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Spinosaure découvert au Maroc : « Un spécimen unique au monde » (Pr. Samir Zouhri)

Spinosaure découvert au Maroc : « Un spécimen unique au monde » (Pr. Samir Zouhri)

Une équipe internationale de paléontologues a découvert à Kem Kem, dans le sud du Maroc, les restes d’un dinosaure aquatique appelé "Spinosaure aegyptiacus". Retour sur les principales étapes de cette découverte et sur les caractéristiques de cette espèce avec le professeur Samir Zouhri, du département de géologie de la Faculté des sciences d’Ain Chock à Casablanca.

Contacté par Médias24, le Pr. Zouhri nous confie qu’il s’agit d’un travail d’une douzaine d’années impliquant une équipe de chercheurs internationaux venant des Etats-Unis, d’Angleterre et d’Italie.

« Nous avons commencé à travailler dans la région de Kem Kem en 2007. En 2008, nous avons trouvé les premiers fossiles de ce ‘Spinosaure aegyptiacus’. Les résultats de cette découverte ont été publiés dans la revue ‘Science’. Dans cette étude, nous avions expliqué que ce dinosaure était probablement semi-aquatique, parce qu’il présente une certaine adaptation à la vie aquatique, qu’on retrouve chez les animaux aquatiques, tels que les hippopotames ».

« Ce dinosaure a des pattes très courtes, des mains et des pieds très larges, et des os allongés et très larges ».

« En 2014, nous avons retrouvé d’autres fossiles qui confirment la série d’adaptations pour un mode de vie aquatique. Certains collègues n’ont pas accepté cette proposition. Nous étions donc obligés de retourner sur le terrain pour effectuer d’autres fouilles afin de trouver d’autres fossiles de ce dinosaure ».

« De 2015 à 2019, nous avons effectué plusieurs missions de trois à quatre semaines sur le terrain, ce qui nous a permis de trouver la queue de ce dinosaure, constituée de vertèbres particulières, et qui fait plusieurs mètres de long ».

« Au total, nous avons trouvé une quarantaine de vertèbres. Chacune dispose, en haut, d’une épine ou d’une sorte d’antenne de 60 centimètres, et en bas, d’un chevron d’une vingtaine de centimètres. La queue était donc d’une largeur d’environ 1m20. Ce n’est pas une queue normale, comme celles qu’on retrouve chez les animaux terrestres. On peut dire qu’elle ressemble plus à une nageoire« .

« Nous avons ensuite travaillé avec deux chercheurs spécialisés en biomécanique à l’Université de Harvard, qui ont modélisé ce dinosaure. Ils ont pu montrer que la queue de cette espèce dispose d’une puissance qui lui permet d’avancer dans l’eau. Elle est identique à une queue de crocodile, mais en plus grand ».« Un animal piscivore »

D’après le Pr. Zouhri, « ce dinosaure est un peu spécial puisqu’il passe une grande partie de son temps dans l’eau pour chasser les grands poissons de plusieurs mètres de long (jusqu’à 6m) ».

« Le Spinosaure est spécialisé dans la chasse de poisson, c’est un piscivore. Il a une dentition qui ressemble à celle d’un crocodile, avec des dents coniques, réparties sur toute la mâchoire ».

« Cet animal faisait 15 mètres de long et pesait environ 7 tonnes. Sur son dos, il avait une espèce de voile, tenue par des épines d’environ 1m20, ressemblant à des sabres. Cette voile lui servait probablement pour nager ». 

« Un patrimoine inestimable »

« La région de Kem Kem est une région ou affleure des terrains de crétacé inférieur. Ce sont des terrains qui ont pratiquement 120 millions d’années », souligne le Pr. Samir Zouhri.

« Nous travaillons sur cette région depuis une douzaine d’années. On y a trouvé d’autres espèces, telles que les crocodiles, des reptiles volants, des poissons… C’est un écosystème très riche et très particulier« .

« Les restes du Spinoraure ont été découverts pour la première fois il y a plus d’un siècle (en 1913), à Baharia en Egypt, par le paléontologue Ernst Freiherr Stromer von Reichenbach. Ces fossiles ont été détruits en 1944 lors du bombardement du musée de Munich pendant la Seconde Guerre mondiale ».

« Le squelette dont dispose le Maroc est donc le seul spécimen de ce dinosaure. Des petits fragments d’os ont également été retrouvés en Algérie et en Egypte, mais là on a presque un squelette complet, et c’est le seul au monde. Il est conservé dans les collections du département de géologie de la Faculté des sciences d’Aïn Chock de Casablanca. Il est unique au monde. C’est un patrimoine inestimable. »

« Le Maroc doit avoir son propre musée des sciences de la terre »

« Du point de vue géologique et paléontologique, le Maroc est un pays très riche. C’est également un grand exportateur de fossiles, et cette activité se fait de manière illicite », regrette Pr. Zouhri.

« Malheureusement l’une des causes de ce trafic est l’absence d’un musée d’histoires naturelles au Maroc ou d’un musée des sciences de la terre. Des structures où nous pouvons conserver des fossiles et les valoriser pour que les jeunes Marocains puissent venir les apprécier, les étudier et les manipuler ».

« Le Maroc est également un pays touristique. En revanche, Casablanca est une ville où il n’y a pas beaucoup de monuments touristiques. Un musée des sciences naturelles dans la métropole pourrait combler ce vide », conclut le chercheur.

Source web Par : Médias 24

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