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ENVIRONNEMENT LA SONNETTE D’ALARME DE L’ONU UN RAPPORT MET EN GARDE CONTRE LES RAVAGES DE L’INDUSTRIE, L’AGRICULTURE ET L’ÉNERGIE

ENVIRONNEMENT LA SONNETTE D’ALARME DE L’ONU  UN RAPPORT MET EN GARDE CONTRE LES RAVAGES DE L’INDUSTRIE, L’AGRICULTURE ET L’ÉNERGIE

UN PROJET DE LOI POUR RÉGLEMENTER LES REJETS GAZEUX DES ACTIVITÉS INDUSTRIELLES

UN INVENTAIRE SUR LES ÉMISSIONS DANS 6 VILLES DÉJÀ PRÊT

Le Maroc est encore loin d’être sur le bon chemin pour garantir la protection de l’environnement au profit des générations futures. Les conclusions du rapport de la commission économique des Nations Unies pour l’Afrique sur les performances environnementales au Maroc pointent les secteurs à fort impact sur l’environnement. Aujourd’hui, le ministère de l’Environnement finalise un projet de loi sur la lutte contre la pollution de l’air. Il s’agira de réglementer les rejets gazeux des différentes activités polluantes. L’industrie figure en tête des facteurs de dégradation, selon le rapport de la commission économique. Ce sont surtout les eaux côtières qui souffrent le plus de l’impact de l’activité industrielle, particulièrement de la pollution de l’air, étant donné que 80% des industries sont concentrées sur le littoral atlantique. Par conséquent, sept bassins doivent aujourd’hui bénéficier d’actions de dépollution. La filière chimique est considérée comme l’activité industrielle la plus polluante. C’est le premier responsable des rejets d’eaux usées avec un volume annuel de 900 millions de m3. L’industrie du raffinage n’est pas en reste. En dépit de l’accord signé entre la Samir et le gouvernement en 2004 pour produire du diesel à 50 parts par million de teneur en dioxyde de soufre (SO2), l’usine continue à en rejeter une part importante, à savoir 50 tonnes par jour, lit-on dans le rapport. Le secteur de l’artisanat n’en est pas moins une source de nuisance importante. Le rapport soulève les conséquences néfastes des combustibles non conventionnels tels que les pneus usés et l’huile usagée, qui engendrent de fortes émissions de gaz de carbone noir. L’ONU s’en prend surtout aux artisans qui restent réticents à l’idée de renoncer à leurs méthodes traditionnelles pour utiliser notamment les fours à gaz au lieu des fours à bois.

Dépollution industrielle

Le Fonds de dépollution industrielle, mis en place pour accompagner les entreprises désirant investir dans les équipements et les technologies «propres», a permis la réalisation de 115 projets entre 1997 et 2012 pour un montant de 566 millions de DH. Le fonds a subventionné dans la plupart des cas l’investissement dans les stations de traitement des eaux usées. Son appui a permis de réduire d’un tiers la pollution organique. Pour protéger l’atmosphère de toute source de pollution, l’ONU propose au gouvernement d’imposer l’autocontrôle aux installations industrielles les plus polluantes.

