Trump arrête de financer l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens
Donald Trump soumet les Palestiniens à une forte pression pour les pousser à renoncer davantage à leurs droits: après avoir annulé les 200 millions de dollars d'aide bilatérale, il supprime la contribution américaine à l'UNRWA, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés américains.
L'autorité palestinienne a "rejeté" et "condamné" la décision des Etats-Unis vendredi de ne plus financer l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), sur fond de crise de plus en plus profonde avec Washington.
Après avoir "attentivement examiné la question", l'administration de Donald Trump "a décidé que les Etats-Unis ne feraient pas de contribution supplémentaire à l'UNRWA", une "opération irrémédiablement biaisée", a indiqué la porte-parole du département d'Etat Heather Nauert dans un communiqué.
"Nous rejetons et condamnons cette décision américaine dans son intégralité", a réagi, dans un communiqué, le négociateur en chef palestinien et secrétaire général de l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) Saëb Erakat.
Et M. Erakat d'appeler les pays du monde "à rejeter cette décision et à fournir tout l’appui possible" à l’UNRWA.
Dans un communiqué, le porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Stéphane Dujarric, a indiqué "regretter" la nouvelle décision américaine concernant l'UNRWA qui "fournit des services essentiels aux réfugiés palestiniens et contribue à la stabilité de la région".
"L'UNRWA bénéficie de la pleine confiance du secrétaire général", a-t-il ajouté, en saluant les efforts d'adaptation de l'organisation après la réduction au début de l'année des financements américains. Antonio Guterres "appelle les autres pays à aider à combler le déficit financier" de l'UNRWA afin qu'elle "puisse continuer à fournir son assistance vitale" aux Palestiniens, a précisé Stéphane Dujarric.
"Profonds regrets"
L'UNRWA, via son porte-parole, Chris Gunness, a également fait part de "profonds regrets" et de "déception". "Nous rejetons dans les termes les plus forts possibles la critique (estimant) que les écoles de l'UNRWA, les centres de santé et les programmes d'assistance d'urgence sont +irrémédiablement imparfaits+", a-t-il tweeté.
La décision de Donald Trump de reconnaître unilatéralement Jérusalem comme capitale d'Israël, fin 2017, a marqué une rupture dans les relations avec les Palestiniens. Ses dirigeants ont immédiatement coupé tout contact avec Washington, lui déniant désormais tout rôle de médiateur dans le processus de paix avec Israël, malgré les ambitions affichées par le président des Etats-Unis.
En réponse, ce dernier avait annoncé fin janvier qu'il allait conditionner le versement de l'aide aux Palestiniens à leur retour à la table des négociations. Et son administration est progressivement passée à l'acte.
D'abord en ne versant, début 2018, que 60 millions de dollars à l'UNRWA, contre 350 millions l'année précédente. Cette décision, assortie d'un "examen" de toute éventuelle contribution supplémentaire, avait déjà plongé dans la crise cette agence de l'ONU, qui assiste plus de trois millions de Palestiniens sur les cinq millions enregistrés comme réfugiés, mais est accusée de "biais anti-Israéliens" par le gouvernement américain.
Ensuite, en annonçant il y a une semaine l'annulation de plus de 200 millions de dollars d'aide bilatérale aux Palestiniens -- soit la quasi-totalité de l'assistance américaine hors coopération en matière de sécurité.
Avant l'annonce de vendredi, les responsables palestiniens avaient accusé les Etats-Unis de "renier leurs engagements internationaux et leur responsabilité".
"En faisant siennes les positions israéliennes les plus extrêmes sur tous les sujets, y compris sur les droits de plus de cinq millions de réfugiés palestiniens, l'administration américaine a perdu son statut de médiateur et nuit non seulement à une situation déjà instable, mais aussi aux chances d'une paix future au Moyen-Orient", a dénoncé l'émissaire palestinien à Washington Hossam Zomlot.
"Attaque politique"
"Lorsque nous avons fait une contribution américaine de 60 millions de dollars en janvier, nous avions dit clairement que les Etats-Unis n'avaient pas l'intention de supporter la part très disproportionnée du fardeau des coûts de l'UNRWA, que nous avions pris en charge pendant de nombreuses années", a rappelé Heather Nauert.
