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Prix Goncourt : quand le succès vire au cauchemar

Prix Goncourt : quand le succès vire au cauchemar

La révélation du prix Goncourt est, comme chaque année un honneur inouï pour l’auteur récompensé. Ce mercredi 3 novembre il a couronné l’écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr pour « La plus secrète mémoire des hommes ». Pourtant, certaines belles histoires du Goncourt ont pu virer au cauchemar. Retour sur quelques ratés, plus ou moins excusables, du palmarès. Deuxième épisode de notre série consacrée au prix Goncourt.

L’erreur est humaine, comme la réussite. Rendez-vous incontournable de la vie littéraire, le prix Goncourt n’enregistre pas un parcours sans faute : oublis, injustices, sacres qui tournent mal, suffrages corrompus, échecs commerciaux, lauréats tombés dans l’oubli… Et qui aime bien châtie bien. Revenons sur les « ratés » du Graal littéraire français.

Ce mercredi 3 novembre le prix Goncourt a récompensé à Mohamed Mbougar Sarr pour « La plus secrète mémoire des hommes » (Editions Philippe Rey, 2021)

Un Goncourt invendable

Vendu en moyenne à 400 000 exemplaires en grand format, un Goncourt est la garantie systématique d’un grand succès commercial. Mais il arrive que celui-ci ne soit pas de l’ampleur espérée. « Les lecteurs s’attendent, de la part du Goncourt, à des romans de facture classique. Dès que l’Académie opte pour l’avant-garde, elle prend un risque auprès du public et des libraires ! Un Goncourt, il faut que ça marche. Si ce n’est pas le cas, on fait des mécontents », explique Olivier Boura, auteur du passionnant Un siècle de Goncourt (Arléa, 2003).

En 2000, la frustration est grande lorsque l’Académie choisit de distinguer Ingrid Caven du Marseillais Jean-Jacques Schuhl – encensé par la critique mais jugé « invendable » par les libraires. L’année suivante, les jurés se rattrapent en primant le très accessible Rouge Brésil de Jean-Christophe Rufin. Avant d’opter de nouveau pour un auteur exigeant avec Pascal Quignard et ses Ombres errantes. À la frontière de l’essai, du récit autobiographique et du poème en prose, ce livre, inclassable, restera dans les annales comme un Goncourt difficile.

Et polémique ! Furieux du résultat du suffrage, Jorge Semprun claque la porte et dénonce une imposture. « Le livre n’a pas séduit le commun des lecteurs, mais l’auteur est en revanche apprécié », analyse Olivier Boura. À l’époque, la gloire de Pascal Quignard (connu pour Tous les matins du monde et Terrasse à Rome – distingué par le Grand Prix de l’Académie française) est en effet déjà établie. Certaines cuvées couronnent une œuvre au sens large, le Goncourt pouvant aussi faire office de lot de consolation pour les boudés du Nobel de littérature…

Des auteurs « Goncourt compatible » oubliés du palmarès

Dans le secret des délibérations, la désignation du Goncourt prend parfois des airs d’élection pontificale. Les années où les jurés n’arrivent pas à s’entendre, ils remettent le prix à un candidat de compromis dont, généralement, des années plus tard, le nom a tout l’air d’avoir été sorti du chapeau. Comment expliquer qu’en 1924 Le Chèvrefeuille de Thierry Sandre – aujourd’hui complètement oublié – ait été préféré au livre d’Henry de Montherlant ou à celui de Maurice Genevoix, deux finalistes de poids ? Un an plus tard, Henri Deberly et son Supplice de Phèdre remportent la mise contre Sous le soleil de Satan de Georges Bernanos…

Mais les palmarès brillent aussi par les grands absents. Dans la catégorie des auteurs oubliés, citons, par exemple, Jean Giono qui, malgré sa trentaine de romans et un profil très « Goncourt compatible », n’a jamais réussi à décrocher le moindre titre. Désireuse de rectifier le tir, l’Académie lui propose de devenir membre de jury : en 1954, il est élu chez Drouant au siège de feue Colette. « Certains épisodes apparaissent comme des injustices, car notre regard est inévitablement rétrospectif », souligne l’historien Olivier Boura.

