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Littoral méditerranéen : le danger de la mer qui monte

Littoral méditerranéen : le danger de la mer qui monte

Face à la mer qui monte, l'État comptait mettre le holà aux installations de bord de mer. Mais dans les faits, la lutte est bien compliquée. Quels risques pour les habitants des 200 kilomètres de côtes du Languedoc au Roussillon ?

La défense du littoral est un sport de combat. En marge des Assises nationales des risques naturels, qui se tenaient ce lundi 25 mars et ce mardi 26 mars au Corum de Montpellier, Midi Libre est allé vérifier l’avancée du dossier de la submersion marine… En tout cas du danger qu’elle fait peser sur les 200 kilomètres de côtes du littoral languedocien et roussillonnais.

"Il va falloir reculer de 500 mètres", disait fin 2013 le préfet de région à l’époque, Pierre de Bousquet. Seule une démarche radicale pouvait à ses yeux sauver la région d’une catastrophe : "Ça coûtera moins cher de reculer. Une crue centennale, ce sont des milliards de ruines. On ne gagnera pas toujours contre la mer. Il vaut mieux quelques reculs stratégiques, aidé à relocaliser les activités."

Cinq ans plus tard, on est loin du compte. Une expérimentation a été menée à Vias, dans l’Hérault (le département le plus impacté, vu l’étendue de ses plages sableuses), sur 800 mètres de linéaire, dans le cadre d’un appel à projet ministériel.

A Vias, "un cas d'école"                                                                            

"Il s’agit vraiment d’un cas d’école" au niveau national, parmi quatre autres projets, insiste Laurent Montel, chef de la division risques littoraux à la Dreal Occitanie (direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement).

L’idée : recréer, en 2015, un cordon dunaire avec des bulldozers et du sable récupéré ailleurs. Reculer, oui, mais de combien ? "Pour que ça marche, les techniciens disaient qu’il fallait 200 mètres. On n’a finalement reculé que de 70 m pour préserver l’enjeu économique, l’activité des campings."

Une décision dictée "par un compromis plus que par un consensus, quand les enjeux sont à la fois sociaux, économiques, environnementaux et politiques", précise Laurent Montel.

"Quand il faudra s'attaquer aux villas..."

La reconstruction de la plage n’a pas tenu. "Avec les coups de mer des hivers depuis 2015, le cordon dunaire n’a pas résisté, alors qu’il devait tenir une quinzaine d’années." L’expérimentation ne devrait donc pas être prolongée en l’état.

L’avenir, pourtant, inquiète. "La mer avance, mais on n’est pas rentré dans le dur. La seule chose qu’on ait remplacée, c’est une route, le Lido de Sète, insiste Laurent Montel. À Carnon, on a supprimé une route. Et à Vias, deux ou trois rangées de mobile-homes. Le souci, c’est quand il faudra s’attaquer à des villas ou des immeubles."

À l’esprit, le cas du bâtiment Le Signal, à Soulac-sur-Mer (Gironde). "A sa création, dans les années 70, il était à 200 mètres de la mer. Il n’était plus qu’à 12 mètres."

Les résidents ont été expropriés en 2014, sans contrepartie financière. En décembre dernier, au terme d’une bataille juridique, les députés ont voté le principe d’une indemnisation.

Les expulsés de l'érosion

Mais la question se reposera pour tous les autres cas à venir. Une mission d’inspection de l’état vient de plancher sur la question, afin de "trouver des financements pour ces expulsés de l’érosion".

Le ministre François De Rugy, lundi dernier à Montpellier lors des Assises nationales des risques naturels, a évoqué le projet d’une mission parlementaire, d’ici la fin de l’année, qui prolongerait les travaux de la mission d’inspection.

Pistes de réflexion

Le préfet De Bousquet assurait en 2013 que la réglementation allait être durcie, évoquant notamment, à La Grande-Motte, des garages transformés au fil des ans en "bistrots ou magasins".

Plus de cinq ans plus tard, ils n’ont pas changé d’affectation. La réglementation évolue à petits pas.

"Avant, on disait les choses à l’oral, maintenant on les met par écrit, comme le fait de ne pas utiliser de rochers devant les campings" (qui ne font que déplacer le problème), souligne Laurent Montel.

Des pistes de réflexion sont à l’étude, comme celle de faire évoluer la législation, en permettant d’occuper des zones rouges sur lesquelles il n’y a jamais eu d’eau et d’autoriser des constructions pour une durée de trente ans, "des habitats résilients, pas en dur, que l’on pourrait démonter".

Le 27/03/2019

Source web : midi libre

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