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LES 20 ANS DE L’OMC ABANDONNER LA RHÉTORIQUE ET S’OCCUPER DU BUSINESS

LES 20 ANS DE L’OMC ABANDONNER LA RHÉTORIQUE ET S’OCCUPER DU BUSINESS

L’AFRIQUE DOIT CRÉER CETTE NOUVELLE DYNAMIQUE MANQUANTE À L’ORGANISATION
ET FAIRE PLIER LES DERNIÈRES RÉSISTANCES DES PAYS DU NORD ET DES GRANDS ÉMERGENTS.

Pour Hassan Abouyoub, ambassadeur du Maroc en Italie, il y a suffisamment de ressources en Afrique pour provoquer cette étincelle qui va changer les choses  
- Vous étiez candidat à la direction de l'OMC dans les années 90. Quel est votre regard sur l’évolution de l’institution?
- Hassan Abouyoub: Le nombre et l’effet de taille a joué énormément dans la paralysie de la négociation. Négocier à 60 avec la règle du consensus était chose aisée. Avec les 161 membres de l'organisation aujourd'hui cela devient quasiment impossible. Car lorsque la dynamique repose sur des paradigmes faux, cela complique les négociations. Nous nous sommes accrochés pendant des années et depuis le round de Tokyo à l’exclusion des pays émergents de l’impératif d’appliquer les mêmes règles qui doivent être celles universelles de la communauté commerciale mondiale.
- Comment changer ce paradigme?
- L’Afrique jouera un rôle fondamental dans la redéfinition de la carte commerciale mondiale. C'est-à-dire dans l’élimination des dernières distorsions qui demeurent sur les secteurs qui intéressent le continent au premier plan. Il s’agit de l’agriculture et de l’industrie de transformation qui contient une grande main d’œuvre et qui reste un sujet intéressant pour les pays africains à haute densité démographique. Et si on veut faire plier les dernières résistances non seulement des pays traditionnellement du nord mais aussi des grands émergents qui sont entrain de réagir comme les Etats-Unis et l’Europe jadis, il faut pousser à cette dynamique nouvelle dans la négociation et abandonner la rhétorique pour s’occuper du business et du flux concret. C’est ce qui a disparu de l’OMC. Et s’il n’y avait pas-et je le dis avec beaucoup de responsabilité et de conscience- ses deux mécanismes de règlement de différends et des revues des politiques commerciales, l’OMC serait en grave crise d’identité d’existence.
 - Et l’Afrique en est-elle capable et suffisamment outillée?
- Il faut voir l’Afrique avec un regard moins colonial et des yeux de demain. Certes, le continent n’a pas encore résolu son équation vitale de développement humain et par conséquent nous sommes restés prisonniers de clichés que nous devons d’abord évacuer. Il faut ensuite penser l’Afrique en dynamique car c’est un potentiel humain considérable. Aujourd’hui, l’économie mondiale globalisée s’articule autour d’ensembles qui doivent dépasser le milliard d’habitants et ce n’est qu’à ce moment qu’on peut parler de masse critique stratégique et économique. L’Afrique est en train d’avoir cette masse critique et les ingrédients primaires pour relancer une nouvelle machine. Une nouvelle stratégie d’intégration et de mutualisation n’est plus utopique. C’est un travail qui va s’imposer, de par les règles universelles de gouvernance et les impératifs économiques. Surtout, face à une Europe en déclin et une Asie qui va avoir des comportements différenciés-en raison de la démographie et de la technologie.

13 Avril 2015
SOURCE WEB  par B. B. L’ECONOMISTE

Tags : Hassan Abouyoub, ambassadeur du Maroc en Italie- Négocier à 60 avec la règle du consensus était chose aisée,  avec les 161 membres de l'organisation aujourd'hui cela devient quasiment impossible- l’agriculture et de l’industrie de transformation qui contient une grande main d’œuvre et qui reste un sujet intéressant pour les pays africains à haute densité démographique- l’OMC serait en grave crise d’identité d’existence- Il faut voir l’Afrique avec un regard moins colonial et des yeux de demain-