Quatre chiffres Par Nadia SALAH

Les médecins qui auront déserté leur poste devront s’expliquer. C’est ce que dit le Conseil national de l’Ordre des Mé­decins. Il semble en effet que des pra­ticiens aient fermé leur cabinet.

Mais l’Ordre lui-même s’abstient de faire le constat officiel de cet état de fait, contraire à une de leurs directives. Celle-ci leur demande de «s’efforcer de répondre à l’appel des pouvoirs publics». Pas davantage. C’est quand même un peu court.

Le plus embarrassant est pourtant ailleurs. L’embarras est dans le fait que le code de déontologie défend davantage les médecins que les citoyens et que la pratique constante de l’Ordre est justement de soutenir ses membres, contre la population. S’il ne le fait pas de manière active, alors un syndicat cocotte-minute se créera pour batailler ouvertement contre le CNOM.

Avant même que la pandémie ne soit finie, les élus et société civile doivent s’emparer de ce sujet, pour mettre à niveau cette profession, où l’image des meilleurs est détruite par des petits profiteurs.

Tout aussi embarrassant: cette question des absences aurait pu, aurait due, être posée au ministre et au ministère de la santé publique. Impossible. Ils se sont inventé une liste de seulement 4 chiffres à diffuser tous les jours. C’est ce qu’ils appellent la «communication», ou la «transparence». Pas question d’en dire davantage, pas question de diffuser une parcelle de savoir supplémentaire.

Pour expliquer comment sont faits les tests, le «communicant» ne veut pas rendre de responsabilité, même sur des sujets ultra-techniques. Il réclame alors l’anonymat. Autrement dit, il peut mentir tout son saoul. C’est le journaliste qui se retrouvera en prison pour diffusion de fausses nouvelles. Lesquelles auront empoisonné les gens.

Encore une fois, quel mépris à l’encontre des citoyens marocains, dont pourtant ces fonctionnaires et politiciens sont aussi les citoyens du même pays.

Le 31 Mars  2020

Source web Par L’économiste