Tourisme rural : pourquoi le Maroc n’en profite pas (Dossier Spécial)
L’activité du tourisme rural est peu développée au Maroc. Résultats, des opportunités d’emploi échappent aux jeunes et aux femmes notamment.
Partant du constat que l’agriculture ne peut pas être la seule réponse à toutes les problématiques du monde rural, le tourisme est un outil de développement des espaces ruraux à travers la création de nouvelles ressources pour la population rurale. Sous-valorisée, l’activité du tourisme rural n’est pas suffisamment exploitée au Maroc pour offrir des possibilités d’emploi aux femmes et aux jeunes ruraux. «Souvent, l’espace rural est associé à l’arrière-pays des destinations. Il est considéré comme étant une activité complémentaire aux produits phares déjà existants au niveau des principales destinations touristiques du royaume», explique Abdelhakim Sabri, président du Réseau de développement touristique rural (RDTR).
C’est pourquoi «on ne peut pas développer cette niche touristique avec les mêmes paramètres consacrés au tourisme de masse», ajoute-t-il. Conséquence directe: le tourisme rural n’est pas encore reconnu en tant que produit touristique à part entière, qui peut améliorer les indicateurs sociaux au sein des espaces ruraux. «Même sur le plan de la politique de promotion touristique, la participation de la destination Maroc ne couvre pas les salons thématiques dédiés à cette niche touristique. Si les conditions sont réunies, la clientèle touristique qui est motivée par cette activité peut contribuer au développement socioéconomique des espaces ruraux conformément au discours royal du 20 août 2019 où le souverain avait insisté sur l’exploitation de toutes les potentialités du monde rural et la valorisation des opportunités et des potentialités que recèlent les autres filières non agricoles comme le tourisme rural, le commerce et les industries du terroir», remarque Sabri. Le même constat est partagé par Hassan Aboutayeb, consultant en tourisme et développement durable et fondateur de l’Ecolodge Atlas Kasbah. «Au-delà des quelques zones côtières et montagneuses où les clients sont localisés, la mise en valeur des espaces ruraux est loin d’être exploitée», souligne-t-il.
Une planification avant le développement
«Il est temps de réfléchir au tourisme rural en se basant sur une planification touristique et un développement avec une exploitation durable des espaces ruraux et non pas le contraire», souligne Hassan Aboutayeb. Dans ce sens, la régionalisation avancée offre, selon Aboutayeb, un cadre propice au développement de cette activité avec des acteurs ruraux de proximité qui maîtrisent à la fois l’offre touristique de chaque région et connaissent en même temps le produit et les principales contraintes posées sur le plan de la formation et la réhabilitation du produit (structures touristiques) en plus de la promotion touristique à commencer par la connectivité des territoires ruraux. L’accès à la technologie est également essentiel pour permettre aux TPME locales et touristiques d’accéder au marché et promouvoir l’inclusion de prestataires de toutes tailles dans la chaîne de valeur du tourisme rural. «Au-delà des facteurs structurels auxquels est confronté le tourisme rural, les perspectives post-Covid-19 offrent une opportunité de développement de cette niche. La demande touristique après la pandémie peut favoriser des zones à moindre concentration de populations, notamment le milieu rural et naturel avec des exigences en termes d’hygiène», explique Aboutayeb.
Le tourisme intérieur peut profiter au milieu rural
Selon l’Organisation mondial du tourisme (OMT), le tourisme intérieur reprendra avant le tourisme international. Cette tendance pourrait profiter aux communautés rurales, notamment en protégeant les moyens de subsistance et en stimulant les économies locales. C’est la raison pour laquelle la demande des voyageurs pour de nouvelles expériences autour de la nature, de la culture et des produits locaux, ainsi que l’engagement communautaire, offrent des possibilités de revitalisation économique. De ce fait, la création de nouvelles possibilités d’emplois et d’activités économiques en milieu rural nécessite une bonne connectivité, des investissements, un soutien à la promotion et à la préservation du patrimoine naturel et culturel, le développement de compétences et de produits adéquats ainsi qu’une forte coopération public-public. Par ailleurs, la promotion du tourisme en milieu rural permet de réduire la pression sur les lieux les plus visités dans les villes.
Quel rôle pour le secteur public?
Le secteur public a un rôle important à jouer pour renforcer la contribution du tourisme au développement rural à travers la confection de programmes intégrés pour ces zones. Au niveau local, il est difficile d’attirer les investisseurs du secteur privé et de retenir la population sans investissement du secteur public. Ce dernier a également un rôle à jouer pour qu’une infrastructure matérielle soit bien mise en place dans le cadre d’un aménagement du territoire tout en assurant aux touristes une découverte facile des zones rurales.
Le 23/03/2021
Source web Par : leseco
Les tags en relation
Les articles en relation
Amir Ohana : Israël devrait reconnaître la souveraineté du Maroc sur son Sahara
Ce jeudi 8 juin, le président de la Knesset, Amir Ohana, a annoncé, au nom de son institution, la 3ème en importance de l’Etat d’Israël, reconnaître la...
Le droit des déchets au Maroc et son analyse exposés dans un ouvrage inédit
Le traitement fait figure de parent pauvre parmi les préoccupations des décideurs La gestion des déchets qui regroupe la collecte, le négoce et le courta...
Tourisme : Casablanca met le cap sur 2030 (VIDEO)
Promouvoir le tourisme en tant que catalyseur du développement socio-économique de la région, c’est l’un des objectifs du Forum interactif du tourisme qu...
Voyages et vacances d’été : quelles sont les perspectives en 2020 ?
Les Français partiront-ils en vacances en grand nombre cet été ? Vont-ils privilégier les hébergements non-marchands ? Une étude commandée par Bpifrance ...
Tourisme: La région du nord à l’assaut de l’Andalousie
En plus de la participation des professionnels de la région, près de soixante agents de voyages et hôteliers espagnols en moyenne ont pris part à chacun des...
Tourisme: Deux avis opposés sur l'année 2016
A mi-parcours de l’année en cours, la situation déjà peu florissante du tourisme connaiît un coup d’arrêt avec la période du ramadan. C'est l’oc...
Marrakech et Agadir à vendre
En faillite pour cause de crise sanitaire et ses multiples restrictions, de nombreux hôtels désespérément vides sont aujourd’hui mis à l’encan dans l...
Safran de Taliouine : Plus qu’une épice
Le Maroc est connu pour sa richesse en produits du terroir dont chaque région possède sa part spécifique en genre, diversité, et qualité. Le Souss-Massa ne...
Association Marocaine de développement du Géoparc du Jbel Bani Tata Drâa AMDGJB
Rencontre de Association Marocaine de développement du Géoparc du Jbel Bani Tata Drâa avec les apiculteurs d'Aigou à la province de Tata en décembre 20...
Al Mountada : Le CRI Béni Mellal-Khénifra présente sa banque de projets
Au cours d’une rencontre organisée par le think tank Le CRI Béni Mellal-Khénifra a exposé les opportunités d’investissement dans la région aux repr...
Le tourisme n’est pas près de reprendre du poil de la bête
Bien que l’afflux des MRE et autres touristes soit là Près de 4.000 passagers arrivent par jour au Maroc depuis la reprise des vols le 15 juin dernier. Et c...
La RAM se met au service du tourisme
Grande nouveauté, la Royal Air Maroc vient de lancer un portail proposant des milliers d’hôtels en ligne avec paiement. Une belle initiative qui va permettr...