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#MAROC_GEOPARCS_GEOPARC_M_GOUN_GEOPARC,_JBEL_BANI - Le Maroc est un paradis pour les géologues et les paléontologues

#MAROC_GEOPARCS_GEOPARC_M_GOUN_GEOPARC,_JBEL_BANI - Le Maroc est un paradis pour les géologues et les paléontologues

L’ouvrage traite l’évolution en quatre chapitres. Le premier chapitre traite de la formation et l’expansion de l’Univers. Le deuxième chapitre est sur le Maroc, la mobilité des continents et la formation des paysages géologiques au Maroc. Le troisième chapitre parle des étapes charnières de l’évolution de la vie. Le quatrième chapitre se concentre sur l’histoire des primates et l’origine de l’humanité.

Entretien avec Abdessamad Senhaji Rhazi

«Le Maroc est un paradis pour les géologues et les paléontologues»

Nadia Ouiddar Nadia Ouiddar, 12 octobre 2020 à 19:41

Abdessamad Senhaji Rhazi remettant une copie de son ouvrage au president de l’Académie pontificale lors d’un colloque international, en présence d’une cinquantaine de scientifiques et de chercheurs du monde entier.

Abdessamad Senhaji Rhazi est un architecte passionné de préhistoire. Ses recherches sont reconnues au niveau national et international. Il a récemment publié l’ouvrage «Le Maroc carrefour de l’évolution, de l’atome à la culture».

Le Matin : Vous avez récemment publié le livre «Le Maroc carrefour de l’évolution, de l’atome à la culture». Pourriez-vous vous présenter aux lecteurs du «Matin» ?

Abdessamad Senhaji Rhazi : Je suis architecte de profession et historien de passion. J’ai commencé à me poser des questions dans les années 1996-98 avant d’entamer le travail de mon ouvrage dans les années 2000. Ce livre n’aurait jamais vu le jour sans la contribution de plusieurs scientifiques marocains et étrangers, des archéologues, astronomes, paléontologues...

Pourquoi avez-vous choisi le titre «Le Maroc carrefour de l’évolution, de l’atome à la culture» ?

Dans la première partie de ce titre, il y a une nouvelle idée qui identifie l’homme dans son environnement. L’homme est lié à l’univers par une origine atomique, à la terre par une origine chimique et à la géographie par l’identité de citoyenneté, liée à la Terre et à la religion par la croyance et à la culture par un certain comportement social. La deuxième partie de ce titre «de l’atome à la culture» veut dire de la matière à l’homme ou de la matière à la pensée, c’est-à-dire entre 14 milliards années, début de l’histoire de l’Univers, à 3 millions d’années, l’origine de l’histoire de l’humanité.

Que présente vote ouvrage précisément ?

L’ouvrage traite l’évolution en quatre chapitres. Le premier chapitre traite de la formation et l’expansion de l’Univers. Le deuxième chapitre est sur le Maroc, la mobilité des continents et la formation des paysages géologiques au Maroc. Le troisième chapitre parle des étapes charnières de l’évolution de la vie. Le quatrième chapitre se concentre sur l’histoire des primates et l’origine de l’humanité. Le fil conducteur de ces quatre chapitres est la chronologie de l’évolution. Le premier chapitre commence à partir du Big-bang. Sans le Big-bang, il n’y aurait pas eu d’atome, sans atome Il n’y aurait pas eu d’étoiles et sans étoiles il n’y aurait pas eu de galaxies et sans galaxies il n’y aurait pas eu de système solaire, par conséquent pas d’existence de la Terre, de la vie et de l’homme. L’univers est passé de l’infiniment petit de micro à 200 milliards de galaxies, chacune est d’un diamètre de plusieurs milliers ou millions ou voir des milliards d’années lumières. A titre d’exemple, le diamètre de notre voie lactée est de 107.000 années lumières.

Il y a deux vitesses d’évolution, celle qui est lente et commence à partir du Big-bang il y a 14 milliards d’années, puis qui évolue vers notre système solaire il y a 5 milliards d’années, ce qui a engendré la formation de notre Terre (4,6 milliards d’années). Par la suite, l’apparition de la première bactérie (3,8 milliards d’années), aux multicellulaires il y a 2,2 milliards d’années (ALBANI). La deuxième vitesse est accélérée depuis 520 millions d’années, par l’explosion du Cambrien sous l’eau, en passant par la sortie de la vie sur Terre ferme il y a 400 millions d’années et par l’émergence des dinosaures (290 millions d’années), jusqu’au début de l’histoire de l’Humanité il y a 3 millions d’années.

