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Ce que l’on sait du recrutement des saisonniers marocains en France et en Espagne

Ce que l’on sait du recrutement des saisonniers marocains en France et en Espagne

Plus de 23.000 ouvriers agricoles marocains ont traversé la Méditerranée en 2021 pour travailler dans les champs espagnols et français. Quels organismes prennent en charge le recrutement de ces travailleurs saisonniers ? Quelles sont les procédures et formalités ? Combien sont-ils payés ? Eléments de réponse.

Les opérateurs français de l’hôtellerie et de la restauration ont émis le souhait de recruter 10.000 travailleurs saisonniers en provenance du Maghreb pour pallier la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur touristique. Un recrutement qu’ils envisagent sur le modèle des ouvriers agricoles saisonniers.

Les négociations entamées à cet effet, avec l’Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences (ANAPEC), confortent le modèle des ouvriers agricoles saisonniers. Mais comment définit-on un travail saisonnier ?

Un travail est considéré comme saisonnier lorsqu’il est réalisé chaque année à la même période, et qu’il est suivi d’une phase d’inactivité dans le secteur professionnel considéré (agriculture, hôtellerie, tourisme estival ou hivernal, agro-alimentaire…).

Les ouvriers agricoles marocains convoités

“La production agricole est fortement dépendante d’une main-d’œuvre étrangère”, déclare Daniel Sauvaitre à l’AFP. Le secrétaire général d’Interfel, la filière des fruits et légumes frais en France, précise en outre que “les ouvriers agricoles maghrébins sont précieux grâce à leur savoir-faire”.

Aux côtés de certains pays de l’est de l’Europe (Pologne…) et de la Tunisie, le Maroc est en effet l’un des principaux exportateurs de main-d’œuvre agricole en direction de la France et de l’Espagne. Ils y récoltent entre autres des fraises (Huelva), des céréales, et procèdent également au triage des pommes et à l’entretien des cultures (Tarn-et-Garonne).

Selon la Division de placement à l’international (DPI), relevant de l’ANAPEC, 23.149 ouvriers agricoles marocains ont été recrutés l’année dernière par les agriculteurs espagnols (12.824) et français (10.325).

En 2018, la France et l’Espagne ont respectivement accueilli 6.350 et 15.192 ouvriers agricoles marocains. L’année suivante, ils étaient 8.182 en France et 14.774 en Espagne. Et 2020 a confirmé à quel point les travailleurs saisonniers marocains dans le secteur de l’agriculture étaient devenus incontournables.

Au plus fort de la pandémie, les exploitants agricoles français et espagnols ont obtenu de leurs gouvernements la mise en place de ponts aériens exceptionnels pour faciliter l’arrivée des travailleurs saisonniers maghrébins, alors même que les liaisons aériennes étaient à l’arrêt.

Certes, l’année 2020 a rompu avec l’augmentation croissante du nombre d’ouvriers agricoles saisonniers, mais l’Espagne a tout de même recruté 7.083 travailleurs marocains et la France 5.110, et ce, en dépit de la crise sanitaire du Covid-19.

Mais comment ces ouvriers agricoles sont-ils recrutés ? Quelle est la durée et quels sont les types de contrat de travail proposés ? Dans quelles conditions opèrent-ils ? Voici ce que l’on sait.

Deux types de contrats et autant de processus de sélection

D’après la DPI, les offres d’emplois en France destinées aux ouvriers agricoles sont proposées par l’intermédiaire de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII). S’agissant de l’Espagne, cette fonction relève de l’ambassade d’Espagne à Rabat.

Il existe deux types d’offres d’emplois dans le cas des travailleurs saisonniers agricoles :

– les offres nominatives, réservées aux travailleurs préalablement identifiés par l’employeur ;

– les offres anonymes pour lesquelles les travailleurs ne sont pas encore identifiés.

A ce titre, l’ANAPEC est sollicitée dans les étapes de sourcing et de présélection des candidats. L’Agence cible exclusivement les zones rurales et envoie les offres aux populations concernées, en partenariat avec les autorités locales.

Des représentants de l’ANAPEC se déplacent ensuite dans les localités rurales ciblées pour collecter les dossiers de candidature avant de procéder à une première présélection, en fonction des critères de recrutement déterminés par les entreprises (l’âge, l’expérience, le lieu de résidence…).

Enfin, les employeurs ou leurs représentants se déplacent au Maroc pour procéder à une sélection définitive des travailleurs parmi les candidats présélectionnés par l’ANAPEC.

Des procédures de demande de visa simplifiées

Si l’Anapec soutient les ouvriers agricoles marocains en partance vers l’Espagne dans toutes les démarches d’obtention de visa et de départ, dans le cadre de contrats de 9 mois au maximum, la procédure est différente pour la France.

Les contrats de travail français, d’une durée maximum de 6 mois, sont transmis à l’OFII (France) qui convoque le travailleur en vue d’entamer la procédure de demande de visa. L’OFII (Maroc) intervient dans la procédure d’introduction en France des saisonniers marocains, à la suite des démarches effectuées par l’employeur dans l’Hexagone.

Ces démarches incluent une demande d’autorisation aux directions départementales du Travail, de l’emploi et de la formation professionnelle (DDTEFP). Ces dernières vérifient que la situation du marché local de l’emploi ne permet pas de recruter un travailleur saisonnier français, ou étranger déjà résident.

Lorsque cette demande reçoit un avis favorable, le dossier est transmis à l’OFII (Maroc) qui entame une des deux procédures suivantes :

– Travailleur primo-migrant, bénéficiaire d’un premier contrat de travail.

– Saisonnier détenteur de la carte de séjour saisonnier (pluri-saisonnier).

Dans les deux cas, la représentation de l’OFII à Casablanca convoque les travailleurs en fonction des dates d’effet des contrats souhaitées par les employeurs.

Après un contrôle médical, l’Office dirige le travailleur vers le consulat général de France à Casablanca, en vue d’entamer les formalités de demande de visa, avant de remettre les documents de voyage (passeport revêtu du visa, billet d’avion, contrat de travail visé) au travailleur concerné.

L’acheminement des travailleurs vers la France s’effectue en majorité par avion. Le billet aller est pris en charge par l’OFII.

Les salaires et conditions de logement

En 2018, plusieurs scandales ont éclaté en Espagne, mettant à nu les dérives des employeurs. Dérives liées notamment aux conditions précaires des cueilleuses de fraises marocaines dans la région de Huelva en Andalousie, victimes de maltraitances et d’abus sexuels. Dans d’autres cas, ce sont les rémunérations qui sont en deçà des réglementations en vigueur.

Et pour cause, le modèle des travailleurs saisonniers est un statut précaire, qui induit un lien exclusif entre le travailleur et l’employeur. Un lien de dépendance problématique qui peut mener à des dérives.

Selon l’ANAPEC, les conditions de logement sont assurées par les employeurs. Concernant les salaires, “il n’y a pas de différence de traitement. Tous les travailleurs du secteur en France ou en Espagne perçoivent la même rémunération, qu’ils soient nationaux ou étrangers », ajoute l’ANAPEC.

En France, le salaire d’un ouvrier agricole est de 1.200 € net /mois (hors heures supplémentaires). En Espagne, il perçoit 41 € pour une journée de travail de 8 heures.  Et à l’issue de la période de travail, les travailleurs saisonniers sont dans l’obligation de respecter leur engagement de retour, condition indispensable au renouvellement de leur contrat la saison suivante. Pour peu qu’ils en décrochent un nouveau.

Le 14/06/2022

Source web par : medias24

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