TSGJB BANNER

L’ONDA PROMET DES AÉROPORTS AUX NORMES LA MACHINE REDÉMARRE

L’ONDA PROMET DES AÉROPORTS AUX NORMES LA MACHINE REDÉMARRE

• UNE COMMISSION SPÉCIALE POUR PLANCHER SUR LES RETARDS DE PAIEMENT

UN NOUVEAU PROGRAMME D’INVESTISSEMENT DE 6 MILLIARDS DE DIRHAMS

RÈGLEMENT INTERNE, CODE D’ÉTHIQUE, NOUVEAU PROCESSUS DE RECRUTEMENT… POUR REDONNER CONFIANCE

«Nous avons mis l’accent sur le renforcement et le suivi des recommandations de la Cour des comptes et de l’IGF», explique Zouhair El Aoufir, DG de l’ONDA  

Première sortie médiatique de Zouhair El Aoufir depuis sa nomination à la tête de l’ONDA. Le nouveau DG veut rompre avec le passif lourd de l’Office qui a été très touché par l’affaire Benallou dont le feuilleton d’audiences en appel reprend le 24 septembre. El Aoufir relance la machine avec le déblocage du chantier du terminal 1 et le paiement des impayés qui se sont accumulés depuis 2009.

- L’Economiste: Vous avez été nommé à la tête de l’ONDA fin janvier. Quels sont les dossiers que vous jugez prioritaires?

- Zouhair Mohammed El Aoufir: D’abord, j’aimerais exprimer l’honneur et la fierté que je ressens d’assumer cette responsabilité à la tête de cet établissement d’importance stratégique. Pour répondre à votre question, nous avons mis en œuvre une feuille de route claire et pragmatique. L’un de ses principaux axes a été la restauration de la confiance avec l’ensemble des parties prenantes, que ce soit les organes de contrôle et de surveillance, les autorités administratives, les clients, le personnel, l’opinion publique ou encore les prestataires. Il y a eu un véritable travail de fond dès fin janvier pour analyser ces relations et opérer immédiatement  des actions concrètes qui redonnent confiance et permettent d’avancer. Au-delà des missions classiques de l’Office, notre objectif  est d’en faire un établissement public de référence dans plusieurs domaines. A ce jour, un pan important a été franchi dans ce processus de regain de confiance en  concertation et  avec l’appui  du conseil d’administration.  L’Office a tenu son conseil d’administration le 14 juillet dernier sous la présidence du ministre de l’Equipement et du Transport. Les principaux thèmes ont été la gouvernance avec notamment la mise en place de comités dédiés ayant leurs propres  chartes de travail approuvées  par le conseil et la reconfiguration stratégique des investissements. L’accent a également été mis sur le renforcement et le suivi des recommandations de la Cour des comptes et de l’IGF.

- A votre arrivée, les recommandations de la Cour des comptes n’étaient pas encore opérationnalisées?
- Une bonne partie a été mise en œuvre. Par contre, un travail complémentaire devait être réalisé sur le renforcement du contrôle interne, le contrôle de gestion et l’optimisation du processus de prise de décision ainsi que sur  la maîtrise de la gestion des projets. Nous avons mis en place des outils pour mettre  en œuvre ces mesures et les suivre.

- Qu’est-ce qui a été entrepris pour regagner la confiance des prestataires qui souffrent des retards de paiement de l’Office?

- L’une de mes premières actions a été la constitution de trois groupes de travail dont le plus important a eu pour mission le recensement, l’historique, l’étude et  l’analyse  des dettes, des  impayés et du contentieux de l’Office. Depuis, des discussions constructives ont été entamées avec le ministère des Finances et la DEPP. Grâce à ce travail, nous avons réussi à débloquer des dossiers en suspens depuis plusieurs années. Les retards se sont accumulés à cause de problèmes administratifs et d’un manque de suivi et de maîtrise. Notre objectif est d’avoir une fluidité dans le traitement de ces dossiers. Cela va être respecté dans les prochains mois grâce à l’automatisation, l’informatisation et l’installation de nouveaux modules de notre ERP sur les achats, les budgets, l’ordonnancement ou la liquidation. Un budget de plus de 120 millions de DH est dédié à cette opération dont 60% sont déjà réalisés. Dans les 12 prochains mois, ces modules permettront grâce au «flowchart» des signatures et des validations électroniques sur la base des documents et réalisations physiques. Ce système permettra d’accélérer le traitement, d’avoir des indicateurs de mesure et de contrôler les étapes et les délais dans les différentes opérations. Aujourd’hui, nous avons tout de même un système qui a recommencé à fonctionner de manière fluide. La majorité des prestations et des services fournis pour 2014 sont payés dans des délais raisonnables. Depuis fin janvier, nous avons payé plus de 770 millions de DH. Nous continuons cependant à travailler avec les Finances et la DEPP sur des dossiers anciens avec des montants importants bien que nous avons déjà réussi à les réduire de plus de 200 millions de DH.

