Le FMI demande aux Etats de se préparer au pire
La récession n’est pas à l’ordre du jour, mais le ralentissement de l’économie mondiale est plus vif qu’anticipé. Le Fonds monétaire international met en garde, à Davos, contre les risques – incertitudes, guerre commerciale, Brexit, changement climatique – qui pourront faire déraper la croissance
Quand l’automobile va, tout va. Ainsi va l’adage. Le secteur brasse tout de même chaque année 1939 milliards de dollars, compte 50 millions d’emplois dans le monde et représente presque 10% des échanges mondiaux. Or, des nuages viennent annoncer de mauvaises nouvelles qui rappellent les années 2008-2009. Sans les milliards injectés alors par le fraîchement élu président américain Barack Obama, General Motors, Ford, Daimler, Chrysler auraient peut-être fait faillite.
Dix ans plus tard, l’automobile se retrouve de nouveau sur une route cahoteuse. Vendredi dernier, Tesla, le constructeur américain de voitures électriques, a annoncé le licenciement de 3500 employés. Cette restructuration n’est que la dernière d’une série. General Motors vient de faire part de la fermeture de plusieurs usines aux Etats-Unis, avec la suppression de 14 000 emplois à la clé. Puis, le japonais Nissan entend se séparer de 700 collaborateurs dans son usine du Mississippi. De son côté, Ford va réduire sa capacité en Europe; le nombre de travailleurs redondants pourrait atteindre 25 000. Au Royaume-Uni, les incertitudes liées au Brexit compriment la demande. Par conséquent, Jaguar Land Rover supprime 4500 emplois.
Ford réduit sa production en Chine
Mais c’est en Chine, le premier marché automobile mondial, que la casse est la plus lourde. C’est du jamais vu depuis trente ans. Les ventes de voitures ont reculé en décembre de 17% par rapport au mois précédent. C’était le sixième mois consécutif de baisse. Cette tendance devrait se poursuivre en 2019. A ce propos, le New York Times de lundi raconte que trois usines de Ford situées dans la métropole de Chongqing ont ralenti la production de 70% au quatrième trimestre 2018.
Et il n’y a pas que l’industrie automobile qui est à la traîne en Chine. Le New York Times rapporte que des dizaines d’entreprises de construction, d’électronique et de textiles revoient leur production à la baisse. Certaines d’entre elles ont mis leurs employés au chômage forcé pour deux ou trois mois afin de coïncider avec les congés annuels du Nouvel An en février. A l’instar d’autres entreprises, Apple restructure sa présence en Chine après avoir anticipé une forte chute des ventes d’iPhone. Parce que les consommateurs, inquiets des conséquences de la guerre commerciale, dépensent moins en voitures, téléphones et autres produits.
«Inquiétante, mais pas dramatique»
«La situation est inquiétante, mais pas dramatique, analyse Michel Grampp, chef économiste chez Deloitte (Suisse). Pour notre part, nous excluons le même scénario qu’en 2008-2009. Il y a certes un ralentissement mais il va conduire à un retour à des chiffres normaux.» Il ne s’inquiète pas non plus de la croissance chinoise en baisse, qui, selon des chiffres publiés lundi par Pékin, a connu un ralentissement à 6,4% au dernier trimestre. Selon lui, il serait même raisonnable d’arriver à terme à un taux annuel de 6 à 6,5% de croissance. L’économiste de Deloitte est par ailleurs confiant qu’en cas de perspectives plus sombres, les autorités chinoises sauront adopter des politiques de relance, comme elles l’ont toujours fait. Michel Grampp exclut le retour de la récession.
Le Fonds monétaire international (FMI), qui a publié lundi ses prévisions révisées pour 2019 et 2020 dans le cadre du Forum de Davos, est allé dans le même sens. «Un ralentissement est certes à l’ordre du jour, a insisté sa directrice Christine Lagarde. Le problème est que son rythme est plus vif que prévu.» Dès lors, elle a lancé un appel aux dirigeants mondiaux à se préparer au cas où la conjoncture se détériorerait brutalement. «Il faut trouver des réponses urgentes à la guerre commerciale, au Brexit, à la lutte contre la corruption et l’évasion fiscale», a plaidé la directrice du FMI.
Selon les projections 2019 du FMI, l’économie mondiale devrait connaître un taux de croissance de 3,5%, contre 3,7% en 2018. Le ralentissement sera plus prononcé aux Etats-Unis où la croissance sera de 2,5% contre 2,9% l’an dernier. Le FMI ne tient pas compte du «shutdown» qui dure déjà depuis trois semaines et dont les conséquences ne sont pas encore mesurées. En 2020, le taux descendra à 1,7%. Les cadeaux fiscaux accordés par l’administration Trump auront alors fini de déployer leurs effets.
Allemagne et Italie, maillons faibles
Toutefois, le FMI s’inquiète davantage à propos de la zone euro où la croissance devrait ramollir à 1,6% cette année contre 1,8% en 2018. Il note que l’Allemagne et l’Italie sont les maillons faibles du fait de la baisse de la demande intérieure. A ce propos, Cédric Spahr, stratège «Actions» à la banque J. Safra Sarasin Ltd, affirme que Berlin devrait en finir avec la politique d’austérité et baisser les impôts pour donner un coup de fouet à la consommation. «Un stimulus fiscal en Allemagne serait un coup de pouce pour l’ensemble de la zone euro», avance-t-il.
L’économie chinoise ralentira aussi de façon significative, selon le FMI. Son taux de croissance descendra à 6,3% en 2019, contre 6,5% l’an dernier. Il l’impute avant tout à la fin des mesures de soutien à l’économie depuis bientôt deux ans. Le FMI s’inquiète aussi de conséquences d’une guerre commerciale prolongée entre les Etats-Unis et la Chine, non seulement pour l’économie chinoise, mais aussi pour ses partenaires commerciaux qui exportent matières premières, équipements et vivres en Chine.
Comme l’an passé, l’Inde sera la championne du monde en matière de croissance. Son taux atteindra 7,5% en 2019, 7,7% en 2020, contre 7,3 en 2018 et 6,5% en 2017.
Le 22/01/2019
Source web : le temps
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