Sahara: après les déclarations de Bourita, Köhler va-t-il ramener le dossier exclusivement à l'ONU?
Horst Köhler posant aux côtés de l'"émissaire de l'UA pour le Sahara", Joachim Chissano (à l'extrême droite de la photo). L'ancien président du Mozambique voue une hostilité flagrante à l'intégrité territoriale du royaume.
Les actions déployées par Horst Köhler, depuis sa nomination en août 2016 en tant que nouvel envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara, sont en contradiction avec les «assurances» proférées par le MAECI, Nasser Bourita. Décryptage.
Les discussions bilatérales avec Horst Köhler ont été «riches» et «fructueuses», a assuré le MAECI, Nasser Bourita, à l’issue de «l’entrevue» qui a réuni autour de la même table, mardi 6 mars à Lisbonne, l’envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara, et la délégation marocaine comprenant des élus des provinces sahariennes. «Les discussions se sont déroulées dans une atmosphère de sérénité et les débats ont été riches et fructueux. Et l’atmosphère a été celle du sérieux et du respect mutuel», a encore fait valoir M. Bourita, qui a présidé la délégation marocaine à cette "entrevue" consacrée à l’évolution du dossier saharien.
Bourita a ajouté avoir énuméré les conditions du Maroc à l’envoyé spécial du SG de l’ONU… Des conditions portées par tout le peuple marocain, mais qui prennent une résonance curieuse au regard de l’optimisme de Bourita et des actions muettes de Köhler, qui apportent un démenti aux propos de notre MAECI.
Exemple: à l’issue de la réunion de Lisbonne, Bourita déclare à la presse que le «processus de négociation doit être sous l’égide exclusive des Nations unies sans aucune intervention d’aucune autre organisation régionale ou internationale». Or, Horst Köhler a multiplié les rencontres avec des dirigeants et des responsables qui interviennent hors du périmètre des Nations unies. Il n’est qu’à rappeler les rencontres que Köhler a tenues depuis janvier 2018, à Bruxelles (siège de l’Union européenne), ou encore à Addis-Abeba (siège de l’Union africaine), pour se rendre compte que son action s’inscrit à contre-courant de la position prônée par le Maroc.
A ce sujet, il a rencontré la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, le 9 janvier à Bruxelles.
Est-il encore besoin de rappeler que Köhler a reçu, mercredi 10 janvier, à Bruxelles!, le commissaire algérien de la Commission Paix et sécurité, organe exécutif de l’UA? Il va de soi que le déplacement-surprise du «diplomate» Chergui à Bruxelles, servait l’agenda d’Alger, qui a anticipé le ballet africain entamé par Köhler le 12 janvier au siège de l’UA, à Addis-Abeba, avec le président en exercice de l’UA, Paul Kagame, pour tenter d’influencer son action. Une autre rencontre a réuni, le même 12 janvier, à Addis-Abeba, Horst Köhler, et le Tchadien Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA.
Et cerise sur le gâteau: Horst Köhler a accepté de siéger, dans le jury 2017 de la Fondation Mo Brahim, aux côtés de «l’émissaire de l’UA pour le Sahara occidental», l’ancien président du Mozambique Joachim Chissano, dont l’hostilité envers le Royaume, particulièrement sur le registre de son intégrité territoriale, n’est plus à démontrer. Ce qui va à l’encontre de l’exigence même de neutralité qu’un émissaire de l’ONU doit naturellement faire sienne, conformément à l’article 100 de la Charte des Nations unies. Köhler n’a ressenti aucun embarras à s’afficher avec cet ennemi juré du Maroc, lors de la cérémonie de remise du prix Mo Brahim qui s’est déroulée le 14 février 2018!
Les déclarations somme toute «rassurantes» de Bourita signifieraient-elles que les exigences marocaines sont prises en considération par le nouvel émissaire de l’ONU pour le Sahara dont la tendance africaniste était un secret de polichinelle du temps même où il était président de l’Allemagne fédérale (de 2004 à 2010)? La réponse, hélas, est claire à l’épreuve des faits.
