Energies: Ce que peut apporter le Maroc au continent
Contribuer à la création d’un marché africain et à son intégration à l’Europe
RH et transfert du savoir-faire, décisifs pour la coopération régionale
L’adhésion à la Cedeao favoriserait la mise en place d’une politique commune
Face aux reconfigurations du marché international des énergies, le Maroc est appelé à être en phase avec les mutations en cours, afin de réussir le pari fait sur ce secteur. C’est dans ce cadre que s’inscrit la 14e Conférence de l’énergie, tenue lundi dernier à Skhirat.
L’objectif, selon Rachid Idrissi Kaitouni, président de la Fédération d’énergie, est de faire le point sur les évolutions que connaît le secteur au niveau national, régional et international. Cela passe notamment par «le partage des recommandations de l’Ires, des perspectives à long terme».
L’idée est aussi de faire le bilan de la mise en œuvre du plan de développement du secteur. Sur ce point, le président de la Fédération a souligné que «ce plan se déroule conformément à l’agenda fixé». Aujourd’hui, l’un des principaux enjeux est de déterminer comment sécuriser le marché national et protéger les citoyens, afin d’éviter des turbulences, comme cela se produit actuellement en France.
Aziz Rebbah, ministre de l’Energie et des Mines, a insisté sur l’importance de l’implication de la CGEM et de la Fédération représentant les professionnels du secteur, pour résoudre cette équation. Pour lui, il est également important de prendre en compte les dimensions géopolitiques et géostratégiques, décisives dans le domaine des énergies. Il a pointé l’instabilité des politiques publiques dans certains pays influents, comme aux Etats-Unis depuis l’arrivée de Donald Trump. S’y ajoute «l’insécurité dans plusieurs pays producteurs, notamment au Moyen- Orient», a-t-il dit.
L’instabilité politique et les risques de conflits armés constituent des défis à la mise en place d’un marché énergétique régional en Afrique. C’est ce qui ressort d’une étude réalisée par l’Institut royal des études stratégiques (Ires), présentée par son directeur général, Mohamed Tawfiq Mouline. De son côté, Salaheddine Mezouar, président de la CGEM, a mis l’accent sur le volontarisme africain en matière de développement du secteur des énergies.
«Sur les 28 milliards de dollars de deals contractés lors du dernier Sommet de Johannesburg, 10 portaient sur les domaines énergétiques», a-t-il dit. Plusieurs grands projets sont prévus sur le continent, a fait savoir le patron des patrons. Sauf que les ambitions ne sont pas toutes concrétisées sur le terrain, a-t-il ajouté.
Parmi les prérequis incontournables, selon lui, «il faut régler le problème des compétences et du transfert du savoir-faire». S’y ajoute «la nécessité de textes réglementaires et législatifs bien préparés pour donner confiance aux investisseurs».
Aujourd’hui, tout reste à faire dans le domaine des énergies en Afrique. La consommation annuelle du continent représente à peine 4% de la consommation mondiale. Le mix énergétique reste peu diversifié et encore dominé par la biomasse traditionnelle, avec 48%, selon l’étude menée par l’Ires. D’où l’importance du rôle du Maroc dans le cadre de la coopération régionale. Une orientation qui sera favorisée par la future adhésion à la CEDEAO.
«Après avoir généralisé l’accès à l’électricité dans le rural, et développé l’interconnexion avec l’Algérie et l’Espagne, le Maroc est capable de contribuer à la création d’un marché africain et à son intégration au marché européen», a estimé Tawfik Mouline.
Pour lui, la future adhésion à la CEDEAO «permettrait de promouvoir une politique commune énergétique à l’Afrique de l’Ouest, et de créer les conditions favorables pour accélérer l’édification d’un marché régional d’électricité». Lui aussi a insisté sur le rôle décisif des ressources humaines. «La mise en œuvre de cette politique commune devrait s’accompagner d’une action de formation d’envergure, et d’une coopération entre les opérateurs dans les différents domaines liés à l’énergie», a-t-il expliqué.
Cette orientation aura également un impact sur la stratégie du Maroc dans ce secteur. «Le mix énergétique, à moyen terme, devrait être adapté pour tenir compte des richesses énergétiques de l’Afrique de l’Ouest et des projets de production et de transport à caractère régional».
Quel impact sur la stratégie énergétique?
