Pénurie d’eau : le Maroc toujours parmi les pays les plus menacés
Le royaume est le 23e État le plus menacé par les pénuries d’eau, selon le rapport du World Resources Institute (WRI) qui a étudié la situation de 165 pays. Surprise : au Maroc, les régions du Sud, plus sèches, ne sont pas les plus à risque.
“Le stress hydrique amène de sérieuses menaces pour la survie des populations et la stabilité des économies locales. Si les pays menacés n’agissent pas rapidement, le développement des populations et l’urbanisation vont empirer le manque d’eau […].” L’alerte est lancée par les chercheurs du World Resources Institute, qui ont utilisé les nouvelles données de leur outil “Aqueduct” pour classer les pays sensibles aux pénuries d’eau.
Les régions à risque
Sur la carte, le Maroc est en rouge. Le royaume est le 23e pays du classement et arrive second en Afrique du Nord, juste après la Libye, 6ème pays le plus menacé. Une place inquiétante. Ce ne sont pourtant pas les régions les plus au Sud qui sont les plus à risques, mais bien les zones les plus peuplées où l’agriculture est la plus développée.
La région de Chaouia – Ouardigha est la plus menacée par les pénuries, avec un indice de 0,92 sur 1, soit une menace équivalente à celle que l’on retrouve en moyenne en Libye. Rabat – Salé – Zemmour est à 0,85, tandis que le Grand Casablanca se trouve aussi dans les régions les plus tendues, avec un indice de 0,78, juste devant les régions de Marrakech – Tensift – Al Haouz, Tanger – Tétouan et Taza – Al Hoceïma – Taounate. La région de Guelmim – Es-Semara, pourtant extrêmement aride, est la moins touchée du royaume par la menace.
Conséquence du climat, mais pas seulement
“Douze des dix-sept pays les plus touchés par le stress hydrique font partie de la région MENA, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. La région est chaude et sèche. Les réserves d’eau sont très faibles et une forte demande a poussé la région dans une situation extrême”, expliquent Rutger Willem Hofste, Paul Reig and Leah Schleifer du WRI. Il y a deux ans, la Banque Mondiale estimait déjà les pertes économiques causées par le manque d’eau dans la région MENA entre 6 et 14 % du Produit intérieur brut d’ici 2050.
Mais les causes des risques de pénuries ne s’expliquent pas seulement par la situation géographique et le climat. Le WRI indique que 82 % des eaux usées dans la région ne sont pas réutilisées alors qu’elles pourraient générer “une nouvelle source d’eau potable”. Certains pays font pourtant des efforts, comme Oman, 16e pays le plus à risque mais qui traite 100 % de ses eaux usées et en réutilise 78 %. Au Maroc, sur les 550 millions de m3 d’eaux usées rejetées par les grandes agglomérations, seulement 45 % étaient traitées en 2017 par 117 stations d’épuration, et 20 % seulement sont réutilisées.
Le WRI recommande différentes mesures à prendre d’urgence pour les pays les plus touchés. Parmi elles, privilégier une agriculture efficace et moins gourmande en eau. Il s’agit d’un des objectifs du Plan Maroc Vert, qui voulait économiser 2 milliards de m3 d’eau en améliorant les systèmes d’irrigation mais qui a du mal à atteindre ses objectifs.
Le 08 août 2019
Source web Par telquel
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