Dans les proportions des contacts entrepris par Köhler dès l'avènement de 2018, il apparaît à l’évidence que sa démarche pose problème. Seulement voilà, ce n’est pas de cet œil (inquiet) que semble le voir le MAECI, Nasser Bourita. A méditer un tant soit peu sur les déclarations de ce dernier, des questions se posent légitimement: Nasser Bourita ne serait-il pas trop optimiste? Est-il réellement conscient du danger que porte la démarche problématique du nouvel envoyé personnel du SG de l’ONU?
Autant de questions qui s’imposent à la veille du rapport de briefing que Horst Köhler se prépare à exposer dans la deuxième moitié de ce mois de mars au Conseil de sécurité. Pas besoin d’être devin pour lire entre les lignes de ce rapport en préparation, d’autant que son contenu sera établi à la base des conclusions des rencontres que l’émissaire onusien a jusqu’ici eues notamment avec des dirigeants de l’UA, pour ne pas parler de l’Union européenne, dont les rapports avec le Maroc connaissent des crispations en raison du dernier verdict négatif de la Cour de justice de l’UE (CJUE) sur l’accord de pêche.
Le 09 mars 2018
Source Web : Le 360
Les tags en relation
Les articles en relation
Le Maroc, une puissance maritime en devenir
UNE POSITION GÉOGRAPHIQUE PRIVILÉGIÉE, DE GRANDES RICHESSES HALIEUTIQUES ET ÉNERGÉTIQUES, UNE INFRASTRUCTURE PORTUAIRE EN PLEIN DÉVELOPPEMENT, AVEC DES PO...
Libye : retour en force du Maroc
Le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger a annoncé mardi la réouverture de ses consul...
Diplomatie Maroc-UE : vers le renforcement du partenariat
La présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, a reçu, à Bruxelles, Aziz Akhannouch, Chef du gouvernement, accompagné de Nasser Bourita, ...
Le Maroc signe un partenariat vert historique avec l’Union européenne
Le Maroc est devenu mardi le premier pays au monde à signer un partenariat environnemental avec l’Union européenne. Un partenariat dit « vert » qui a pour...
Jeddah : intenses entretiens de Nasser Bourita en marge de la réunion des ministres arabes des Affa
Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, a eu hier mercredi 17 mai une sér...
Sahara marocain : « L’indépendance n’est pas une option pour les États-Unis », selon le Wall
Le dossier du Sahara marocain est d’actualité aux États-Unis. Le site australien « Vibe Media » est revenu sur un long article du « Wall Street Journal«...
Sahara, Israël, Russie-Ukraine... Ce qu'il faut retenir du point de presse de Blinken et Bourita à
Lors du deuxième jour de sa visite au royaume, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken s'est réuni avec son homologue marocain Nasser Bourita....
#MAROC_Le_roi_Mohammed_VI reçoit le chef de la diplomatie des Emirats
Le roi Mohammed VI a reçu, mercredi au Palais Royal de Fès, le ministre émirati des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, cheikh Abdall...
#MAROC_affaire_d_espionnage_coeur_d_une_crise: Une affaire d’espionnage au coeur d’une crise dip
Sur un ton grave, le ministère des Affaires étrangères marocain vient de couper toute communication entre le gouvernement du Maroc et l'Allemagne. Le Sah...
Exclusif. Bourita réunit les ambassadeurs du Maroc en Afrique et auprès des pays membres du Consei
Le ministre des Affaires étrangères, Nacer Bourita, a tenu, samedi 25 août à Rabat, deux réunions avec des ambassadeurs du Maroc accrédités auprès de pa...
Sahara: La résolution 2440 “consacre, pour la première fois, l’Algérie comme partie principal
SAHARA - Initialement prévue lundi 29 octobre, l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une nouvelle résolution sur le Sahara a finalement ét...
La France et le Maroc renforcent leur partenariat avec une feuille de route ambitieuse
La France et le Maroc continuent à progresser dans la mise en œuvre de leur feuille de route commune, a indiqué, jeudi, le porte-parole adjoint du ministère...