La mise en place d’une coopération régionale en matière d’énergie offre une série d’avantages, selon le directeur de l’Ires. En mutualisant les efforts et les moyens, cela permettra de «créer des économies d’échelle, en plus de réduire le coût moyen de production». C’est dans ce sens que «l’adhésion du Maroc à la Cedeao lui permettrait, notamment, d’intégrer le rythme d’échange d’énergie électrique ouest-africain. Ce qui aurait certainement des impacts en matière de régulation et d’infrastructures d’échange et de transit», selon l’étude de l’Ires.
La stratégie de développement gazier devrait également être réexaminée, en prenant en compte la récente découverte d’un champ important qui s’étale sur la frontière maritime entre le Sénégal et la Mauritanie, est-il noté. Sur le plan réglementaire, «le Maroc devrait respecter les règles imposées par l’autorité de régulation du secteur de l’électricité de la Cedeao en matière de gestion des interconnexions, et adhérer aux dispositions du protocole sur l’énergie, adopté par les Etats membres».
L’énergie africaine en chiffres
4% c’est la part de l’Afrique de la consommation énergétique mondiale
80% de la consommation énergétique du continent concentrée en Afrique du Nord et australe
48% c’est la part de la biomasse traditionnelle dans le mix énergétique du continent
591 millions de personnes n’avaient pas accès à l’électricité en Afrique en 2016
42% c’est le taux moyen d’électrification en Afrique
92% du potentiel hydroélectrique du continent inexploité.
Le 22 novembre 2018
Source web Par L’économiste
Les tags en relation
Les articles en relation
Énergie : La production de l’électricité en hausse de 27,4 %
La production nationale de l’énergie électrique continue sur son élan à fin mai 2019, affichant une hausse de 27,4%, après avoir progressé de 5,8% il y ...
#AGADIR_ZONE_FRANCHE_LOTS_INDUSTRIELS: Spécial Agadir. Zone franche, 80 lots industriels à commerc
La Zone d’accélération industrielle de la Région Souss-Massa en avril 2020, la phase de pré-commercialisation a été lancée par MEDZ. Après la liv...
CEDEAO: après le Maroc, la Tunisie veut aussi devenir membre à part entière
Le Maroc ne sera peut-être pas le seul pays du Maghreb à intégrer pleinement la CEDEAO. La Tunisie qui bénéficie déjà du statut d’observateur demande �...
Assises du commerce: 80 recommandations émises par les professionnels
Les assises du commerce plancheront sur les 80 recommandations des acteurs de ce secteur pour formuler à leur tour une série de propositions qui seront soumis...
L'armée ukrainienne a été vaincue, il ne reste plus que le nettoyage !
Excellente interview de Larry C Johnson, vétéran de la CIA publiée le 24 mars 2022 par Jean-Michel Nicolas sur le site entre deux guerres Larry C Johnson ...
Désintox. Non, la Mauritanie n’a pas suspendu l’application des nouveaux droits de douane sur l
Certains médias ont fait état de la suspension de la hausse des taxes douanières décidée par les autorités mauritaniennes à l’entrée de certains légu...
CNT/Collectif des 5/CGEM : Mezouar aura-t-il besoin du VAR ?
Le Président de la CGEM Salaheddine Mezouar, arbitre du dialogue CNT/Collectif des 5 fédérations du tourisme. Son acte témoigne d’une volonté réelle de ...
Anticipations de la BAD pour la Croissance au Maroc en 2024-2025
La Banque africaine de développement (BAD) prévoit une amélioration modérée du produit intérieur brut (PIB) réel du Maroc au cours des prochaines années...
#Maroc_Énergies_Renouvelables : Le Maroc veut fournir l’Europe d’ici 2030
Le Maroc ambitionne d’atteindre l’autonomie énergétique avec la production des énergies renouvelables d’ici 2030 et de vendre l’énergie surproduite ...
#Maroc_Noor_Midelt_hydrogène_vert : Les directives du #roi_Mohammed_VI
Le Roi Mohammed VI a présidé mardi au Cabinet Royal de Rabat une séance de travail sur l’état d’avancement du programme de développement des énergies ...
Israël rejoint l’Union africaine en tant qu’observateur
Jérusalem fait un grand pas en avant dans ses relations florissantes avec le continent. Pour le ministre israélien des affaires étrangères il s’agit d’u...