La croissance devrait ressortir à 3,3% en 2018 Bank Al-Maghrib maintient inchangé son taux directeur à 2,25%
Le Conseil de Bank Al-Maghrib a décidé de ne pas toucher à son taux directeur.
La décision de maintenir le taux s’explique par l’évolution récente de la conjoncture économique et les projections macroéconomiques de la Banque pour les huit prochains trimestres.
En effet, suite aux évaluations concernant notamment les trajectoires de l’inflation et de la croissance à moyen terme, la Banque centrale a estimé que le niveau actuel du taux directeur reste approprié et a ainsi décidé de le maintenir inchangé à 2,25%.
A l’issue de sa première réunion trimestrielle au titre de l’année 2018 tenue récemment à Rabat, le Conseil a noté que l’inflation a connu, comme prévu dans le rapport sur la politique monétaire de décembre dernier, une décélération en 2017 à 0,7%, résultat d’un recul des prix des produits alimentaires à prix volatils, a souligné le wali de la Banque centrale, Abdellatif Jouahri.
En revanche, l’Institut d’émission a relevé que sa composante sous-jacente s’est accélérée à 1,3% après une sensible baisse temporaire en 2016 à 0,8%, estimant qu’à moyen terme, l’inflation augmenterait tout en restant à des niveaux modérés et devrait atteindre 1,8% en 2018, grâce notamment au relèvement des tarifs réglementés, avant de revenir à 1,5% en 2019.
Sous l’effet de la consolidation de la demande intérieure et de la hausse de l’inflation importée, Abdellatif Jouahri a indiqué que l’inflation sous-jacente devrait se situer à 1,4% en 2018 puis à 1,9% en 2019.
Le wali de la Banque centrale, qui s’exprimait au cours d’une rencontre tenue à l’issue de la réunion du Conseil, a aussi indiqué que la croissance se serait accélérée à 4% en 2017.
Selon lui, elle a été portée par un rebond de 14,8% de la valeur ajoutée agricole, alors que la progression de celle des activités non agricoles se serait limitée à 2,7%.
En ce qui concerne les prévisions de Bank Al-Maghrib pour l’année 2018, Abdellatif Jouahri a fait savoir qu’elles sont établies sur la base des données pluviométriques et de la situation du couvert végétal arrêtées au 10 mars.
Il ressort ainsi des données analysées une estimation de la production céréalière autour de 80 millions de quintaux et une hausse de la valeur ajoutée agricole de 2,3%.
Selon lui, les activités non agricoles poursuivraient en parallèle leur reprise avec un taux de 3,2%, ce qui amènerait la croissance globale à 3,3%, soulignant que cette dernière s’accélèrerait à 3,5% en 2019.
Ainsi, la valeur ajoutée devrait connaître une amélioration de 1,8% sous l’hypothèse d’une production céréalière de 70 millions de quintaux, et une augmentation de celle des activités non agricoles de 3,6%.
Le wali a poursuivi en soulignant que, du côté de la demande, « ces évolutions reflètent principalement une légère accélération de l’investissement et une poursuite de la dynamique de la consommation des ménages, alors que les exportations nettes devraient afficher une contribution négative en 2018 et quasi-nulle en 2019 ».
A propos du marché du travail, Abdellatif Jouahri a noté que la situation a connu une relative amélioration en 2017 grâce aux activités agricoles, après une perte nette de 37 mille postes en 2016.
Ainsi, il a indiqué que « l’économie nationale a créé 86 mille emplois dont 42 mille dans le secteur primaire, 26 mille dans les services, 11 mille dans le BTP et 7 mille dans l’industrie y compris l’artisanat ».
En parallèle, le wali a noté que l’année a enregistré une entrée nette de 135 mille demandeurs d’emplois, avec toutefois une légère baisse du taux d’activité de 0,3 point de pourcentage à 46,7%. Dans ces conditions, a-t-il précisé, le taux de chômage est passé de 9,9% à 10,2%.
A noter que lors de cette rencontre, Abdellatif Jouahri s’est aussi exprimé sur les comptes extérieurs, indiquant que l’année l’écoulée a connu une performance notable des exportations de biens avec une progression de 9,4%, un net rebond des recettes voyages de 8,5% à 69,7 milliards de dirhams et une amélioration des transferts des MRE de 4,5% à 65,4 milliards.
Il a, en parallèle, relevé que « les importations de biens se sont accrues de 6,4%, tirées par une augmentation sensible de la facture énergétique de 27,4% à 69,7 milliards de dirhams, la première depuis 2012 ».
En tenant compte d’une entrée des dons du CCG de 9,5 milliards dirhams, le wali a fait savoir que le déficit du compte courant se serait allégé de 4,4 à 3,8% du PIB.
Il a toutefois assuré qu’«à moyen terme, la dynamique des exportations se poursuivrait, avec en particulier une hausse importante annoncée des ventes de l’industrie automobile en 2019 ». Et d’ajouter qu’il en sera de même pour les recettes voyages qui maintiendraient un rythme soutenu de 5,7% en 2018 et de 5,2% en 2019, alors que les transferts des MRE progresseraient de 5% et 4,1% respectivement.
S’agissant des importations, il a assuré que leur rythme s’accélérerait à 7,1% en 2018, suite à l’accroissement prévu de la facture énergétique et des acquisitions de biens d’équipement, avant de ralentir à 4,2% en 2019.
« En tablant sur l’entrée du reliquat de 7 milliards des dons du CCG en 2018, le déficit du compte courant s’établirait autour de 4% du PIB en 2018 et en 2019 », a-t-il expliqué.
Ainsi, et sous l’hypothèse d’afflux d’IDE équivalents à 4,4% du PIB en 2018 et à 3,5% du PIB en 2019, le wali a soutenu que les réserves de change avoisineraient 257,3 milliards de dirhams en 2018 et 244,4 milliards en 2019, assurant ainsi la couverture de 5 mois et 26 jours et 5 mois et 17 jours respectivement d’importations de biens et services.
Commentant l’évolution des conditions monétaires, Abdellatif Jouahri a noté qu’elles sont restées accommodantes en 2017, avec une dépréciation du taux de change effectif réel, soulignant qu’après une baisse de 46 points de base en 2016, les taux débiteurs se sont accrus en termes nominaux de 27 points. Ce qui, à l’entendre, reflète essentiellement une hausse des taux assortissant les prêts aux entreprises, notamment les facilités de trésorerie.
Il a cependant assuré que les conditions monétaires s’assoupliraient davantage à moyen terme, en relation avec une accentuation de la dépréciation du taux de change effectif réel en 2018.
Dans ce contexte, a expliqué Abdellatif Jouahri, « le crédit au secteur non financier a terminé l’année 2017 sur une progression de 3,7% après 3,9%, recouvrant une décélération des prêts aux entreprises publiques et une accélération de ceux destinés aux entreprises privées et aux ménages ».
Enfin, le wali de la Banque centrale a indiqué au sujet des finances publiques que l’exécution budgétaire au titre de 2017 s’est soldée par un déficit de 3,6% du PIB.
« Les recettes ont augmenté de 5,7%, avec une amélioration des rentrées fiscales et des dons du CCG. En parallèle, les dépenses globales se sont alourdies de 2,7%, avec en particulier des hausses de 8,7% de la charge de compensation à 15,3 milliards de dirhams et de 5,1% de l’investissement », a-t-il souligné.
Selon les prévisions de BAM, l’ajustement budgétaire devrait se poursuivre à moyen terme et le déficit s’établirait en moyenne à 3,2% du PIB en 2018 et en 2019.
Le 23 mars 2018
Source Web : Libération
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