Le deuxième chapitre explique, grâce à la géologie, la destinée du Maroc esquissée dans les temps il y a plus de 3 milliards d’années parce qu’il a fait un long voyage à travers le globe. Le Maroc a subi des fluctuations géologiques au sein des masses terrestres suivant un cycle de ballet des mouvements tectoniques. Tantôt il se trouve au pôle nord, tantôt au pôle sud. Il y a un cycle aussi qui a rythmé ces mouvements tectoniques entre la dislocation et le regroupement des masses continentales, 200 millions d’années pour leur dispersion et 200 millions d’années pour leur regroupement. Depuis la fracturation de la Pangée il y a environ 350 millions d’années, nous sommes en étape encore de regroupement. La Pangée a engendré pour le Maroc trois étapes importantes : la formation de l’orogenèse hercynienne, puis l’ouverture de l’Atlantique et à la fin la naissance de la Méditerranée.

Dans le troisième chapitre, il y a les étapes clés de l’évolution de la vie : l’apparition des premiers procaryotes (3,8 milliards d’années) et la naissance de la photosynthèse (3 milliards d’années) qui a fait réduire le CO2 et augmenter l’oxygène né il y a 2,4 milliards d’années. Ceci a engendré la formation de l’ozone il y a environ 2 milliards d’années. Tous ces éléments évolutifs ont permis le passage des procaryotes aux eucaryotes (1,5 milliards d’années), c’est-à-dire l’évolution des organismes sans noyaux aux multicellulaires avec noyaux.

Il y a aussi l’étape importante de la minéralisation des squelettes, les organismes ayant acquis un squelette, ou une structure, 600 millions d’années, ce qui a permis par la suite le passage de la vie sous marine à la vie sur Terre, il y a 400 millions d’années, avec la sortie des arthropodes de l’eau sur terre puis successivement d’autres espèces. Le livre parle aussi de l’apparition des dinosaures il y a 290 millions d’années jusqu’à leur extinction il y a 70 millions d’années. La disparition des dinosaures a laissé des niches écologiques vides qui ont été remplies par les primates, ce qui entame le quatrième chapitre.

Le Maroc est un paradis pour les géologues et les paléontologues, on y trouve toutes les preuves des évolutions de la formation de la Terre. Par conséquent, on y trouve archivées des preuves de la vie. Le Maroc a pu archiver beaucoup de fossiles de chaque étape de l’évolution de la vie, d’où le fait qu’il attire les chercheurs internationaux. C’est pour cela que je dis que le Maroc est devenu un carrefour de l’évolution grâce à sa position géographique.

Concernant le quatrième chapitre de l’histoire des primates, il commence avec le Cénozoïque qui débute il y a environ soixante-dix millions d’années, soit juste après la disparition des dinosaures. Cette période géologique s’étend jusqu’à nos jours : elle voit à ses débuts l’explosion des Mammifères qui profitent des niches écologiques laissées vacantes. Durant cette ère, quelques formes de mammifères simples ont divergé en différents embranchements d’animaux terrestres, marins et aériens. L’évolution des angiospermes et des oiseaux a également été significative.

La lignée des primates primitifs forme un groupe zoologique qui réunit dans le temps, en premier lieu, la découverte dans le Haut-Atlas au Maroc de fossiles de dents de petits primates Altiatlasius, apparus juste après la disparition des dinosaures et qui datent de 58 millions d’années, semblables à leurs cousins découverts aux États-Unis et datant relativement de la même époque. Ensuite l’apparition des anthropoïdes, des petits singes avec une longue queue de l’ancien monde qu’on appelle les Catarhiniens et ceux du nouveau monde qu’on appelle Les Platyrhiniens. Les premiers fossiles de mammifères placentaires connus en Afrique ont été trouvés dans les bassins à phosphates du Maroc sur le site des Ouled Abdoun, et datent du Paléocène à l’Éocène (-65/-56 millions d’années). Par la suite il y a l’apparition au Miocène (23 millions d’années) des grands singes sans queue en Afrique que les paléontologues nomment les Hominoïdes. Sur cette lignée des grands singes, le dernier type avant la lignée des pré-humains, serait le Samburupithèque (8 à 9 millions d’années). Les premiers candidats de la lignée pré-humaine sont attestés par les découvertes de Toumai, avec le début de la bipédie (7 millions d’années), Orrorin, confirmation de la bipédie (6 millions d’années) et, enfin, le bras de l’Ardripithecus, long et puissant, montre qu’il est arboricole, sa phalange du pied d’une taille longue, rappelle celle de l’homme (5 millions d’années). Puis apparaissent les Hominiens comme Lucy, découverte en Afrique orientale et qui date 3,2 millions d’années.

