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Essaouira : La réhabilitation de la Médina, un chantier d’envergure au service d’un patrimoine universel singulier

Essaouira : La réhabilitation de la Médina, un chantier d’envergure au service d’un patrimoine universel singulier

Essaouira, 15/12/2018 (MAP)- Cité au passé prospère et véritable centre et pôle d’ouverture du Maroc sur l’Afrique, l’Europe et l’Amérique depuis des siècles, la Médina à Essaouira, qui illustre l’addition harmonieuse de plusieurs civilisations, bénéficie depuis des années d’un grand projet de réhabilitation. Un chantier amplement mérité pour la valorisation d’un patrimoine qui se veut, sans conteste, universel et singulier de tout le Maroc.

Cet engagement multipartite pour préserver, mais aussi valoriser un patrimoine architectural, culturel et cultuel rarissime, trouve sa justification dans le fait que cette cité paisible a toujours offert, en terre d’islam, un véritable espace d’ouverture, du vivre-ensemble, et d’acceptation de la différence dans le respect le plus absolu des singularités et des sensibilités de tout un chacun.

Cette particularité qui continue de former l’ADN de cette cité a été consolidée davantage avec l’inscription d’Essaouira sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO en décembre 2001. Une telle reconnaissance, si elle constitue un motif de fierté, elle est aussi un gage de responsabilité morale car, il s’agit de sauvegarder, et de faire revivre un espace qui, au fil des siècles, a toujours été celui d’une convivialité inouïe.

Partant de toutes ces considérations, la réhabilitation de la médina à Essaouira se veut donc un projet judicieux et pertinent, car Essaouira/Mogador incarne en elle-même cette identité nationale, celle d’un Maroc pluriel et séculaire, qui croit en la diversité tout en restant uni. Et pour preuve, cette cité emblématique était peuplée par une population cosmopolite (juive, musulmane et chrétienne) aux savoirs-faire artisanaux et artistiques riches et diversifiés.

Un projet, certes, intégré, ambitieux, cohérent et complet car, intégrant à la fois les aspects urbanistique, socio-économique, culturel, civilisationnel et environnemental, avec comme ambition à terme, de préserver ce cachet historique et civilisationnel qui fait la singularité de cette cité.

Dans le cadre de ce projet de réhabilitation de la Médina, un intérêt particulier a été accordé à la réhabilitation et à l’embellissement de lieux historiques de cultes, notamment l’ouverture de la Synagogue « Slat Al Kahal » et l’ouverture prochaine d’un Complexe, unique du genre dans le monde associant le cultuel avec la Synagogue « Simon Attias », la mémoire avec « Bayt Dakira » et la science et la recherche avec le Centre Haïm Zefrani sur les relations entre Judaïsme et Islam.

Engageant plusieurs acteurs et départements de tutelle (ministères de l’Intérieur, de la Culture, des Habous et des Affaires islamiques, de l’Habitat et de la politique de la ville, la municipalité, le conseil de la région Marrakech-Safi), ce programme de mise à niveau de la ville s’étendait, dans un premier temps, sur deux périodes (2010-2014) et (2015-2018), avant qu’on assiste le 22 octobre dernier à la signature devant Sa Majesté le Roi Mohammed VI, de la Convention- cadre relative au programme complémentaire de réhabilitation et de mise en valeur de la Médina d’Essaouira, avec pour objectif d’améliorer et de renforcer davantage l’attractivité de cette cité.

Cette convention-cadre, dotée d’une enveloppe de 300 millions de DH, a pour objectif ambitieux la revalorisation de la médina d’Essaouira et la mise à niveau urbaine de la ville en vue de renforcer son attractivité sur les plans culturel et touristique.

Le groupe Al Omrane se chargera, conformément à cette convention, de la restauration d’un certain nombre de portes historiques ainsi que de la muraille et d’autres espaces de la médina, permettant ainsi d’améliorer les conditions sociales et économiques des habitants et rehausser leur niveau de vie. Ce projet, qui s’étalera sur 5 ans, est mené avec le concours de plusieurs intervenants aux niveaux local et central.

