégagera un bénéfice net de plus de 720 000 DH. Agence de voyage : Absence de réglementation, fraudes, concurrence..., les difficultés du business Le Haj peut rapporter gros à une agence de voyages, mais l’activité souffre de plusieurs dysfonctionnements et difficultés. Après l’instauration du système des quotas basé sur le libre choix des pèlerins d’accomplir le Haj en suivant l’organisation du ministère des habous ou celle des agences de voyages, ces dernières ont vu leurs parts de marché se réduire fortement. Ainsi, sur le 1 pour mille de la population octroyé par l’Arabie Saoudite chaque année, soit 30 000 personnes, seulement 3 000 d’entre elles optent pour les agences de voyages. Pour être habilité à organiser ce voyage, il faut remplir au moins 60% des critères contenus dans le cahier des charges définis par le ministère du tourisme. Ceux-ci englobent, entre autres, la part du chiffre d’affaires réalisée en devises et rapatriée au Maroc, les éventuelles réclamations des clients et aussi la disposition d’un site web, l’organisation de circuits touristiques ou de formation de personnel. Suite à cela, une commission formée d’un représentant des ministères du tourisme, des habous et de l’intérieur et d’un représentant de la fédération des agences de voyages est constituée afin de statuer sur les agences habilitées à organiser le circuit du Haj. Voyant leurs parts baisser, les agences de voyages n’ont eu d’autre recours que de baisser leurs tarifs pour essayer de concurrencer le ministère des habous dont le tarif est de plus ou moins 30 000 DH. Le produit luxe peut commencer à 80 000 DH et aller jusqu’à 150 000 DH, contre un prix variant entre 50 000 DH et 75 000 DH pour l’offre intermédiaire et de 30 000 DH à 45 000 DH pour le produit économique. SOURCE WEB Par Ibtissam Benchanna. La Vie éco