Abdellatif Kabbaj : « Quand est-ce qu’on va rouvrir ? »

Le tourisme au Maroc est-il en train de perdre un bon pourcentage de ses parts de marché conséquent au flou total pour ce qui est des dates d’ouverture de ses frontières et de ses infrastructures d’accueil ? La reprise par le tourisme intérieur restera- t-elle toujours otage d’une date indéfinie, pénalisant la dynamique naissante chez les opérateurs ? Le « Permis Sanitaire » qui tarde à voir le jour est-il vraiment nécessaire, quand on sait que les hôtels solidaires hébergeant le corps médical et malades Covid-19 n’en a pas eu besoin pour tourner ? Le tourisme marocain, profondément lésé, n’a-t-il pas droit de cité dans la série de réunions tenues par le CVE ? Comment les professionnels voient la solution de cette équation à plusieurs inconnues si solution il y a ?
Le point avec Abdellatif Kabbaj, Président de la Confédération Nationale du Tourisme et Pdg du Groupe Kenzi Hotels.
Les professionnels commencent vraiment à être sur les dents face au vœu de silence qui entoure la date de lancement de la mécanique touristique. Si, chez les autres destinations, notamment concurrentes, l’agenda d’ouverture est déjà programmé et fixé, l’expectative est toujours de rigueur au Maroc.
L’absence d’annonce datée de reprise commence à peser de tout son poids sur les opérateurs qui tardent à être fixés dans le temps. « Cela ne peut pas continuer ainsi », nous explique Abdellatif Kabbaj, Président de la CNT, qui déplore l’état de statu quo «Nos partenaires des marchés émetteurs s’impatientent en nous demandant des nouvelles sur l’ouverture des frontières et des structures d’hébergement sans être capables de les renseigner avec des dates exactes». Et d’ajouter qu’un « hôtel a besoin d’un délai d’une vingtaine de jours pour se préparer et préparer ses équipes pour ouvrir. Nous avons besoin d’une réponse précise aux appels que nous lançons pour rassurer le secteur et, du coup, permettre à nos employés de retrouver leur activité». De surcroît, fait-il remarquer, précipiter l’annonce d’ouverture du jour au lendemain, comme ce fut le cas pour les cafés et les restaurants à qui on a demandé d’ouvrir du jour au lendemain, ne peut s’appliquer à des structures aussi lourdes comme les entreprises hôtelires et autres. « Nous n’avons qu’à constater ce qui se fait dans les destinations et marchés avec qui nous avons des relations touristiques et de coopération, tel la France qui ouvre en juin, pour ne pas dire que bon nombre d’entreprises hôtelières, restaurants, etc l’ont déjà fait progressivement en collaboration avec leurs Régions».
Même son de cloche surtout pour la reprise avec le tourisme intérieur, sur lequel les espoirs se focalisent pour sauver ce qui reste à sauver de la saison estival à environ 40% au meilleur des cas, s’entoure de flou. Le retard de délivrance des fameux «Permis Sanitaires» semblent ne pas être encore prêts. «Le permis sanitaire sera probablement délivré courant la semaine prochaine, faut-il encore que tous les hôteliers jouent le jeu. De leur côté, les grandes chaînes ont tôt fait de passer à l’acte en recourant à des bureaux spécialisés côté conformité sanitaire, tel le français Véritas. Au Kenzi Groupe, nous avons opté pour le bureau anglo-saxon Crystal, réputé également pour ses travaux dans plusieurs destinations européennes ». Toutefois, la mise à niveau sanitaire d’un hôtel s’avère coûteuse : « La mise en conformité sanitaire d’un hôtel se situerait facilement aux alentours de 400.000,00 DH. C’est un autre fardeau de plus qui pèse sur les épaules des hôteliers à l’arrêt depuis plus de 2 mois mais dont la trésorerie est déjà alourdie par des charges fixes astronomiques».
Parallèlement, le Président de la CNT reconnaît que la FNIH demeure sur le pied de guerre en matière de sensibilisation des hôtels membres sur les mesures sanitaires à appliquer mais, pour une reprise officielle, ils doivent se prémunir des permis sanitaires.
Mécanique complexe sans cash-flow qui suscite des interrogations : « le CVE n’a que très timidement défendu le tourisme pourtant très impacté par la crise, alors que c’est un secteur à forte employabilité, générateur de dizaines de milliards de DH en devises et grand consommateur de fournitures agro-alimentaires et autres. Le Gouvernement doit aussi jouer le jeu car notre secteur est stratégique. Cela amène à réfléchir sur le cas de pays qui ont officiellement reconnu le tourisme comme priorité nationale à supporter, d’autres sont allés jusqu’à offrir des primes de voyages, réductions, etc, le tout subventionné par les régions ». L’appel est lancé et avec lui tous les espoirs des opérateurs et collaborateurs sont suspendus. L’affranchissement ne peut avoir lieu qu’avec une annonce de reprise qui, certainement, n’est pas pour demain, mais au moins elle aura le mérite de visibilité pour un secteur très mal en point.
Le 26/05/2020
Source Web Par Premiumtravelnews
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