Détails sur l’avancement du chantier du registre national de la population
Le Maroc accélère le pas pour la mise en place du registre national (RN) et celui social (RS), avant de poursuivre sa réforme de la caisse de compensation.
Le chantier de la mise en place du système d’identification national "est sur la bonne voie", à en croire la Directrice des opérations pour le Maghreb à la Banque mondiale, Marie Françoise Marie-Nelly, qui répondait lundi 6 mars aux questions de Médias24, en marge d'un échange informel avec un petit groupe de journalistes à Casablanca sur le nouveau cadre de partenariat stratégique entre le Maroc et la Banque mondiale.
L’institution internationale est impliquée dans ce projet, piloté par le ministère de l’Intérieur, qu’elle finance à travers un prêt de 100 millions de dollars dont 28,8 millions ont déjà été décaissés. "C’est une réforme clé pour l’avenir du Maroc, car elle permettra à tous les Marocains et tous les étrangers résidents de bénéficier d’un numéro d’identifiant national biométrique permettant par la suite le déploiement de services digitaux", assure notre source.
L’objectif est de mettre en place un registre national (RN) et un registre social (RS) permettant d’améliorer le ciblage des populations défavorisées et permettra au gouvernement de faire bénéficier la bonne cible des programmes sociaux et des aides.
Le Maroc s’est inspiré de l’expérience indienne en la matière. C’est d’ailleurs sous l’égide de la Banque mondiale qu’une délégation a visité l’Inde, en novembre dernier, pour voir concrètement comment ce système a été mis en place et généralisé à une population de 1,2 milliard de personnes en moins de sept ans.
Marie Françoise Marie-Nelly qui était du voyage explique que l’Inde, comme le Maroc, avait un programme de subvention pour le gaz butane dont tout le monde profitait. En mettant en place le système du registre national et du registre social, "les économies faites sur le gaz butane ont permis de financer le programme".
Comment cela s’est-il fait? "Ils ont déterminé un seuil de revenu (1.000 roupies par mois). Toutes les familles n’atteignant pas ce revenu pourront bénéficier d’une bouteille de gaz butane par mois". Avec l’identifiant national unique tout membre de la famille peut aller chercher cette bouteille.
Pour bénéficier des aides, l’Inde s’est basée sur un système déclaratif. Ce sont les familles concernées qui déclarent qu'elles sont dans le besoin. Cela a eu un effet de dissuasion, précise la Directrice des opérations pour le Maghreb à la Banque mondiale. "Il y a élimination de toute une série de personnes qui n’iront jamais se déclarer".
Le deuxième point intéressant relevé par la directrice des opérations, c’est l’absence de différenciation dans les prix, en ce sens que tout le monde achetait la bouteille de butane au même prix. "Au départ, l’Inde a conçu ce système comme un programme social et maintenant, il est devenu un système qui gère près de 200 programmes publics", explique notre interlocutrice.
Pour le cas du Maroc, l’on comprend qu’il compte mettre en place son programme en profitant du retour d’expérience de l’Inde, dans le sens où il envisage de constituer le registre général avant de cibler sa population défavorisée. Cela permettra au Royaume de profiter de ce système pour accélérer le chantier de la digitalisation de ses services administratifs.
Pour l’heure, le Maroc a conçu son moteur d’identification. Un projet-pilote a démarré à Rabat avant de s’étendre à Casablanca.
Par ailleurs, les équipes du ministère de l’Intérieur et de la Banque mondiale travaillent sur la définition des choix technologiques à adopter. Le projet est appréhendé sur deux niveaux.
Le premier est de faire en sorte que chaque "nouveau-né aura désormais son identifiant unique". En parallèle, il y aura "un effet de rattrapage pour le reste de la population".
Une fois que le système de l’identifiant unique de la population sera opérationnel, l’étape suivante sera de définir la population cible et éligible des programmes sociaux et donc la mise en place effective du registre social. Enfin, les programmes sociaux existants (Ramed, Tayssir…) seront évalués sur la base du registre social pour voir s’ils servent la bonne cible ou pas.