Quelques initiatives ont émergé pour tenter de pallier le retrait américain. Berlin a annoncé vendredi une hausse "substantielle" de la contribution allemande à l'agence de l'ONU et a appelé ses partenaires européens à en faire autant. La Jordanie a de son côté annoncé l'organisation d'une conférence le 27 septembre à New York afin de la soutenir.
D'ici fin septembre, "l'UNRWA n'aura plus un sou", avait averti mercredi son porte-parole, Chris Gunness. L'agence a besoin de 200 millions de dollars d'ici la fin de l'année pour remplir sa mission et financer ses écoles et centres de santé.
Heather Nauert a assuré que les autorités américaines étaient "conscientes et profondément préoccupées par l'impact" de cette situation "sur les Palestiniens innocents, notamment les élèves", alors que les conditions de vie dans la bande de Gaza, contrôlée par le mouvement islamiste Hamas et soumise à un strict blocus israélien, se détériorent rapidement.
La porte-parole de la diplomatie américaine a par ailleurs mis en cause le "modèle" même de l'UNRWA, promettant d'"intensifier le dialogue avec les Nations unies" pour trouver "de nouvelles approches". Surtout, elle a accusé l'agence d'augmenter "sans fin et de manière exponentielle" le nombre de Palestiniens éligibles au statut de réfugié: "Ce n'est simplement pas viable".
Le 01/09/2018
Source web par : medias24
Les tags en relation
Les articles en relation
Coup de froid entre les États-Unis et l’Arabie saoudite
Alors que le président américain Joe Biden annonçait sa volonté de revoir à la baisse les relations avec l’Arabie saoudite et de ne pas rencontrer le pri...
La remontée inattendue de l'euro, un risque pour la croissance?
Dopé par les doutes croissants sur la politique économique de Donald Trump, l'euro a effectué ces derniers mois une vigoureuse remontée face au dollar q...
Le premier “vol commercial” Israël/Emirats en route pour Abou Dhabi
Une délégation israélo-américaine emmenée par le gendre de Donald Trump, Jared Kushner, s’est envolée lundi de Tel-Aviv en direction d’Abou Dhabi sur ...
Barack Obama, une fin de présidence au goût amer
Même s'il peut s'enorgueillir d'une cote de popularité flatteuse, qui le place dans la même ligue que Ronald Reagan et Bill Clinton à l'heur...
Au sommet de l’OTAN, le réquisitoire déplacé, brutal et maladroit de Donald Trump
A Bruxelles, devant 27 dirigeants de pays membres de l’Alliance atlantique, le président américain a choisi de mettre l’accent sur ce qui divise plutôt q...
Maroc-MCC : Accord de coopération pour la mise en œuvre du projet de gouvernance du foncier
Le chef du gouvernement, Saad Dine El Otmani, et Mme Ivanka Trump, conseillère du président américain Donald Trump, ont présidé jeudi à Rabat la cérémon...
Envoyé personnel du président Donald Trump pour les relations internationales: "Merci, Majesté"
L'Envoyé personnel de M. Trump pour les relations internationales, Jason Greenblatt, qui accompagne le Conseiller principal du président américain, Jared...
52e conférence des ministres des Finances africains: Le continent est très loin des ODD
Le Maroc préside la Commission économique d’Afrique de l’ONU Une politique fiscale appropriée, commerce intra régional et une stratégie numérique p...
Le 1er sommet Poutine/Trump à Helsinki le 16 juillet
Vladimir Poutine et Donald Trump se rencontreront le 16 juillet à Helsinki pour leur premier sommet bilatéral, visant à améliorer des relations très dégra...
Le Maroc, une puissance maritime en devenir
UNE POSITION GÉOGRAPHIQUE PRIVILÉGIÉE, DE GRANDES RICHESSES HALIEUTIQUES ET ÉNERGÉTIQUES, UNE INFRASTRUCTURE PORTUAIRE EN PLEIN DÉVELOPPEMENT, AVEC DES PO...
Éclairage – Des experts américains appellent Donald Trump à renforcer la coopération avec le M
Robert Satloff et Sarah Feuer, deux experts américains du think-tank « The Washington Institute » ont appelé le président Donald Trump à renforcer la coop...
On a fini par s’y habituer, mais la menace terroriste, bien là, se perfectionne (Par Naïm Kamal)
Abdelhak El Khayam, fait dans l’humour. La cellule terroriste que son Bureau vient de mettre hors d’état de nuire aura été la dernière à faire allégea...