Il faut dire que le retard pris dans l’application du principe du pollueur-payeur n’a pas permis d’atteindre les objectifs escomptés. A l’exception de l’arrêté fixant les coefficients de dépollution industrielle publié en novembre 2013 au Bulletin officiel, le reste tarde à voir le jour. D’autant plus que le département de Hakima El Haité, mnistre en charge de l'Environnement, fait face à un manque de données fiables, devant ainsi se contenter de celles figurant sur le registre du ministère de l’Industrie sur les entreprises commerciales et industrielles. Un document qui se limite aux données à caractère socio-économique de l’entreprise, sans indicateurs techniques, comme notamment la nature et la quantité des combustibles utilisés. Pour pallier cette carence de données, son ministère finalise un inventaire des émissions de polluants atmosphériques. Le diagnostic a déjà été élaboré pour 6 régions, dont Rabat, Casablanca et Benslimane. Mais d’autres obstacles entravent les missions du ministère, notamment la faiblesse des moyens humains. Les efforts déployés pour garantir la conformité de l’activité industrielle avec la réglementation restent insuffisants. «Les 25 inspecteurs environnementaux ne disposent pas de temps, de ressources matérielles ou encore de la compétence technique suffisante pour entreprendre le contrôle de la conformité», constatent les auteurs du rapport. D’autant plus que le ministère ne possède pas un programme annuel d’inspection, sachant que les visites ne sont généralement effectuées qu’après réception d’une plainte. Sur ce sujet, il convient de noter que le département d’El Haité a reçu depuis 2008 pas moins 300 doléances concernant, entre autres, la gestion des déchets et la pollution de l’air. Pour améliorer le contrôle environnemental, la ministre veut mettre en œuvre un programme de formation des inspecteurs. Une mesure dont la mise en place reste tributaire de l’augmentation des moyens financiers, comme l’indique Hakima El Haité, qui reconnaît que le faible effectif de son département (350 fonctionnaires) n’a pas permis d’aller de l’avant dans la politique de déconcentration des affaires environnementales.
Outre l’industrie, le rapport met également en garde contre les pressions exercées par l’agriculture, particulièrement sur l’eau, en raison de la mauvaise utilisation des engrais et des pesticides. Or, l’usage excessif d’engrais augmente la teneur en nitrate dans l’eau destinée à l’alimentation, qui a atteint le seuil limite de 50 mg/litre fixé par l’OMS, remettant en cause la qualité de cette ressource. Aussi, l’utilisation de produits phytosanitaires par 33% des professionnels du secteur contribue à la dégradation de la qualité de l’eau. Le rapport de l’ONU relève qu’entre 0,5% et 1% des produits phytosanitaires utilisés sont détectés dans les cours d’eau.

Parallèlement, l’occupation du sol favorise l’érosion hydrique qui menace aujourd’hui plus de 75% de la surface agricole. La conséquence est alarmante: le taux de dégradation des sols devient excessif, particulièrement dans les régions du nord et du nord-ouest où il dépasse 2.000 tonnes/km2/an. Or, des sols endommagés contribuent à la pollution des cours d’eau.
L’envasement des barrages aggrave également la situation. Selon les estimations, plus de 75 millions de m3 de capacité sont perdus chaque année à cause de ce phénomène. En clair, si l’érosion des sols et l’envasement des barrages persistent, le tiers des terres agricoles pourrait devenir inadéquat à l’agriculture d’ici 2050, prévient l’ONU.

Le secteur de l’énergie est également une menace pour l’environnement. Le document souligne que les centrales thermiques produisant de l’électricité à partir de la combustion des carburants fossiles figurent parmi les principales sources de pollution de l’air. Ainsi, les niveaux d’émission dans les grandes villes dépassent souvent ceux établis par l’OMS, est-il indiqué.
Le rapport s’arrête également sur l’usage des fours en céramique de combustion du bois qui utilisent des pneus, l’huile usagée ou autres déchets. Ceux-ci ont un impact négatif sur la qualité de l’air, mais également sur la santé humaine dans la mesure où les résidus non brûlés sont souvent déposés dans la nature ou dans des décharges non contrôlées. 

Gestion des déchets ménagers

Les déchets ménagers contribuent également à la dégradation de l’environnement. Pour s’attaquer à leur mauvaise gestion, Hakima El Haité prône l’amélioration des schémas de financement. L’idée est d’accroître les fonds consacrés à la gestion des ordures domestiques à travers notamment l’opérationnalisation de la taxe de redevance des déchets et d'inscrire la gestion des déchets ménagers et assimilés du Maroc en tant que dépense obligatoire dans le budget général des collectivités locales.  Parallèlement, la ministre prône le développement d’un programme de recyclage et de tri à la source en intégrant les acteurs du secteur informel. Dans la protection de l’environnement, les collectivités locales jouent un rôle décisif. La stratégie nationale de développement durable en cours de finalisation va consolider davantage leur implication dans les affaires environnementales. En effet, les communes sont appelées à préparer leurs propres stratégies et plans de développement

26 juillet 2014_SOURCE WEB Par Hajar BENEZHA L’ECONOMISTE

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