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Surpâturage dans le grand Souss: Assid glisse un mot à Laftit

Surpâturage dans le grand Souss: Assid glisse un mot à Laftit

L’intellectuel et militant des droits de l’Homme Ahmed Assid a fait parvenir une lettre ouverte au ministre de l’Intérieur. Elle concerne la situation de grande tension que connait actuellement la région du Souss et de l’Anti-Atlas, victime d’une surexploitation acharnée des ressources locales par des groupes nomades exerçant violemment le sur-pâturage sur des terres privées ou appartenant aux tribus locales.

Le chercheur à l’Institut royal de la Culture Amazigh (IRCAM) s’est adressé à Abdelouafi Lafitt dans une lettre rendue publique en critiquant « l’approche sécuritaire » qui serait adoptée selon lui dans ce conflit, lié à l’exploitation de milliers d’hectares de terres dans le grand espace que la Coordination Akal délimite dans la zone géographique entre le Tensift et l’Oued Noun.

« C’est l’approche sécuritaire qui, selon vous, est capable de maintenir la stabilité. Elle a particulièrement été perturbée dans ce problème, car l’insécurité, la violence, la menace et la désobéissance sont devenues une règle dans le Souss »? regrette-t-il.

Accusations de laxisme                                    

Comme exprimé au cours de la grande marche organisée à Casablanca dimanche dernier par la Coordination Akal pour la défense du droit des habitants à la terre et à la richesse, l’écrivain et poète évoque des bandes organisées possédant des cheptels de grande taille, et pratiquant illégalement le pastoralisme sur des terres privées. Des agressions physiques ont constamment été signalées par les habitants de ces régions.

« Ce qui nous a surpris, monsieur le ministre, c’est le manquement des autorités à leur devoir de protéger la population, malgré le fait que de nombreuses attaques se sont produites devant les autorités locales, elles comprennent d’innombrables plaintes et griefs », souligne-t-il.

Ahmed Assid relève, en ce qui touche la « Mère de tous les ministères »,  l’existence d’une « contradiction » dans la gestion de ce conflit frontal entre population locale et nomades agresseurs en donnant comme exemple le plus récent affrontement connu dans la région. « Lorsque la population a décidé, dans l’ombre du désespoir et de la colère, d’annoncer son soulèvement contre cette situation dangereuse, en étant forcés de couper la route reliant Id Ouska d’Ait Aballa, des dizaines voitures des forces de l’ordre se sont précipitées, non pas pour sauver les habitants des bandes organisées des bergers, mais seulement pour les évacuer de la route et arrêter leur protestation », relate l’écrivain et poète, lui-même originaire de l’Anti-Atlas.

« Ce qui veut dire, dit-il, que vous donnez, monsieur le ministre, la priorité aux symptômes externes plutôt que aux traitements de la maladie elle-même ».

Toujours en s’adressant à Laftit, l’auteur de la lettre ouverte poursuit: « Vous vous occupez des intérêts de l’État au détriment des intérêts de la population, alors que l’État n’a aucune valeur si les intérêts des gens sont perdus et spoliés ».

L’« approche sécuritaire» que critique Assid le pousse à revenir sur un autre sujet polémique, de nature législative cette fois-ci. Il s’agit du tant débattu Article 9 de la Loi de finances adoptée hier par la Chambre des représentants dans sa deuxième lecture. « C’est inquiétant » d’après lui, dans la mesure où l’approbation de cet Article de loi « ne conduit pas à une garantie de respect du pouvoir judiciaire et des biens des citoyens ». Il ajoute sur ce sujet qu’« il sera difficile pour n’importe quelle autorité, quelle qu’elle soit sa force de retrouver le « prestige de l’Etat », car il n’y a ni prestige pour l’agresseur ni crédibilité pour l’oppresseur ».

Des Hommes et des lois

Insistant sur le volet réglementaire intimement lié au problème de sur-pâturage et de délimitation forestière dans le Souss et Anti-Atlas, le professeur de philosophie a exprimé son rejet total des disposition que prévoit le Projet de loi 113.13 sur la transhumance pastorale, la gestion et l’aménagement des espaces pastoraux. C’est d’ailleurs l’un des chevaux de bataille de la Coordination Akal, qui y entrevoit l’immiscions d’intérêts étrangers sur le sol marocain, des intérêts Qataris en l’occurrence.

Assid critique le contenu du Projet de loi, toujours en phase de discussion à la première chambre. Il a été élaboré « sans aucune approche participative avec les parties concernées », souligne-t-il en supposant que ce texte « défend les intérêts des grands pasteurs et néglige les intérêts de la population d’origine », « fait abstraction de la culture, les valeurs et des coutumes de la population, ancrés depuis les temps anciens ».

Ces dernières, partie intégrante du droit positif Amazigh, « encadrent un système de relations mutuelles pacifiques dans la gestion des affaires pastorales, qu’elles soient liées aux cheptels locaux, ou par rapport aux nomades venant des zones Sahariennes », rappelle l’intellectuel.

« Le problème que nous vous présentons, monsieur le ministre, n’est pas lié à un problème local ou parallèle, car les acteurs qui y sont impliqués sont présents dans toutes les régions du Maroc, mais plutôt d’une grande gravité, car il concerne la crédibilité de l’État aux yeux de ses enfants, et nous n’aurons peut-être pas besoin de vous rappeler que l’histoire du Maroc nous a appris que l’équilibre entre l’autorité centrale et les régions éloignées est atteint grâce au sentiment de sécurité et de confiance qu’ont les populations de ces zones, et c’est ce qui vacille aujourd’hui », explique Ahmed Assid dans sa correspondance.

Il ajoute, exaspéré, que « ce message ne sert à rien tant que vous en connaissez le contenu depuis des années, car les rapports nécessaires sur la situation des habitants, et sur ce qu’ils subissent en se confrontant aux bandes de surpâturages, finissent par vous parvenir ». Les récents développements qu’a connus ce dossier font dire au militant des droits de l’Homme que « c’est de mauvaise augure pour l’avenir, car il ne fait aucun doute que ce sera une véritable insulte pour nos Autorités de croire, même pour une seconde, qu’elles ne savaient pas ».

Le 12 décembre 2019

Source web Par hespress

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