Tourisme : Les voyagistes du réceptif tournent le dos au plan d'urgence
Les agents de voyages ne décolèrent pas contre le plan d'urgence de 2 milliards de dirhams pour le soutien du tourisme. Cette fois-ci, ce sont les spécialistes du réceptif, regroupés sous la bannière du Moroccan Travel Management DMC Club, qui ont fait une sortie au vitriol pour dénoncer une «mise à l’écart» évidente et un plan «totalement insuffisant» qu'ils disent ne pouvoir accepter «dans sa mouture actuelle».
Le plan d’urgence pour le soutien du tourisme ne passe toujours pas chez les voyagistes. Après l’Union nationale des agences de voyages, c’est au tour du Moroccan Travel Management DMC Club (MTM DMC Club) d’exprimer sa réprobation à travers une lettre ouverte adressée, vendredi, à la tutelle, au président de la Confédération nationale du tourisme (CNT) et au président de la Fédération nationale des associations des agences de voyages du Maroc.
Le collectif, qui regroupe 22 agences de voyages réceptifs DMC et Mice, a exprimé dans sa missive la désapprobation de la profession face à un plan décevant qui les a laissés «perplexes». «Le communiqué présenté comme étant un plan d’urgence, dont la finalité est la sauvegarde du secteur touristique, n’est absolument pas à la hauteur des enjeux et de nos attentes», note le MTM DMC Club, soulignant qu’une crise d’une telle ampleur nécessite «des aides importantes et équilibrées» aussi bien pour les salariés que pour les entreprises.
Estimant avoir été «mise à l’écart de façon flagrante», et dénonçant le «manque de considération des autorités», l’association des voyagistes a tout bonnement refusé la main tendue du ministère. «Nous ne pouvons pas, en l’état actuel des choses, accepter ce plan dans sa mouture actuelle qui demeure totalement insuffisant. Il est de la responsabilité du ministère du Tourisme de revoir ses contours, de manière à corriger cette injustice dont nous sommes victimes», martèle le Club, rappelant l’importance de l’agent de voyages en tant que maillon nécessaire et indispensable dans le développement du secteur.
«Nous sommes prêts à apporter au besoin notre valeur ajoutée pour asseoir une véritable logique de travail dans un cadre adapté et défini conjointement, en nous basant sur une collaboration censée entre le public et le privé, et ce en toute intelligence collective pour opérer une véritable aide à la reprise», s’engage-t-il.
Interpellé par «Le Matin», le président de la CNT, Hamid Bentahar, a déclaré que le courrier du MTM DMC Club va dans le même sens de la position déjà exprimée par la Confédération, à savoir que l’exclusion d’un important pan de l’écosystème touristique est «injuste et inexplicable». «Il est vrai que les agences de voyages n’étaient pas trop endettées auparavant, mais elles croulent actuellement sous les emprunts qu’elles ont contractés au cours de la crise (crédits Oxygène et Relance). Des crédits qu’elles sont aujourd’hui dans l’incapacité de payer», souligne-t-il pour exprimer son soutien aux voyagistes.
Même son de cloche auprès du président de la FNAVM, Mohamed Semlali, qui a exprimé à son tour le soutien de la Fédération, non seulement aux voyagistes du réceptif, mais à l’ensemble du secteur qui compte un réseau de près de 1.400 agences de voyages dans les différentes régions du Royaume. «Il ne faut pas oublier que, sans ces professionnels et leurs partenaires étrangers, les hôteliers ne pourront jamais atteindre leurs objectifs», rappelle-t-il. Il fait savoir que la Fédération a de son côté adressé, jeudi, un courrier à la ministre du Tourisme, Fatim-Zahra Ammor, où elle exprime clairement sa position qui est celle de tous les professionnels du secteur.
Ce que réclame le MTM DMC Club
Outre la réouverture imminente des frontières, le MTM DMC Club propose une série de mesures économiques d’aide à la reprise, dont l’exonération de l’IR pour 2022 et la prise en charge des charges sociales par l’État, le reprofilage des crédits «Damane Oxygène» et «Relance» en crédits long terme, ainsi que la réduction des taxes locales et professionnelles de 50% pour les années 2022 et 2023. Le collectif appelle également à la modification de la nature de l'indemnité forfaitaire telle qu’elle est définie actuellement.
Concrètement, il propose une indemnité indexée sur le salaire net déclaré de l’employé à hauteur de 50% du salaire net, tout en maintenant un plafond pour le montant de l’indemnité à 5.000 dirhams par mois. «Nous proposons alors que celle-ci soit mise en place automatiquement dès qu’il y a des restrictions de déplacement et jusqu’à 3 mois après la levée de l’état d’urgence. Dès lors, les conditions de maintien du nombre d’employés par rapport à ceux déclarés en février 2020 n’ont plus lieu d’être», lit-on dans la lettre.
La liste comprend également d’autres mesures susceptibles de stimuler la demande pour la destination Maroc, de redonner de l’attractivité au secteur et de retenir et attirer les profils qualifiés. Il s’agit notamment de réduire les taxes aéroportuaires, de prévoir une subvention sur l'aérien par siège, de mettre en place un statut spécifique pour les employés du tourisme, de lancer une campagne de communication sur les métiers du tourisme et de l’artisanat et de réviser la législation en matière de GAFA au profit de l’activité du voyagiste.
Le 21 janvier 2022
Source web par : le matin
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