- Un travail devrait également être entrepris en interne pour apaiser les tensions post-rapport Cour des comptes…

- Pour l’instauration  d’un climat social sain et un dialogue responsable et raisonnable, nous avons entamé une série  de rencontres avec nos partenaires sociaux. Des réponses concrètes ont été apportées à plusieurs attentes. Des valeurs fortes ont été promues et renforcées comme la transparence et la méritocratie. Pour la première fois de son histoire, l’Office dispose aujourd’hui  d’un règlement intérieur. Le document a été validé et  d’ores et déjà mis en œuvre. J’ai également tenu personnellement  à la mise en place d’un code d’éthique et de bonne conduite. Ce code  explique aux employés ce  qu’ ils peuvent  faire ou ne pas faire dans les diverses situations de la vie professionnelle. Il permet aussi de renforcer l’esprit d’adhésion et de fédérer l’ensemble des collaborateurs autour  d’un projet d’entreprise porteur de sens. Nous voulons aller de l’avant. Les recommandations des différents organes ont été suivies. Le plus important dans toute décision est la bonne intention et la recherche en premier lieu des intérêts de l’Office. En parallèle, les recrutements externe ou interne et les nominations sont passés à une nouvelle procédure plus transparente. Pour tout poste, les candidatures sont examinées par une commission. 

- Quel est votre programme d’investissement pour les prochaines années ?
- Le programme d’investissement a été recadré et validé lors du dernier conseil d’administration. L’Office compte investir d’ici 2018 l’équivalent de 6 milliards de DH.  Ce programme comprend l’harmonisation des équipements aéroportuaires et  de navigation pour réduire et optimiser leurs  coûts de maintenance et les projets d’accroissement des capacités aéroportuaires (Casablanca, Fès, Marrakech, Nador, Guelmim, Errachidia, Zagora…).
Le  projet de développement de l’aéroport de Marrakech a été revu et  amélioré grâce à une reconfiguration plus moderne et  qui répond  mieux aux besoins des  passagers de cet aéroport. Un investissement de plus de 1 milliard de DH a été dédié à cet aéroport.
Un concept innovant de «walktrought» commercial sera introduit à Marrakech et Casablanca également. Dans la plupart des aéroports modernes, au sortir des contrôles d’émigration et des points d’inspection et filtrage, il y a un trajet commercial organisé par lequel passe le client  qui dispose d’une offre diversifiée par thèmes  et qui aboutit aux espaces de relaxation et de restauration à proximité des portes d’embarquement. C’est cette reconfiguration qui a été introduite dans le projet de Marrakech et l’extension du Terminal 1 de l’aéroport Mohammed V.

-   Justement, le Terminal 1 devait être livré il y a quelques années, mais rien n’avance sur le terrain…

-Le chantier est effectivement à l’arrêt depuis 2010. Cela a fortement limité la capacité aéroportuaire de l’aéroport et handicapé son développement. La qualité de service en a également souffert, même si nous avons pu l’améliorer cet été grâce à quelques ajustements. Nous avons beaucoup réfléchi sur le schéma d’extension de ce terminal. L’urgence étant d’accélérer l’arrivée de nouvelles capacités. Les travaux ayant démarré en 2009, les capacités devaient arriver deux années plus tard. Aujourd’hui, entre les choix de résilier en reprenant à zéro ou de relancer le chantier moyennant une  reconfiguration, nous avons opté pour la 2e  option. Un choix rendu possible grâce à l’esprit constructif et raisonnable qui anime aujourd’hui la totalité des acteurs. Plusieurs réunions ont eu lieu avec l’architecte, les groupements  d’entreprises et la tutelle.

Pour assurer le succès de cette reprise, il est important de noter que la Direction des équipements publics (DEP) a été associée en tant que maître d’ouvrage délégué. Cette direction a livré la majorité des équipements des établissements publics que ce soit les hôpitaux, les stades ou les universités. La DEP a mis à notre disposition une grande partie de ses équipes pour le suivi, la reconfiguration et le travail sur la relance du chantier. Le conseil d’administration a également validé le recrutement de 15 ingénieurs dans les différents métiers liés à la construction, l’exploitation et les études. Ces recrues  vont doter une  nouvelle structure totalement dédiée à la gestion du  chantier de l’aéroport de Casablanca.
Nous sommes à quelques semaines du redémarrage des travaux pour une livraison fin 2016. Au sein de l’Office, nous avons travaillé sur la rationalisation de cette extension. Un budget de plus 2 milliards de DH sera alloué à l’aéroport de Casablanca. Il intègre le T1 avec une reconfiguration pour le dédier aux compagnies autres que la compagnie hub nationale, RAM, à laquelle sera dédié le terminal 2.

Hub: De la compagnie à l’aéroport!

- Qu’est-ce qui a motivé cette décision de terminal dédié à RAM?

- Elle est logique. Dans le monde entier, l’aéroport hub opère en couple avec la compagnie hub. Pour construire cette synergie, un terminal dédié est indispensable. Nous programmons dans la foulée son extension pour répondre aux  besoins de RAM. La capacité de ce terminal est de 7 millions et devra être doublée d’ici 2017. Cette extension sera accompagnée par la construction d’une nouvelle tour de contrôle. Les équipes planchent en ce moment sur le montage financier. Pour les deux chantiers, nous allons prendre en considération les niveaux de qualité A et B de l’IATA. Ils déterminent notamment les surfaces et les ratios par passager. A l’instar des grands aéroports, le niveau minimum requis sera B.

Propos recueillis par

Ilham BOUMNADE