Prenons le cas du pauvre Marius Grout, victorieux de la jeune Simone de Beauvoir, pressentie en 1943 pour L’Invitée. À l’étonnement général, le prix ira finalement à Passage de l’homme, avant que… le lauréat surprise ne meure prématurément trois ans plus tard ! « Son livre était excellent !, assure Boura. Qui sait quel aurait été son destin littéraire s’il avait vécu plus longtemps ? » À ce titre, signalons aussi le cas d’Anna Langfus, Goncourt 1962 pour Les Bagages de sable, un beau roman sur l’incapacité à se réinsérer dans la vie après avoir survécu à la Shoah. Victime d’une crise cardiaque quatre ans après son sacre, la Franco-Polonaise n’aura hélas pas le temps de donner toute sa mesure à son œuvre…

La « crassouillerie » des « gendelettres »

L’Académie s’est aussi parfois illustrée, disons-le, pour son incompétence crasse. L’Affaire Céline restera à jamais comme le symbole de l’aspect corrompu des prix littéraires. En 1932, Les Loups de Guy Mazeline – assommante saga sur le déclin d’une riche famille industrielle du Havre – l’emporte sur Voyage au bout de la nuit… Comment expliquer ce fiasco ? Ardemment soutenu par Léon Daudet, le Voyage avait aussi les faveurs de Lucien Descaves, membre fondateur de l’Académie. Mais au moment crucial, retournement de situation : Mazeline sort du chapeau avec six voix contre trois. D’aucuns soutiennent que les jurés auraient cédé aux pressions de Gallimard, éliminant bassement le meilleur des candidats, publié par Robert Denoël. Piqué au vif, Céline s’empressera de dénoncer la « crassouillerie » des « gendelettres », non sans profiter du tapage médiatique provoqué par le scandale…

Un peu plus d’un demi-siècle après, la star Michel Houellebecq se voit voler la vedette devant un parterre de journalistes venus assister au sacre des Particules élémentaires. À la surprise générale, c’est pourtant Confidence pour confidence, de Paule Constant, qui sortira victorieux du scrutin (l’auteure ayant manqué le prix de justesse, quatre ans plus tôt, pour le très réussi La Fille du Gobernator). Mauvais perdant, Houellebecq attaque la lauréate dans la presse. Il devra patienter dix ans avant de remporter le Goncourt pour La Carte et le Territoire.

Quant à la malheureuse Paule Constant, elle souffrira longtemps d’être sans cesse présentée comme « celle qui a volé le Goncourt à Houellebecq ». La prolifique romancière – qui, ironie du sort, siège à l’Académie depuis 2013 – ne souhaite plus s’exprimer sur cet épisode.

L’erreur est humaine, comme la réussite. Rendez-vous incontournable de la vie littéraire, le prix Goncourt n’enregistre pas un parcours sans faute : oublis, injustices, sacres qui tournent mal, suffrages corrompus, échecs commerciaux, lauréats tombés dans l’oubli… Et qui aime bien châtie bien. Revenons sur les « ratés » du Graal littéraire français.

Ce mercredi 3 novembre le prix Goncourt a récompensé à Mohamed Mbougar Sarr pour « La plus secrète mémoire des hommes » (Editions Philippe Rey, 2021)

Un Goncourt invendable                                 

Vendu en moyenne à 400 000 exemplaires en grand format, un Goncourt est la garantie systématique d’un grand succès commercial. Mais il arrive que celui-ci ne soit pas de l’ampleur espérée. « Les lecteurs s’attendent, de la part du Goncourt, à des romans de facture classique. Dès que l’Académie opte pour l’avant-garde, elle prend un risque auprès du public et des libraires ! Un Goncourt, il faut que ça marche. Si ce n’est pas le cas, on fait des mécontents », explique Olivier Boura, auteur du passionnant Un siècle de Goncourt (Arléa, 2003).

