La CNT déplore la négligence de ses doléances dans le projet de Loi de finances 2020
Le secteur pâtit particulièrement d’une taxation excessive et d’une multiplicité d’impôts. Pour les professionnels, cela pénalise la croissance, la création d’emplois et l’investissement. D’autant plus que le Maroc a souffert des mouvements des gilets jaunes en France et des effets du Brexit. Le touriste est plus regardant sur ses dépenses.
La Confédération nationale du tourisme (CNT) déplore la négligence de ses doléances en matière d’imposition par le ministère des finances dans les dispositions de la Loi de finances 2020. D’après un communiqué de la CNT, les recommandations des Assises de la fiscalité, tenues en mai 2019 (ayant connu une approche participative), n’ont pas été retenues dans l’élaboration du projet de Loi de finances 2020. Taxation excessive, multiplicité d’impôts, iniquité fiscale, insuffisance des avantages fiscaux accordés, forte présence de l’informel et pénalisation de l’investissement sont les principaux maux dont pâtit le secteur du tourisme en matière fiscale, d’autant plus que le secteur souffre de difficultés. «L’autre problème du tourisme est le manque de performance. Malgré la présence d’hôtels de luxe tels que le Royal Mansour, le Four Seasons, la Mamounia… on n’attire plus autant de touristes aisés qu’auparavant. Le Brexit et le mouvement des gilets jaunes ont eu un impact négatif sur le secteur, d’autant plus qu’on pâtit d’une multiplicité d’impôts et d’une surtaxation», déclare Abdelali Chaoui, DG de l’hôtel Eden Andalou à Marrakech.
Le secteur du tourisme surtaxé
Faouzi Zemrani, vice-président de la CNT, déplore en effet le passage du taux de la deuxième tranche de l’impôt sur les sociétés de 17,5% à 20%. «Nous avions bénéficié d’un abattement de 50% de l’IS de 35% réalisé sur le chiffre d’affaires en devises (c’est-à-dire 17,5%). Celui-ci est monté à 20% alors qu’on espérait que l’abattement de 50% soit élargi à tous les métiers du tourisme rapporteurs de devises (hôtellerie, agents de voyages, excursions, restauration… ). A l’instar de l’industrie, qui voit son IS passer de 31% à 28% et des entreprises installées dans les zones d’accélération industrielle bénéficiant d’un taux spécifique de 15%, nous aurions souhaité être considérés comme secteur productif par son apport en devises», clame M. Zemrani. D’après un hôtelier, le tourisme est un secteur exportateur assimilé, et ne peut être considéré comme exportateur à l’instar de l’industrie. «Un hôtel à Marrakech ne concurrence aucunement un hôtel à Milan ou Marseille. D’autant plus que l’hôtelier vend au prix de son choix. On demande aujourd’hui une seule mesure: le maintien de l’abattement de 50% sur l’IS quel que soit le taux», confie un professionnel. Pour Rachid El Habety, DG du groupe Tikida (présent à Marrakech et Agadir), estime que le secteur du tourisme est surtaxé. «Aujourd’hui, nous avons un positionnement difficile axé sur le all inclusive avec peu d’animation qui attire une clientèle spécifique plus regardante sur ses dépenses. Un secteur tel que le tourisme pourvoyeur d’emplois et rapporteur de devises nécessite un geste de la part du ministère des finances afin de réduire le poids de la fiscalité. L’urgence réside dans une solution à la multiplicité et la superposition des taxes», explique M. El Habety. Pour lui, un dispositif fiscal souple améliore la rentabilité des hôtels, crée de l’investissement, de l’emploi et par ricochet de la croissance.
Malgré tout, l’investissement continue dans l’hôtellerie
D’après les professionnels, le secteur du tourisme sort à peine d’une crise qui a incité les hôtels 4 et 5 étoiles à baisser leur prix, et parfois s’aligner sur les 3 étoiles. Face à un secteur qui essaie de sortir la tête de l’eau, un allégement fiscal serait le bienvenu. Paradoxalement, des ouvertures sont toujours annoncées. Mais les segments sont différents, sans doute, plus rentables. Les investisseurs arrivent de secteurs lucratifs comme l’immobilier (Mfadel avec Accor à Mohammédia) ou l’industrie (groupe Richbond qui ouvre l’appart-hôtel Adagio à Casablanca). L’hôtel de luxe de l’enseigne indienne Oberoi ouvre enfin à Marrakech en décembre. Des hôtels axés business ouvrent à Casablanca dans les quartiers huppés et d’affaires (Onomo, Radisson Blu..).
Le 07/11/2019
Source web Par La Vie Eco
Les tags en relation
Les articles en relation
La CNT présente la stratégie 2020 du tourisme à Casablanca
La confédération nationale du tourisme présente, le mardi 23 janvier, l’étude revue et corrigée, de la stratégie 2020 du tourisme. Ainsi, l’ensembl...
Hamid Bentahar (CNT) : comment atteindre les 26 millions d’arrivées en 2030
Après l’annonce ministérielle du lancement d’une feuille de route visant à doubler le nombre d’arrivées d’ici 2030, le président de la Confédérat...
Tourisme : Les professionnels désenchantés par le marché chinois
Les touristes chinois viennent pour la plupart à travers les circuits des villes impériales dans le cadre de destinations européennes. Après l’ouverture d...
Tourisme : Les opérateurs tiennent à leurs tarifs, malgré la crise !
Au moment où les opérateurs touristiques tablaient sur la période des fêtes de fin d’année pour soulager leurs trésoreries ruinées par la crise sanitai...
Fouzi Zemrani tire la sonnette d’alarme
Vice-Président Général de la Confédération Nationale du Tourisme et agent de voyage, Fouzi Zemrani est aussi, à ses heures perdues, blogueur. Et c’est s...
La CNT : Pour des lendemains meilleurs !
Nouvelle ère dans la politique touristique marocaine, avec l’investiture de Mohammed Sajid à la tête du ministère du Tourisme, assisté par une secrétair...
L'IS sur les hôtels et les écoles privées risque de passer de 17,5% à 20%
Le projet de loi de finances pour l’année 2020 prévoit de faire passer le taux de l'impôt sur les sociétés (IS) de 17,5 à 20%, entre autres pour l�...
Crise sanitaire et impact sur l’économie touristique – Les mesures proposées par la Confédér
Les mesures proposées par la Confédération Nationale de Tourisme. Le Maroc fait face, à l’instar du reste du monde, a un défi sans précédent dans la...
La CGEM apporte sa pierre à l’édifice
La CGEM n’a d’autres choix que de participer au processus de préparation en cours du Small Business Act. C’est même l’une de ses vieilles revendicatio...
LES OPÉRATEURS DU TOURISME SE DÉCHIRENT ENTRE EUX
Rien ne va plus entre les acteurs du secteur divisés sur le maintien en exercice de leur représentant, la CNT, Confédération Nationale du Tourisme. La situa...
Eh Oh !!! il y a quelqu’un ?
S’il est un secteur qui est touché de plein fouet par la crise du coronavirus, c’est bien celui du Tourisme. L’Organisation Mondiale du Tourisme – OMT ...
Hamid Bentahar s’adresse aux opérateurs
A l’occasion de la nouvelle année, le président de la Confédération Nationale du Tourisme a adressé une vidéo aux opérateurs publics et privés du sect...