Selon la Banque mondiale, "les premières évaluations montrent bien que tous les programmes ne sont pas bien ciblés et donc il y aura une forte valeur ajoutée du registre social". Donc toute la stratégie de l’aide sociale sera certainement revue.
Selon les sources officielles, le gouvernement attend que le programme du RN et RS soient opérationnels pour supprimer la subvention du gaz butane. La réflexion est très poussée dans ce sens en prenant en considération plusieurs critères, comme par exemple, prévoir deux bouteilles de gaz au lieu d’une pour les familles des régions reculées où la période d’hiver est difficile.
Mais d’une façon plus globale, le gouvernement envisagerait d’aller vers un système d’aide directe (transfert d’argent en numéraire) pour les populations cibles, car de cette façon l’administration des programmes serait plus simple.
Le 06 mars 2018
Source Web : Médias 24
Les tags en relation
Les articles en relation
COVID-19 : il faut une réponse spécifique dans les situations de fragilité et de conflit
Portrait de Kasomo Kavira, soignante dans un centre de traitement Ebola géré par UNICEF en RDC. © Banque mondiale / Vincent Tremeau Les conflits violents ...
Modèle de développement : Les 14 données économiques clés qu’il faut retenir
Dans le cadre du nouveau modèle de développement, l'objectif est de porter le nombre de sociétés cotées en Bourse de 76 actuellement à 300 en 2035. ...
Un programme d'accompagnement des entreprises touristiques pour bientôt (Fatim-Zahra Ammor)
Le monde célèbre ce 27 septembre la Journée internationale du tourisme qui plaide cette année pour la promotion des investissements verts au service d’un ...
Impôts locaux: le gouvernement abandonne les pénalités de retard
Pour tenter de recouvrer une partie des 15 milliards de créances en souffrance, le gouvernement a décidé d'abandonner les pénalités et les majorations ...
"Mutisme contrôlé", la non-stratégie com' du gouvernement (ENTRETIEN)
"Mutisme contrôlé". La communication du chef du gouvernement, Saad-Eddine El Othmani, est ainsi qualifiée par le spécialiste Marouane Harmach. Consultant en...
Ceux qui dominent (vraiment) le Maroc
Al Hoceima. Neuf mois de surplace. On a déplacé la moitié d’un gouvernement, on a enquillé les promesses, on a laissé les vieux démons sécuritaires mor...
Stress hydrique: la Banque mondiale appelle à réviser la tarification de l’eau au Maroc pour év
La Banque mondiale a alerté, dans son dernier rapport de suivi de la situation économique au Maroc, sur l’impact de la sécheresse sur l’écosystème nati...
El Othmani : La composition du gouvernement sera finalisée dans une dizaine de jours
Le Chef du gouvernement désigné, Saâd-Eddine El Othmani dément les rumeurs d'une audience royale imminente et précise que la formation du futur gouvern...
La Banque mondiale prépare l’arrêt de mort du dollar
La politique économique étrangère agressive et l’immense dette publique des États-Unis a provoqué une situation qui va au-delà des discussions sur l’a...
Gouvernement. Le retard dans le remplacement des ministres limogés suscite des interrogations
Depuis le 24 octobre, Saâdeddine Elotmani est à la recherche de 5 noms pour les proposer au cabinet royal. L’année va-t-elle être bouclée sans que les po...
Transferts MRE : Les USA et l’Arabie Saoudite détrônent l’Europe
Selon la Banque mondiale, un record de 9,3 milliards de dollars attendu en 2021 Le wali de Bank Al-Maghrib avait annoncé un «chiffre record» pour les tran...
Fini les projets de loi lancés pour la forme !
Ils devront obligatoirement être accompagnés d’études d’impact A partir de l’année prochaine, le 2 janvier 2018 précisément, les projets de loi d...