En 2000, la frustration est grande lorsque l’Académie choisit de distinguer Ingrid Caven du Marseillais Jean-Jacques Schuhl – encensé par la critique mais jugé « invendable » par les libraires. L’année suivante, les jurés se rattrapent en primant le très accessible Rouge Brésil de Jean-Christophe Rufin. Avant d’opter de nouveau pour un auteur exigeant avec Pascal Quignard et ses Ombres errantes. À la frontière de l’essai, du récit autobiographique et du poème en prose, ce livre, inclassable, restera dans les annales comme un Goncourt difficile.

Et polémique ! Furieux du résultat du suffrage, Jorge Semprun claque la porte et dénonce une imposture. « Le livre n’a pas séduit le commun des lecteurs, mais l’auteur est en revanche apprécié », analyse Olivier Boura. À l’époque, la gloire de Pascal Quignard (connu pour Tous les matins du monde et Terrasse à Rome – distingué par le Grand Prix de l’Académie française) est en effet déjà établie. Certaines cuvées couronnent une œuvre au sens large, le Goncourt pouvant aussi faire office de lot de consolation pour les boudés du Nobel de littérature…

Des auteurs « Goncourt compatible » oubliés du palmarès

Dans le secret des délibérations, la désignation du Goncourt prend parfois des airs d’élection pontificale. Les années où les jurés n’arrivent pas à s’entendre, ils remettent le prix à un candidat de compromis dont, généralement, des années plus tard, le nom a tout l’air d’avoir été sorti du chapeau. Comment expliquer qu’en 1924 Le Chèvrefeuille de Thierry Sandre – aujourd’hui complètement oublié – ait été préféré au livre d’Henry de Montherlant ou à celui de Maurice Genevoix, deux finalistes de poids ? Un an plus tard, Henri Deberly et son Supplice de Phèdre remportent la mise contre Sous le soleil de Satan de Georges Bernanos…

Mais les palmarès brillent aussi par les grands absents. Dans la catégorie des auteurs oubliés, citons, par exemple, Jean Giono qui, malgré sa trentaine de romans et un profil très « Goncourt compatible », n’a jamais réussi à décrocher le moindre titre. Désireuse de rectifier le tir, l’Académie lui propose de devenir membre de jury : en 1954, il est élu chez Drouant au siège de feue Colette. « Certains épisodes apparaissent comme des injustices, car notre regard est inévitablement rétrospectif », souligne l’historien Olivier Boura.

[Pressentie en 1943 pour « L’Invitée », Simone de Beauvoir n’a finalement pas reçu le prestigieux prix Goncourt.]

Pressentie en 1943 pour « L’Invitée », Simone de Beauvoir n’a finalement pas reçu le prestigieux prix Goncourt. | DR

Prenons le cas du pauvre Marius Grout, victorieux de la jeune Simone de Beauvoir, pressentie en 1943 pour L’Invitée. À l’étonnement général, le prix ira finalement à Passage de l’homme, avant que… le lauréat surprise ne meure prématurément trois ans plus tard ! « Son livre était excellent !, assure Boura. Qui sait quel aurait été son destin littéraire s’il avait vécu plus longtemps ? » À ce titre, signalons aussi le cas d’Anna Langfus, Goncourt 1962 pour Les Bagages de sable, un beau roman sur l’incapacité à se réinsérer dans la vie après avoir survécu à la Shoah. Victime d’une crise cardiaque quatre ans après son sacre, la Franco-Polonaise n’aura hélas pas le temps de donner toute sa mesure à son œuvre…

La « crassouillerie » des « gendelettres »

