[Edito]Il faut percer le mystère de la croissance économique
Intégrer le cercle des pays émergents ne se décrète pas. Réaliser un taux de croissance économique oscillant autour de 7% pour résorber le flux du chômage n’est pas une mince affaire. Garantir une vie décente à l’ensemble de la population est tout sauf évident.
Pour un Maroc en quête d’un nouveau modèle de développement économique, la commission chargée par le Souverain est amenée à prendre le recul nécessaire, faire une rétrospective avant de se projeter dans l’avenir.
Au cours de la dernière décennie, le Maroc s’est engagé dans plusieurs réformes à multiples dimensions qui lui ont fait gagner des points en matière de climat des affaires, condition sine qua none pour drainer les investissements à forte valeur ajoutée pour les différents pans de l’économie. Le Maroc a multiplié les infrastructures les plus performantes pour se hisser aux standards des pays internationaux. Le Maroc veille au grain quant à l’équilibre de ses indicateurs macroéconomiques effaçant d’un revers de main la période de l’ajustement structurel. De quoi être fier !
Mais tout au long de cette période, le Maroc n’a pas pu améliorer son éducation et sa santé, voire négliger ces deux principales mamelles de tout développement économique. Tout en s’endettant, le Maroc n’a pas pu réduire convenablement ses déficits budgétaire ou commercial. Des patates chaudes que se sont refilées au fil du temps les équipes au pouvoir.
Une situation persistante qui a pour toile de fond notre forte dépendance à la pluviométrie et également à la conjoncture internationale. Mondialisation oblige !
Oui, mais l’économie ne peut rester éternellement prise en otage de cette dépendance qui lui coûte des points en matière de développement économique. On a beau dire que le Maroc a fait des pas de géant au cours des dernières décennies, mais il ne faut surtout pas se leurrer, comparativement à d’autres pays, il s’agit de pas de “nain”. Le Maroc, pays en voie de développement reste fortement dépendant de son agriculture, des cours des matières premières et de la croissance des pays partenaires. C’est dire que sa croissance économique reste fragile, vulnérable et tributaire des aléas.
Oui pour le libre-échange, oui pour l’ouverture des frontières. Mais, encore faut-il assurer ses arrières tout en étant autonome. Comment ?
De prime abord, il faut s’industrialiser davantage pour créer plus d’emplois et plus de valeur ajoutée.
Une forte industrialisation saurait substituer un nombre important d’importations par des produits locaux. Ce qui par ricochet va réduire notre déficit commercial. Non seulement en réduisant le volume des importations, mais également en haussant celui des exportations si bien évidemment nos produits locaux sont innovants et compétitifs.
Secundo, il faut diversifier les partenaires non pas en signant des accords de libre-échange à notre grand dam comme c’est le cas actuellement. Qu’on le veuille ou pas, nous restons à la merci de l’Union Européenne. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les flux des échanges globaux avec l’Europe se sont élevés en 2018 à 502 Mds de DH en hausse de 8,4% par rapport à l’exercice précédent. Le problème c’est que lesdits échanges sont dominés par les importations qui, en valeur, représentent près des 2/3 de l’ensemble des échanges avec l’Europe. Et pour couronner le tout, nous nous retrouvons avec un taux de couverture sur le marché européen autour de 62% dégageant un déficit chronique en défaveur du Maroc sur ce continent.
D’aucuns diront que justement pour remédier à cette dépendance, le Maroc a mis en place des stratégies sectorielles (Plan Maroc Vert, Plan d’Accélération industrielle, Energies renouvelables…). Nous en convenons, mais la réalité est tout autre et les chiffres sont tellement têtus. Preuve en est : le Maroc est en quête d’un nouveau modèle de développement économique qui prône l’inclusion sociale.
A la lumière de ces précisions, le Maroc est à la veille de faire son entrée dans un modèle de développement où devrait primer la logique de l’efficience, de la performance comme résultantes d’une bonne gouvernance et d’une vraie démocratie.
A notre humble avis, c’est l’évènement de cette culture d’efficience et de démocratie qui va permettre de percer le mystère et comprendre l’énigme de la croissance dans un pays comme le nôtre. A la faveur de cette perspective prometteuse, le Maroc pourrait enfin s’installer durablement dans le sentier de la croissance de 6 à 7% pour répondre favorablement aux besoins socio-économiques de sa population.
Le 11 octobre 2019
Source web Par Ecoactu
Les tags en relation
Les articles en relation
Taux de croissance: 1,5% en 2016 et 3,5% en 2017 selon Ahmed Lahlimi
Le Haut commissaire au plan a tenu une conférence, ce mardi à Casablanca, afin de faire le point sur la situation économique nationale en 2016 et présenter ...
Conjoncture: Les chefs d’entreprises dépriment
Les patrons jugent la situation «inquiétante» selon le baromètre CGEM La réforme des délais de paiement, très attendue La contraction de l’activi...
Le Maroc sur la voie des pays de l’Europe du Sud
Les recommandations de la Banque mondiale pour une croissance inclusive d’ici 2040 Selon la banque, les institutions et les services publics peuvent être ...
"La croissance de l'Afrique est incontestablement liée au développement du Maroc" (Think tank bré
La croissance de l’Afrique est incontestablement liée au développement du Maroc, l’un des rares pays africains, arabes, musulmans liés aussi bien à l’...
Dépenses de compensation: Grosse économie sur le gaz butane
A fin août, le montant global a atteint 5,6 milliards de DH, en baisse de 56,5% La part du sucre se renforce de 8 points de croissance La moyenne des cou...
Investissements: comment Tanger est devenue le nouvel Eldorado des Espagnols
La "Cité Mohammed VI Tanger Tech" devra générer environ 100.000 emplois directs (président du groupe chinois Haite). La ville de Tanger est en passe de d...
Croissance économique de 4,5 % en 2015 au Maroc (HCP)
La croissance économique aurait été de 4,5 % en 2015, en hausse de 0,2 point par rapport à la prévision retenue par le Haut-commissariat au plan (HCP) de 4...
De nombreux opérateurs anticipent une prochaine baisse du dirham
L’un des événements majeurs de 2017 sera probablement l’instauration de la flexibilité des changes au Maroc. De nombreux opérateurs anticipent déjà ce...
Croissance économique : +3% pour le Maroc au 3ème trimestre
Thme de croissance, passant de 13,4% au troisième trimestre de l’année 2017 à 4,1% durant la même période de l’année 2018. Cette évolution est le ré...
Hausse de la demande intérieure
La demande intérieure a progressé de 4,3% au troisième trimestre 2018 au lieu de 1,2% durant la même période de l'année 2017, contribuant pour 4,7 poi...
BAM confirme ses prévisions de croissance
Bien qu’elle ait revu à la hausse la contribution de la valeur ajoutée agricole, la Banque centrale maintient sa prévision de croissance à 1,2%. Pour Bank...
Verbatim. Ce que Mohammed Berrada dit sur l’épargne et la situation de la Bourse de Casablanca
Mohammed Berrada, ancien ministre des Finances Lors d’une conférence organisée par la CDG et Poste Maroc, mercredi 31 octobre, à l’occasion de la jour...