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Hausse du taux de commission des chèques-vacances : un nouvel impôt déguisé ? Hausse de 150% à partir du 1er janvier 2019

Hausse du taux de commission des chèques-vacances : un nouvel impôt déguisé ? Hausse de 150% à partir du 1er janvier 2019

Le taux de commission appliqué au remboursement des Chèques-Vacances va passer de 1% à 2,5% à partir du 1er janvier 2019. Cette mesure prise sans concertation est un coup dur pour les professionnels du tourisme. Ces derniers sont en train de mettre en place des solutions pour absorber les coûts.

L'information vous a peut-être échappé.

L’Agence Nationale pour les Chèques-Vacances (ANCV) relèvera le taux de commission appliqué au remboursement des Chèques-Vacances au 1er janvier 2019. Il passera de 1% à 2,5% conformément à l’arrêté du Ministre de l’Economie et des Finances publié le 1er août 2018, soit une hausse de 150%.

Dans un communiqué de presse publié le 3 août dernier, la Confédération des Acteurs du Tourisme (CAT) avait dénoncé cette augmentation, prise "sans concertation". Elle est aujourd'hui irréversible.

"Sans apporter aucun apport additionnel de clientèle, cette décision risque de réduire très fortement le nombre de prestataires acceptant le chèque-vacances, de rendre plus difficile son acceptation par les entreprises et de pénaliser in fine les bénéficiaires des chèques-vacances" précise la CAT.

Les Entreprises du Voyage (EDV) ont même envisagé de boycotter ce moyen de paiement, mais le conseil d'administration a jugé que ce n'était pas une bonne solution. "Une nouvelle fois, on va priver de l'accès aux vacances les moins aisés, alors même que l'ANCV dégage des résultats positifs", explique Jean-Pierre Mas, président des EDV.

Des professionnels du tourisme en colère

Contacté par nos soins, un spécialiste de location de vacances s'inquiète ainsi des répercussions.

Pour cet acteur, 25% de sa clientèle utilisent les chèques-vacances comme moyen de paiement. "Ce qui me désole, c'est que l'on est mis devant le fait accompli. Nos marges sont faibles et quand on vous prend 2,5%, on vous prend toute la marge."

Pour faire face à cette hausse, l'opérateur n'a d'autre choix que d'augmenter ses tarifs.

Chez Siblu, spécialiste de l'hôtellerie de plein air, on réfléchit aussi à la manière dont le surcoût devra être absorbé.

Mikael Quilfen, directeur marketing, va ouvrir ce chantier : "Nous ne souhaitons pas pénaliser nos clients, mais nous allons d'une manière ou d'une autre amortir le surcoût", explique t-il.

Sur 20 M€ de chiffre d'affaires, les chèques-vacances représentent pour Siblu un volume 850 000 € depuis le début de l'année.

"Impossible de prendre des frais de gestion, c'est interdit", ajoute scandalisé Jean Dionnet, P-DG du réseau d'agences Univairmer. "C'est compliqué à gérer, nous allons limiter le montant payé par chèque-vacances à 25% du montant total du dossier. Beaucoup de commerces vont les refuser ou les limiter et à l'arrivée cela va pénaliser les porteurs des chèques-vacances".

"Les groupistes, les agences de voyages mais aussi le secteur des colonies de vacances et des séjours linguistiques vont être pénalisés", prédit Jean-Pierre Mas.

Remboursement de 5 jours ouvrés au lieu de 21 jours

Représentant 1,63 milliard de volume d’émission en 2017, les Chèques-Vacances servent à régler des prestations de transport, d’hébergement, de restauration et de loisirs à plus de 200 000 prestataires nationaux conventionnés.

Parallèlement à la hausse de la commission, le délai de remboursement des Chèques-Vacances pour les professionnels du tourisme sera réduit à 5 jours ouvrés au lieu de 21 jours actuellement.

Pour justifier cette augmentation, l'ANCV met en avant sa démarche de modernisation, avec comme objectif de proposer à l’horizon 2020 un titre totalement dématérialisé pour les paiements à distance et en face à face. L'agence annonce investir 16 M€ pour développer toute la technologie.

Christophe Boniface, directeur commercial, précise : "l'ANCV n'a pas augmenté ses tarifs en 36 ans d’existence. L'agence doit accompagner toute la profession dans l'évolution des modes de consommation.

Nous devons aussi aller chercher davantage de bénéficiaires, notamment les plus jeunes. Un nouveau site Internet pour les professionnels du tourisme va voir le jour, qui leur donnera une visibilité accrue." Enfin, dernier argument avancé : "dans le cadre de notre mission sociale, nous injectons l'intégralité des excédents dans des programmes d'actions sociales".

Ce à quoi Jean-Pierre Mas répond : "cela devient un impôt déguisé ! L'objectif premier des chèques-vacances est de favoriser le départ des porteurs !"

Le 30/10/2018

Source web par: tourmag

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