L’Académie s’est aussi parfois illustrée, disons-le, pour son incompétence crasse. L’Affaire Céline restera à jamais comme le symbole de l’aspect corrompu des prix littéraires. En 1932, Les Loups de Guy Mazeline – assommante saga sur le déclin d’une riche famille industrielle du Havre – l’emporte sur Voyage au bout de la nuit… Comment expliquer ce fiasco ? Ardemment soutenu par Léon Daudet, le Voyage avait aussi les faveurs de Lucien Descaves, membre fondateur de l’Académie. Mais au moment crucial, retournement de situation : Mazeline sort du chapeau avec six voix contre trois. D’aucuns soutiennent que les jurés auraient cédé aux pressions de Gallimard, éliminant bassement le meilleur des candidats, publié par Robert Denoël. Piqué au vif, Céline s’empressera de dénoncer la « crassouillerie » des « gendelettres », non sans profiter du tapage médiatique provoqué par le scandale…

Un peu plus d’un demi-siècle après, la star Michel Houellebecq se voit voler la vedette devant un parterre de journalistes venus assister au sacre des Particules élémentaires. À la surprise générale, c’est pourtant Confidence pour confidence, de Paule Constant, qui sortira victorieux du scrutin (l’auteure ayant manqué le prix de justesse, quatre ans plus tôt, pour le très réussi La Fille du Gobernator). Mauvais perdant, Houellebecq attaque la lauréate dans la presse. Il devra patienter dix ans avant de remporter le Goncourt pour La Carte et le Territoire.

Quant à la malheureuse Paule Constant, elle souffrira longtemps d’être sans cesse présentée comme « celle qui a volé le Goncourt à Houellebecq ». La prolifique romancière – qui, ironie du sort, siège à l’Académie depuis 2013 – ne souhaite plus s’exprimer sur cet épisode.

[Michel Houellebecq a reçu le prix Goncourt en 2010 pour « La carte et le Territoire ».]

Michel Houellebecq a reçu le prix Goncourt en 2010 pour « La carte et le Territoire ». | AFP PHOTO/MIGUEL MEDINA

Poursuivre son œuvre loin des projecteurs

Certains supposés « ratages » doivent être relativisés à la lumière des circonstances et de la postérité du lauréat. Récompensé en 1976, Les Flamboyants de Patrick Grainville ne rencontre qu’un succès modéré en librairies, le roman étant jugé un peu trop baroque pour le grand public. Ce qui n’empêche pas le jeune homme à la mèche de poursuivre paisiblement son petit bonhomme de chemin littéraire, et de se créer une certaine notoriété grâce à ses envolées cabotines chez Bernard Pivot. Auteur d’une trentaine de romans, il est de ces jeunes lauréats que le Goncourt n’a pas tués.

Qu’en est-il de Pascale Roze, lauréate 1996, attaquée pour son déroutant et très bref Chasseur zéro, souvent moqué et pris en exemple des Goncourt aberrants ? Devenue jurée du prix Médicis, elle a publié une petite dizaine de livres, dont certains sont étudiés lors de colloques universitaires. Le très discret Michel Host, lauréat 1986 pour Valet de nuit, a choisi de poursuivre son œuvre loin des projecteurs. Chez de (très) petits éditeurs… « Tous les Goncourt n’ont pas vocation à devenir des stars. Beaucoup sont contents de retrouver le calme de l’anonymat ! »

Un « retour sur Terre » parfois complexe

D’autant que, après la violence du propulseur médiatico-commercial qu’est le Goncourt, le « retour sur Terre » peut parfois s’avérer complexe, mettant le narcissisme de l’écrivain à rude épreuve. Récompensé à 48 ans pour L’Art français de la guerre, le Lyonnais Alexis Jenni dit pourtant « ne pas souffrir du tout » de la chute considérable de ses ventes. Après un Goncourt écoulé à « seulement » 250 000 copies, ses nouveaux livres peinent aujourd’hui à dépasser les 5 000 exemplaires. « Le prix m’a permis de continuer à écrire dans de meilleures conditions, raconte-t-il. J’ai pu me mettre en disponibilité pour me consacrer à plein temps à l’écriture. Sept ans plus tard, je vis encore en partie des droits du prix. Le Goncourt m’a offert ma liberté, et tout ce qui compte pour moi ! »

