Des compétences pour El Otmani…Pas d’embarras du choix !
Trouver et proposer des compétences au Roi pour une nouvelle génération des réformes, telle est la récente mission d’El Otmani, suite aux instructions royales du discours du trône de cette année ; Une belle occasion de débriefer sur la notion de « la compétence » et ses particularités dans le contexte politique, faisant ainsi de la mission du chef du gouvernement un véritable sentier du combattant.
La « compétence », qui connaît un véritable succès depuis plusieurs années, en se situant au cœur des débats concernant la gestion des organisations privées et publiques constitue, en effet, une réponse aux questions que se posent les acteurs économiques et sociaux au Maroc. La compétence est une réponse solide au chômage, à l’employabilité et à la compétitivité des entreprises, notamment dans les économies du savoir et de la connaissance.
Sans vouloir aller loin dans les détails conceptuels de la mystérieuse notion de compétence, nous soulignerons ici quatre principales caractéristiques de la notion, en liaison avec les circonstances politiques actuelles du Royaume.
La compétence est floue ; Difficile à observer et à évaluer ex ante; On ne voit pas préalablement la compétence et on ne peut pas la mesurer, mais on juge sa présence ex post, quand ses résultats admirables attirent l’attention. Ainsi on ne qualifie un médecin de compétent qu’après être guéri, le commercial qu’après avoir décroché les commandes, le tailleur n’est compétent que si la veste procure satisfaction, Idem pour l’avocat, le technicien etc.
Le pragmatisme et l’expérience sont inhérents à la compétence ; En effet, s’il veut se conformer à la déontologie de sa mission, El Otmani doit faire le tri dans la liste des « responsables » qui ont réussi dans les dossiers ou les taches qui leurs ont été confiées, plutôt que leurs carrières.
La compétence est rare ; Etant une notion composite et triplement conditionnée (connaissances + expériences+ traits de personnalité), la compétence est moins abondante qu’on le pense. En effet, la quête pour la compétence ne serait pas un travail aisé. Dans la politique l’exercice revêt une difficulté supplémentaire, car jugée parfois ambiguë, diabolique, moins rétribuant, inutile, ou encore utopique ou élitiste, il est claire que la politique n’est pas attractive pour les profils compétents. Par conséquent, nous vivons au Maroc une scission, voire une discorde traditionnelle entre la politique et la compétence, en témoignage le quart des députés sans baccalauréat ! Et le recours systématique de l’Etat aux apolitiques -dits aussi technocrates- pour la gestion de ses département et grands projets.
La compétence est locale ; C’est-à-dire dépend du cadre organisationnel dans lequel elle est élaborée puis utilisée. Forgée par l’accumulation continue des connaissances, des expériences et des attitudes dans un domaine et un lieu spécifique. C’est une construction conjointe entre l’individu et l’organisation dans laquelle la compétence est exercée, l’individu apporte ses capacités et l’organisation les ressources et les opportunités.
Cette caractéristique implique qu’Elotmani doit préciser le profil des postes dont ils cherchent des responsables, ensuite privilégier les profils qui ont eu une carrière dans le département en question. Pas facile non plus, surtout que le discours royal n’a pas précisé les secteurs particulièrement concernés par « la nouvelle génération des réformes ».
La compétence est contingente ; Dont la valeur fluctue avec le temps. Etant le fruit de l’apprentissage, ce dernier est un processus continue et interminable. Ainsi, on peut facilement et rapidement perdre sa compétence à défaut de la mettre à jour. Autre difficulté pour le premier interlocuteur du discours du trône. Les compétences existantes aujourd’hui sauront elles s’adapter aux missions de demain ?
Que ce soit au sein de la majorité ou ailleurs, la mission du chef du gouvernement est dur ; Rien n’est plus difficile que de trouver de bons éléments et les placer aux bons endroits. Le chemin vers le nouveau modèle économique commence par ça d’abord et son succès dépend, en priorité du choix des Hommes/responsables de le mettre en marche. Croisons les doigts pour le nouveau modèle économique et souhaitons bon courage au chef du gouvernement !
Le 20 août 2019
Source web Par ecoactu
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