L’homme charnière entre ces dernières espèces et le genre Homo est l’Homo habilis. Il a acquis totalement la bipédie pour pouvoir quitter l’Afrique et marcher sur de longues distances. Il a acquis une pensée abstraite et est habile de ses mains pour fabriquer un outil. Plusieurs de ses fossiles ont été découverts à Olduvai en Tanzanie. Des fossiles d’Homo erectus, plus évolués que l’Homo Habilis, ont été découverts partout en Afrique et à Casablanca, ceux découverts dans la Carrière Thomas datent de 500.000 ans ont été restitués par Yves Coppens entre les mains de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Le Maroc a livré le plus ancien fossile d’Homo sapiens de l’Humanité datant de 300.000 ans, découvert près d’Essaouira à Jbel Irhoud.

Il est à rappeler pour cette lignée humaine des apports évolutifs :

1. Les comportements innés instinctifs, déterminés génétiquement et qui ne nécessitent pas d’apprentissage préalable comme l’orientation des oiseaux qui est innée ou la fabrication ingénieuse de la toile d’araignée. L’Homme quitte donc l’instinct du comportement animal, qui est celui de l’inné, et entre dans une nouvelle dimension, celle de l’acquis, pour inaugurer une nouvelle sphère culturelle.

2. L’apport de la biologie moléculaire montre une différence génétique de près de 2% entre les singes et l’homme. Les grands singes ont tous 48 chromosomes, alors que l’Homme n’en a que 46.

3. L’acquisition de la bipédie, l’apanage de l’Homme. Elle facilite les relations sociales, par opposition aux animaux, lesquels marchent à quatre pattes. L’acquisition de la bipédie exclusive caractérise le genre Homo : libération de la main, accroissement du cerveau et apparition de nouvelles capacités cognitives. Avec la bipédie, l’Homme devient un inventeur et un innovateur.

4. L’évolution du cerveau : ce n’est que l’aboutissement de la maîtrise de la bipédie permanente. En effet, l’évolution du volume cérébral est en rapport avec la taille du corps et son poids. Ce qui représente un défi adaptif sur plusieurs plans – entre autres, physiologique et anatomique. Le cerveau est plus facilement refroidi avec la bipédie. La régulation thermique de l’énergie, absorbée à l’extrême par le corps des quadrupèdes, a été résolue en partie avec l’acquisition de la bipédie. C’est au stade Homo ergaster que cette régulation thermique est acquise.

5. L’outil et la pensée abstraite : Yves Coppens et Pascal Picq décrivent l’Homme comme le seul animal capable de planifier mentalement les actions nécessaires à la fabrication d’un outil. Cette faculté est basée sur la représentation mentale, depuis considérée comme le critère majeur identifiant la culture humaine. La dépendance à l’égard des outils semble, d’une part, être influencée par divers autres facteurs, dont la richesse du milieu dans lequel s’inscrit une population, et d’autre part, en association avec l’augmentation du volume du cerveau et le progrès de l’industrie lithique.

6. L’accès au langage. Il vient après l’accès à l’outil et en est le complément. Le langage humain et le langage animal sont de nature différente. Les hommes disposent de techniques dont la diversité est sans commune mesure avec celles de l’animal, chimpanzé compris. L’origine du langage est assez complexe : il est un moyen de communiquer entre les membres d’un groupe, il est conçu comme un système de communication fondé sur la cause et l’effet, dans l’usage duquel l’apprentissage joue un rôle important par l’observation.

Votre ouvrage est-il destiné aux scientifiques ?

Ça peut servir comme support didactique pour les enseignants et étudiants, mais il est aussi destiné à un large public averti. Il est relativement vulgarisé et très illustré par des photos et des schémas.

Un nouveau projet ?

Mon prochain ouvrage sera focalisé sur les valeurs des sciences islamiques et leurs apports aux sciences modernes.

Le 14/10/2020

Source Web Par Le Matin

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