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Chine et Japon : deux empires fermés au XVIIe siècle

Chine et Japon : deux empires fermés au XVIIe siècle

La présence des Européens en Chine et au Japon, demeure épisodique jusqu'au XVIIe siècle. Ce sont deux empires fermés au commerce avec les étrangers, qui ne laissent aucune liberté aux Européens quant aux points d'entrée sur leurs territoires.

Depuis les découvertes portugaises du XVIe siècle, l'espace maritime asiatique constitue un monde fascinant pour les Européens car il leur ouvre les portes de l'Inde, de la Chine ou du Japon. Ils se retrouvent face à des civilisations maritimes à l'activité commerciale très ancienne, échappant complètement à « l'économie-monde » de l'Occident. Entre Europe et Asie, la voie maritime a joué un rôle déterminant à partir du moment où les navigateurs ont substitué aux routes traditionnelles terrestres, tracées par Marco Polo, et maritimes, avec le passage de la Mer Rouge utilisé par les marchands arabes, des voies autonomes contournant l'Afrique (Vasco de Gama en 1498) ou traversant le Pacifique (Galion de Manille reliant les Philippines espagnoles à la Nouvelle Espagne américaine dès 1564).

La Chine

La Chine est un pays continental et une très vieille civilisation, qui admet difficilement de commercer avec les étrangers. L' « Empire du Milieu » (les Chinois estiment être le centre de la civilisation, donc au milieu du monde) considère les Européens comme des barbares voulant à tout prix christianiser. La Chine tolère des relations commerciales à condition que les Européens s'acquittent de taxes pour être autorisés à négocier les produits chinois (thé, soie, porcelaine...). Très rares sont les marchands qui sont parvenus jusqu'à Pékin : les Européens restent dans les ports, principalement Macao, au XVIe siècle (comptoir portugais depuis 1554), puis Formose au XVIIe siècle (établissement hollandais datant de 1634). Les Chinois préfèrent utiliser l'intermédiaire des ports indonésiens et philippins pour vendre leurs produits aux Européens plutôt que de les vendre chez eux. Manille, aux Philippines, va devenir l'un des rares centres de contact commercial entre marchands européens et chinois.

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Aquarelle représentant la ville et port de Macao vers 1665, par Johannes Vingboons. Archives nationales des Pays-Bas, La Haye. © Wikimedia Commons, domaine public

Il faut attendre les années 1680, pour voir la Chine s'ouvrir davantage au négoce avec l'Europe, conséquence indirecte des rivalités de plus en plus fortes entre Anglais et Hollandais en Indonésie. En 1682, les Hollandais s'emparent du port britannique de Bantam sur l'île de Java et coupent la route indonésienne du thé aux Anglais. Ces derniers vont alors effectuer des voyages directs vers la Chine et y envoyer une quarantaine de navires marchands entre 1700 et 1715. Les Français s'engagent à leur tour dans ce nouveau trafic : une compagnie de Chine est même créée en 1698, qui ramène un premier chargement en 1700, en provenance de Canton.

Les Européens restent dépendants des autorités chinoises qui leur imposent les points d'entrée dans le pays. Au sud du pays, les ports de Macao et Canton sont jugés peu intéressants car éloignés du grand fleuve Yang Tsé Kiang (sur lequel arrivent la soie et la porcelaine) et loin de la ville de Nankin (débouché des grandes régions productrices de thé). Les négociants européens vont donc tenter de remonter vers le nord mais ils en sont vite dissuadés par les mandarins locaux (hauts fonctionnaires de l'Empire) qui prélèvent des droits exorbitants sur les marchandises. À la fin du XVIIe siècle, le port de Macao décline et son activité se limite à l'expédition de soie vers les Philippines ; Canton devient la principale porte d'entrée en Chine et les Anglais vont y diriger tous leurs navires à partir de 1711.

Le Japon

Avec le Japon, la situation en matière de commerce est encore plus difficile pour les Européens qui arrivent dès la fin du XVIe siècle. Méfiants à l'égard de l'Occident, les Shoguns (gouverneurs généraux militaires) ferment le Japon à toute influence étrangère. Ils interdisent aux Japonais de se déplacer à l'étranger et expulsent les Européens, tolérant seulement des marchands hollandais sur l'îlot de Deshima, face à Nagasaki.

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Îlot de Deshima dans la baie de Nagasaki, par Thomas Salmon en 1725. Bibliothèque universitaire de Maastricht, Pays-Bas. © Maastricht University Library, domaine public

Le christianisme est perçu comme une menace pour l'équilibre social, il est donc brutalement réprimé. Dans la région de Nagasaki, les paysans christianisés sont massacrés ou condamnés à la clandestinité. Après 1635 et l'introduction de lois isolationnistes, le négoce est à la fois monopole du Shogun qui en demeure seul bénéficiaire, et de la Compagnie Hollandaise des Indes Orientales qui est autorisée à envoyer depuis Batavia (actuelle Jakarta en Indonésie), deux navires marchands par année. Les armes, les livres, les monnaies sont interdites à l'importation par les Japonais jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Les Hollandais sont autorisés à vendre des tissus, des objets manufacturés, des épices qui sont d'origine asiatique ; en retour, ils embarquent des soieries, de la porcelaine, des meubles laqués, du saké, du papier, autant de marchandises très appréciées en Europe dès le milieu du XVIIe siècle. À noter que les porcelaines du Japon et de Chine constituent un élément très important dans l'histoire du goût et des arts décoratifs européens aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Le premier japonais en Europe

Le samouraï Hasekura Tsunenaga (1571-1622) est le premier officiel japonais envoyé en Amérique. Il dirige une ambassade vers la Nouvelle-Espagne, puis vers l'Europe, entre 1613 et 1620. L'objectif du voyage est de discuter d'arrangements commerciaux avec le roi d'Espagne, à Madrid, et de rencontrer le pape, à Rome. Il permet ainsi le premier contact connu entre Français et Japonais, au port de Saint-Tropez. L'ambassade de Hasekura arrive en Europe au moment où le Japon tente d'éradiquer le christianisme de son sol ; les monarques européens refusent donc les arrangements commerciaux proposés par le samouraï converti au catholicisme. Il rentre au Japon en 1620, son ambassade n'ayant obtenu aucun résultat pour un Japon en plein isolationnisme.

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Hasekura Tsunenaga à Rome en 1615, par Claude Deruet. Galerie Borghese, Rome. © Wikimedia Commons, domaine public 

Le 26/02/2019

Source web Par Futura-Sciences

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