Le Maroc et la CEDEAO, un mariage oublié
Trois années après sa présentation, la demande marocaine d’intégration à la CEDEAO a disparu de l’actualité. Le bloc ouest africain continue de l’ignorer lors de ses sommets. Quant au Maroc, il est semble que l’enthousiasme des premiers mois a cédé la place à une forme de résignation.
Le 24 février 2017, le Maroc présentait officiellement sa requête d’adhésion à la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest. «Cette demande se fait en conformité avec les dispositions du Traité fondateur de la CEDEAO, et en satisfaction totale de ses critères d’adhésion», expliquait le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué relayé par la MAP. Trois années après ce premier pas de la part du royaume, le processus d'examen de la demande est toujours au point mort. Pourtant les premiers indicateurs annonçaient une fin heureuse.
La Conférence des chefs d’Etats, tenue le 4 juin 2017 à Monrovia, avait donné en effet «son accord de principe» à la demande de Rabat. En attendant l’opérationnalisation de cette intégration, la Commission de la CEDEAO, présidée alors par le Béninois Marcel de Souza, avait été chargée d’examiner les implications d’une telle adhésion conformément aux dispositions du traité révisé de la CEDEAO et de soumettre les résultats à sa prochaine session.
De l'excès de confiance au désintérêt ?
La première étude d’impact, révélée en décembre 2017 à l’occasion du sommet d’Abuja plutôt favorable au Maroc, n’est plus d’actualité. L’Ivoirien Jean Claude Brou, qui a pris les commandes de la Commission de l’organisation régionale en mars 2018, en a commandé une nouvelle. Celle-ci n’a jamais été publiée. Et il en est de même pour le rapport du comité présidentiel, composé des chefs d’Etats du Togo, Côte d’Ivoire et du Ghana mis en place lors du conclave d’Abuja précité, en vue d’adopter les termes de références et superviser l’étude approfondie des implications de l’intégration du Maroc au bloc ouest-africain.
A l’exception de ces deux grandes réunions, le dossier est depuis entré dans une longue phase d’incertitude. Les sommets ordinaires et extraordinaires de la Communauté se suivent et se ressemblent pour le Maroc. Sa requête continue d’être ignorée par le groupement régional. Du côté marocain, force est de constater que l’enthousiasme des premiers mois ayant suivi la présentation de la demande a nettement baissé d’intensité. Officiellement, le ministre des Affaires étrangères n’a tenu aucune réunion avec l’Ivoirien Jean Claude Brou. Alors que Nasser Bourita avait rencontré à deux reprises Marcel de Souza : le 29 août 2017 à Rabat et le 28 novembre de la même année à Abidjan en marge du somment Union africaine-Union européenne.
C’est dire que l’opposition du Nigéria à l’adhésion du Maroc à la CEDEAO ne peut à elle seule expliquer le blocage de la demande du royaume. Rabat assume également une part de responsabilité. Pourtant, le royaume a entre ses mains de nombreuses cartes à jouer. Outre ses investissements dans la région, son expertise dans la lutte contre les groupes terroristes est sollicitée par la majorité des membres du bloc ouest-africain. Un atout qui a balisé la voie à la participation du Maroc au sommet extraordinaire de la CEDEAO, de septembre 2019 à Ouagadougou, consacrée à la menace terroriste. Cette participation inédite n'a pour l'instant pas permis de débloquer la candidature...
Le 24 Février 2020
Source web Par Yabiladi
Les tags en relation
Les articles en relation
Sommet Russie-Afrique : Un bouleversement mondial en préparation ?
Le prochain sommet Russie-Afrique, qui se tiendra entre le 27 et 28 juillet, pourrait bien marquer un tournant dans la géopolitique mondiale. Selon Uriet Ch...
Rapport mondial sur la qualité de l'air 2023 : Des niveaux alarmants de pollution soulignent l'urge
Les données compilées à l'échelle mondiale par IQAir révèlent des niveaux alarmants de pollution atmosphérique dans de nombreuses régions, mettant e...
Un séisme politique au Sénégal : Bassirou Diomaye Faye en tête dès le premier tour
Le Sénégal est secoué par un bouleversement politique majeur alors que les premières estimations placent le candidat de l'opposition, Bassirou Diomaye F...
BAD: l'urgence est à l'industrialisation du continent africain
La Banque africaine de développement, qui a lancé son rapport 2018 sur les perspectives économiques en Afrique, accorde la priorité à l’industrialisation...
La Ruée vers les Métaux Critiques en Afrique : La Zambie au Centre des Convoitises Internationales
Actuellement, une véritable compétition se déroule en Afrique pour l'exploitation des métaux critiques, avec les grandes firmes mondiales qui se précip...
Energies: Ce que peut apporter le Maroc au continent
Contribuer à la création d’un marché africain et à son intégration à l’Europe RH et transfert du savoir-faire, décisifs pour la coopération régi...
Sahara : Une plainte à la Cour africaine des droits de l’Homme contre plusieurs Etats de l’UA
Après la Cour de justice de l’Union européenne, la Cour africaine des droits de l’Homme est la nouvelle scène de bataille juridique choisie par des parti...
PPP : Comment se débrouille le Maroc par rapport au reste de l’Afrique
Un classement peu connu de la Banque mondiale évaluant la capacité des pays à implémenter des PPP durables et efficaces permet d’apprécier de manière pr...
CEDEAO : Pourquoi l’adhésion du Maroc traîne autant ?
Le 24 février 2017, le Royaume avait déposé une demande d’adhésion à la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Bien qu�...
COP15 : l’humanité est devenue une « arme d’extinction massive », dénonce Antonio Guterres
Gazoduc Nigeria-Maroc: Signature à Rabat de cinq mémorandums d’entente tripartites CINQ MÉMORANDUMS D’ENTENTE (MOUS) TRIPARTITES ONT ÉTÉ SIGNÉS, LU...
CEDEAO : Le Maroc et Israël les grandes vedettes du sommet de Monrovia
Au 51e sommet de la CEDEAO du 4 juin, le Maroc et Israël tiendront le haut du pavé. Rabat pour l’examen de sa demande d’intégrer la Communauté et Tel-Av...