Là était exactement le souhait des fondateurs du prix. En 1889, Edmond de Goncourt confiait : « Notre idée a été d’aider à l’éclosion des talents, de les tirer des difficultés matérielles de la vie, et de les mettre en mesure de travailler efficacement […]. Nous voulons libérer nos académiciens des besognes de fonctionnaires ou des œuvres basses du journalisme. »

Quand le sacre vire au calvaire

La gloire peut durablement ébranler un auteur et se payer au prix fort. Goncourt 1972 pour L’Épervier de Maheux, Jean Carrière vit très mal son succès et voit son sacre virer au calvaire en quelques semaines. Mal préparé à la pression et fragilisé par des problèmes familiaux, le malheureux divorce, tombe dans la dépression, fuit Paris et n’écrit plus une ligne pendant près de quinze ans. Il finira par régler ses comptes dans Le Prix d’un Goncourt, un livre amer où il raconte sa détestation du milieu littéraire. Ce dernier ne lui pardonnera pas. Relégué au rayon de la littérature régionaliste, Carrière meurt en 2005, dans l’indifférence générale.

En guise de remède à la mélancolie, d’autres dépensent avec prodigalité. Goncourt 1985 pour Les Noces barbares, Yann Queffélec se souvient : « Recevoir le prix a bien sûr été un très grand plaisir. Mais j’ai aussi ressenti une forme de honte liée au fait que mon père, romancier avant moi, n’avait jamais réussi à l’avoir. J’ai eu l’impression de lui usurper cette chance. C’est sans doute pour cela que l’argent du Goncourt ne m’a pas collé aux doigts… J’ai voulu tout dépenser très vite, pour me débarrasser de ce poids ! »

À l’autre bout de l’échelle émotionnelle, notons le cas Paul Colin, Goncourt 1950 pour Les Jeux sauvages. Lorsqu’on lui demande quel sera le sujet de son prochain livre, il répond : « Ah, parce qu’il faut en écrire un autre ? » Et le lauréat de s’acheter une ferme dans le Var et de se mettre au vert… « C’est un écrivain besogneux, qui avait mangé beaucoup de vaches enragées avant de décrocher le prix, explique Olivier Boura. D’où le choix audacieux de prendre sa retraite anticipée une fois la récompense suprême obtenue ! Si l’on considère que le rôle du Goncourt est de détecter des auteurs qui vont nourrir la machine à fiction pendant des décennies, c’est un beau raté pour l’Académie ! »

Les gros ratages de l’Académie Goncourt

Il arrive aussi que l’Académie se prenne les pieds dans le tapis pour des motifs extra-littéraires. La preuve, en 1960, avec le Roumain francophile Vintila Horia, couronné pour Dieu est né en exil. Au lendemain de l’annonce du prix, L’Humanité et Les Lettres françaises, dirigées par Louis Aragon, révèlent avec fracas que, dans les années 1930, le chouchou des Goncourt a été militant fasciste et membre antisémite et pronazi de la Garde de fer. Un passé qui ne passe pas dans cette France d’après-guerre… Le prix ne sera jamais décerné, et Horia s’exilera en Espagne.

Au rayon des ratages plus pragmatiques, signalons, pour finir, les empêchements techniques. En 1914, voyant les Allemands s’approcher dangereusement de Paris, les membres de l’Académie décident de reporter le prix. Puis, effort de guerre oblige, ne récompensent que des écrivains combattants pendant toute la durée du conflit. D’où les réactions contrastées lorsque la page est tournée moins d’un an après l’armistice. En 1919, Marcel Proust remporte la mise avec À l’ombre des jeunes filles en fleurs, laissant sur le carreau Les Croix de bois de Roland Dorgelès. L’année suivante, le lauréat se nommera… Ernest Pérochon, pour Nêne – difficile, pour la postérité, de passer après le « petit Marcel »… Mais, au fond, tous ces petits accidents de parcours ne sont-ils pas essentiels à légende du Goncourt ?

Cet article a été initialement publié dans Lire Magazine littéraire en novembre 2018.

Le 03/11/2021

Source web Par : ouest-france

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