Economie marocaine : Ouverture peu réussie et productivité au ralenti
La faiblesse des gains de productivité peut être vue comme la conséquence d’une ouverture peu préparée, peu maîtrisée et peu orientée vers un positionnement dans les chaînes de valeur mondiales.
L’OCP Policy Center for the New South et le Laboratoire d’économie appliquée, relevant de l’Université Mohammed V, viennent de publier un livre intitulé «Ouverture, productivité et croissance économique au Maroc». Une publication appuyée par le Centre national de recherche scientifique et technique qui prolonge, selon les initiateurs, la réflexion au sujet de la transformation structurelle du Maroc et met le curseur sur les deux principales fragilités auxquelles se heurte le rehaussement du potentiel de la croissance de l’économie marocaine : «une ouverture peu réussie et une productivité au ralenti».
Cette œuvre est le résultat de l’engagement des initiateurs dans un projet de recherche. L’objectif étant l’approfondissement des connaissances et d’analyses sur l’ouverture et les transformations structurelles de l’économie marocaine.
Selon la même source, le lancement de ce projet de recherche coïncide avec une situation particulière de l’évolution de l’économie marocaine. Le ralentissement tendanciel de la croissance, persistance du chômage de masse, faibles gains de productivité, perte en compétitivité, lenteur de la transformation structurelle, approfondissement des inégalités, déclassement social, etc, sont autant d’indicateurs, dont la liste n’est pas fermée, qui plaident pour le dépassement du modèle de croissance poursuivi depuis plusieurs années. La nécessité de renouveler ce modèle fait aujourd’hui, et plus que jamais, l’unanimité. La manière d’y parvenir ne va pas pour autant de soi et ne se fera pas naturellement du jour au lendemain. «Cependant, il serait illusoire de repenser ce modèle sans placer les défis que posent les questions d’ouverture, de compétitivité et de productivité au centre de la réflexion», estiment les initiateurs.
L’intérêt de cet ouvrage consiste à prolonger cette réflexion en mettant le curseur sur lesdites fragilités auxquelles se heurte le rehaussement du potentiel de la croissance de l’économie marocaine. «Si le Maroc a misé, depuis belle lurette, sur l’ouverture, force est cependant de constater que le bilan de cette ouverture est mitigé, et dans tous les cas en deçà des attentes», commente la même source. En fait, la faiblesse des gains de productivité est, d’une certaine manière, à la fois la cause et la conséquence de ce bilan peu satisfaisant. Elle est la cause parce qu’elle affecte la compétitivité de l’économie nationale et exerce des pressions sur son offre exportable traditionnelle.
Elle l’empêche aussi de monter en gamme et de se libérer du «piège» des activités à faible contenu en valeur ajoutée et en technologie. Cette faiblesse des gains de productivité peut être vue, par ailleurs, comme la conséquence d’une ouverture peu préparée, peu maîtrisée et peu orientée vers un positionnement dans les chaînes de valeur mondiales permettant de profiter pleinement de ses retombées en termes de diffusion technologique, de renforcement de la capacité d’absorption, d’apprentissage par les exportations et d’autres externalités susceptibles d’améliorer la productivité tant factorielle que globale. Des réflexions susceptibles d’être intéressantes au moment où le Maroc pense son modèle de développement.
Le 09/05/2019
Source web Par Aujourd'hui le Maroc
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