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Tourisme Enfin une recette pour le Ramadan ?

Tourisme     Enfin une recette pour le Ramadan ?

Baisse des arrivées et des nuitées, recul drastique du tourisme interne et chute des dépenses moyennes par touriste. Telle est la situation du secteur touristique à chaque fois que la haute saison coïncide avec le Ramadan. Cette année encore, le mois du jeûne s’étale sur une bonne partie de la saison estivale. Au ministère du Tourisme comme auprès des professionnels, on essaie de trouver la bonne formule pour réduire l’impact du Ramadan sur l’activité.

Les professionnels du tourisme commencent à s’y habituer, mais peinent encore à trouver la recette magique. Quand le Ramadan coïncide avec la haute saison, l’activité touristique en prend un sérieux coup. C’est le cas depuis quelques années et il risque d’en être ainsi pour celle en cours. Dans une trentaine de jours, le mois du Ramadan imposera son rythme à l’ensemble des secteurs de l’économie. Le tourisme sera l’un des plus touchés car la période de jeûne s’étale sur presque tout le mois de juillet, qui marque le début de la haute saison. «Les analyses réalisées par jour d’arrivées dans les hôtels montrent clairement un renversement de tendance qui peut aller de 25 à 30% des nuitées», fait-on savoir auprès de la Confédération nationale du tourisme (CNT). Toutefois : «l’effet du Ramadan est plus marqué au niveau du tourisme interne puisque le repli des arrivées des résidents dans les hôtels peut aller jusqu’à 45%», indiquent les professionnels. Autre indicateur, la dépense moyenne par touriste et par séjour est également en baisse notamment au niveau des services hors hébergement (restauration, café, animation et shopping). Cependant, les touristes qui organisent leurs séjours sous la houlette des tours opérateurs et des agences de voyages viennent le plus souvent dans le cadre de formules «tout inclus». Pour cette catégorie : «leurs dépenses touristiques ne connaissent pas de changement notable. C’est donc une clientèle importante à fidéliser et à encourager en période de Ramadan», constatent les professionnels du secteur. 

Appréhensions
Si du côté des touristes étrangers, certains préfèrent attendre la fin du jeûne pour se déplacer en raison de certaines «appréhensions» sur la disponibilité du service et de l’environnement particulier, les touristes nationaux eux ne considèrent pas ce mois comme celui du voyage. «Le Ramadan est connu par une baisse de l’activité touristique des résidents, qui préfèrent passer ce mois en famille», souligne un professionnel. Généralement, les Marocains résidant à l’étranger (inclus parmi les touristes non résidents) sont plus adeptes des voyages de retour au bercail, mais là aussi, c’est pour passer ces moments en famille plutôt que dans des établissements d’hébergement touristique. L’enjeu pour le secteur est de réussir à bien négocier cette période, avec des offres capables d’attirer les touristes, tout en respectant l’atmosphère qui caractérise ce mois durant lequel la pratique religieuse gagne en intensité. 

Formules Ramadan

Au niveau des entités regroupant les opérateurs touristiques, la question se pose depuis quelques années et fait l’objet de réflexions, car il faudra noter que le même phénomène sera observé durant au moins les quatre prochaines années. À la Confédération nationale du tourisme, certaines propositions ont été faites depuis un certain temps. Il est ainsi conseillé aux établissements hôteliers de «concevoir un produit Ramadan qui mettra en valeur l’expérience unique et enrichissante qu’offre ce mois». Le ministre du Tourisme enfourche la même trompette, en enjoignant de miser sur des «packages destinés aussi bien aux touristes étrangers qu’aux touristes résidents». Une autre proposition consiste à l’élaboration d’un «guide à destination des touristes et des intermédiaires», expliquant les traditions et les coutumes du Ramadan, tout en offrant de «l’animation». Les professionnels ont également compris la nécessité de «concevoir des formules week-end qui offrent quelques jours de repos spirituel». Enfin, les touristes étrangers doivent être informés des restaurants qui offrent un service pendant la journée. «Nous sommes convaincus que ces mesures et actions réduiront sensiblement l’impact du mois du Ramadan sur notre activité», déclare-t-on à la CNT.