A rappeler que la première période (2010-2014) avait porté sur la mise à niveau de la ville (432 MDH), l’aménagement de la ceinture verte (15 MDH) et la protection de la ville contre les inondations (12 MDH). Quant à la seconde phase, elle s’est étalée sur la période (2015-2018) pour un coût global de 500 MDH, dont 152 MDH ont été consacrés à la mise à niveau du boulevard Mohammed V, de la Corniche de la ville, ainsi que des jardins jouxtant les remparts.

Dans le cadre de la 2è phase de ce programme, l’effort a porté également sur la mise à niveau et la réhabilitation de l’ancienne médina (185 MDH). Ce chantier, précise-t-on, fait l’objet d’une convention de partenariat multipartite, concernant le renforcement des infrastructures de base, la réfection des édifices menaçant ruine, des façades des anciennes bâtisses et des lieux de cultes (mosquée El Bouakhir, des confréries et de la synagogue Simon Attias), ainsi que la transformation de certains édifices en équipements de proximité.

Pour ce qui est du quartier emblématique « Mellah », sa revalorisation et mise à niveau face aux poids des années et des aléas climatiques (houles maritimes), a fait l’objet d’une convention de coopération multipartite entre le ministère de l’Intérieur, le ministère de l’Habitat et de la politique de la ville, le ministère de la Culture, le Conseil de la région de Marrakech-Safi, la province et le conseil communal de la ville, pour un montant de 163 MDH.

Approché par la MAP, Mme Mina El Mghari, professeur d’Histoire d’architecture et du patrimoine à l’Université Mohammed V de Rabat, a fait savoir que la ville intra-muros est riche de quelques centaines de monuments historiques. Un bel et particulier héritage qui tient à un dénominateur commun : la pierre de Mogador, taillée ou non, qui représente un témoignage considérable de la coexistence de plusieurs confessions.

Cette coexistence culturelle, a poursuivi Mme El Mghari également vice-président d’ICOMOS-Maroc (Conseil International des Monuments et des Sites), se reflète dans les formes d’expression des constructions où l’on retrouve des éléments des architectures marocaines (amazighe, juive, arabo-andalouse et de l’architecture classique européenne), relevant que le patrimoine bâti d’Essaouira consent de relever les traces de l’histoire, renvoyant à l’extraordinaire et paisible berceau des civilisations qu’a été et demeure cette ville.

Après avoir donné un aperçu détaillé sur les spécificités de cette cité paisible et un retour à l’histoire de son édification par le Sultan Sidi Mohammed Ben Abdallah, Mme El Mghari a tenu à souligner que le projet de rénovation et de mise en valeur de la Médina ne peut être qu’une initiative « louable » qui mérite d’être « soutenue », avec pour objectif de remettre en l’état ses monuments historiques d’une grande valeur patrimoniale.

Le projet tel qu’il a été présenté dénote un souci quant à la préservation des éléments architecturaux particuliers et historiques du monument. « Nous saluons cet effort qui respecte le caractère patrimonial souvent considéré comme un obstacle au développement. L’expérience dans d’autres pays démontre que le patrimoine peut, au contraire, s’avérer un puissant outil de progrès, un facteur de croissance et un levier de relance sociale, économique et culturelle », a-t-elle expliqué.

Dans la foulée, Mme El Mghari a insisté sur la nécessité dans le cadre de la mise en application de ce projet, de veiller au respect strict des matériaux de construction d’origine surtout, pour la plastique extérieure, tout en veillant à la préservation de la pierre taillée (Al Manjur), et aux tracés des arcs sur les bâtisses, sachant que leurs différentes formes démontrent de manière claire les diverses étapes historiques de la ville.

Mme El Mghari a mis l’accent également sur le fait qu’une plaque signalétique soit apposée à l’entrée de chaque lieu pour rappeler son histoire et sa fonction initiale, en affirmant, en conclusion, que le projet de réhabilitation de la médina à Essaouira doit servir de modèle à suivre car cette vile, étant classée patrimoine de l’Humanité et de ce fait, on a l’obligation de préserver ce patrimoine tel qu’il nous a été légué.

Le 17 Décembre 2018

Source web Par Mapmarrakech

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