Vision déraisonnable ? Par Nadia Salah

Remise  de distinctions  marocaines hautement symboliques, et ce en présence du Premier ministre français; séjour royal, surtout que l’on s’est attaché à souligner le caractère privé – donc de confiance  – ; communiqué des deux ministres de la Justice assorti de  photos de groupe pour la relance de la coopération…
Le temps de l’intimité est-il  de retour avec la France? Peut-être pas à ce point, car ce n’est pas tout à fait un hasard si le ministre marocain des Affaires étrangères a tenu à marquer  les limites, avec le ton fort et ferme qu’il sait prendre quand il veut.
Les juristes attendent avec curiosité de connaître l’astuce que les équipes de Taubira et Ramid ont inventée. Elles l’ont apportée sous forme «d’amendement». En tout état de cause cette astuce était indispensable pour reprendre la coopération, sans perdre la face, ni l’un ni l’autre.
En effet, Christiane Taubira ne peut pas écorner la «compétence universelle» sans fragiliser sa propre position politique. Et Ramid ne peut pas laisser les  cadres du Maroc à la merci du hasard, chez le premier partenaire du Royaume. Tout cela est bel et bon.
Il n’empêche qu’il n’y a là que de la politique courte, bien loin de produire une vision.
Dans le monde  contemporain, blessé et apeuré, il serait bien utile que quelques-uns imaginent un avenir différent, même s’il est encore au-delà de l’horizon. Il n’y a pas si longtemps, jusqu’à la visite d’Etat de Hollande, la communauté  franco-marocaine des affaires avait trouvé une méthode originale et efficace de travailler et de faire bouger leur environnement. Mais ce n’est pas la vocation des entreprises d’avoir une vision politique: au mieux, elles peuvent  montrer que cela fonctionne, ou pas.
Est-ce si impossible, est-ce si déraisonnable de penser que la France soit capable de porter un projet méditerranéen, pour lequel elle aurait des amis et des appuis solides dans le sud?

02 février 2015
SOURCE WEB Editorial Par Nadia SALAH L’ECONOMISTE
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