Lahcen Haddad

Ministre du Tourisme

«Il faut des packages pour le tourisme interne»

Les ÉCO: Ramadan est synonyme de baisse de l’activité touristique. Que proposez-vous pour inverser la tendance ?

Lahcen Haddad : Les gens ne voyagent pas beaucoup pendant ramadan. C’est un mois qui se caractérise par une baisse de l’activité touristique. Cependant, nous encourageons les gens à voyager. D‘ailleurs, nous conseillons aux professionnels de proposer plus de packages dédiés à ce mois particulier. Ces offres doivent non seulement cibler les touristes étrangers, mais aussi les nationaux. Il faut notamment rassurer les touristes étrangers par rapport à la disponibilité des produits d’animation.

Comment expliquez-vous le bon départ de l’activité touristique en ce début d’année ?

Je dirais tout simplement que c’est une reprise qui s’installe. C’est le résultat de la communication agressive que nous menons sur les marchés traditionnels, ainsi que sur ceux à forte valeur ajoutée comme l’Allemagne et le Royaume-Uni. D‘autre part, j’expliquerais cette reprise par une certaine amélioration de l’aérien, combinée à la bonne image du Maroc à l’étranger, ainsi que l’engouement suscité par les investissements dans le secteur. Nous tablons sur une croissance de 8 à 10% en 2014.

La taxe aérienne n’a pas impacté l’activité en avril. En sera-t-il ainsi pour le reste de la saison ?

La taxe aérienne ne pourra pas avoir d’incidence sur l’activité touristique. Son introduction a certes suscité l’agitation de certains, mais nous ne pensons pas qu’elle constitue un frein à l’attractivité de notre destination.

En termes d’investissements, d’autres projets seront-ils annoncés avant la fin de l’année

Nous travaillons sur des projets qui concernent notamment les régions du Sud, ainsi que les villes d’Agadir, de Fès; il en sera de même dans d’autres zones. Nous en ferons l’annonce au moment opportun. Cela dit, nous poursuivons notre partenariat avec le Fonds Wessal, avec lequel nous comptons mener à bout l’ensemble des projets projetés.


 

Le Ramadan expliqué aux touristes

Auprès des professionnels, on indique que les touristes étrangers qui choisissent le Maroc émettent des remarques relatives aux horaires d’ouverture inhabituels des restaurants et des magasins, à l’insuffisance de structures d’animation, mais aussi au «manque d’informations sur les coutumes et les traditions du Ramadan». Les touristes souhaitent en effet en savoir beaucoup plus sur ce mois de jeûne et sur les comportements à tenir. C’est la raison pour laquelle certaines ambassades, notamment la représentation britannique, mènent depuis plusieurs années des campagnes de sensibilisation à l’approche du mois béni. À l’occasion, des dépliants comportant des informations pratiques sur la culture marocaine, les traditions et règles à respecter pendant le Ramadan sont distribués aux touristes avant leur arrivée et pendant leur séjour au Maroc. Sachant que le royaume mise également sur le tourisme religieux, les professionnels et les autorités de tutelle ont là une niche à explorer.

 

06-2014 à 15:00
SOURCE WEB Par  Oumar Baldé Les ecos
Tags : Ramadan- Quand le Ramadan coïncide avec la haute saison, l’activité touristique en prend un sérieux coup- Confédération nationale du tourisme (CNT)- formules «tout inclus»- les touristes nationaux eux ne considèrent pas ce mois comme celui du voyage- Lahcen Haddad Ministre du Tourisme-j’expliquerais cette reprise par une certaine amélioration de l’aérien, combinée à la bonne image du Maroc à l’étranger- Nous travaillons sur des projets qui concernent notamment les régions du Sud- Sachant que le royaume mise également sur le tourisme religieux, les professionnels et les autorités de tutelle ont là une niche à explorer-