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Les chiffres choc du chômage et de la précarité de l'emploi

Les chiffres choc du chômage et de la précarité de l'emploi

 (Photo AIC press)
La situation de l’emploi prend progressivement la forme d’une bombe à retardement. L’évolution se fait à bas bruit, comme disent les médecins, de sorte que l’on n’y prête pas forcément attention.
En tous les cas, sous leur apparence positive ou neutre, les statistiques du HCP sont préoccupantes.

Les nouvelles statistiques disponibles concernent le premier trimestre 2014. Elles ne sont présentées par le Haut Commissariat au Plan que sous forme de glissement annuel. Il n’est pas possible pour le moment, d’isoler l’évolution des trois premiers mois de l’année. Tout ce dont on dispose, ce sont les chiffres à fin mars 2015, vs fin mars 2014.
C’est donc un instantané à fin mars 2015, que l’on peut comparer à fin mars 2014.
Cet instantané n’est pas rassurant:
- en apparence, la situation connaît une légère amélioration puisque le taux de chômage est passé, de 10,2% à 9,9% au niveau national, de 14,6% à 14,3% en milieu urbain et de 5,1% à 4,7% en milieu rural.
En matière d’emploi, 58.000 postes d’emploi rémunérés ont été créés au cours de la période, 49.000 postes en milieu urbain et 9.000 en milieu rural. En net, c’est-à-dire en prenant en compte le nombre d’emplois détruits, l’amélioration n’est que de 27.000 emplois.
- près de deux emplois salariés sur trois (62,3%) sont sans contrat de travail, notamment dans le secteur de l'"agriculture, forêt et pêche"où cette proportion atteint 90% ;  
- l'emploi non rémunéré représente 20,6% de l'emploi au niveau national et 38% en milieu rural ;
- près de huit actifs occupés sur dix (78,5%) ne disposent pas de couverture médicale, 93% en milieu rural et 64,6% en milieu urbain. Parmi les salariés, cette proportion est de 58% au niveau national, 79,5% en milieu rural et 49,8% en milieu urbain ;
- seuls 1,7% des salariés au niveau national et 2,2% en milieu urbain déclarent avoir bénéficié d’une formation, prise en charge par l’employeur, au cours des 12 derniers mois;
- seuls 3% des actifs occupés sont affiliés à une organisation syndicale ou professionnelle, 5,6% en milieu urbain et moins de 1% en milieu rural. Parmi les salariés, cette proportion atteint près de 6% au niveau national, 8% en milieu urbain et moins de 2% en milieu rural.
Le taux d féminisation de la population active a de nouveau baissé de 26,6% à 26,4%), ce qui peut laisser penser qu’une partie de l’amélioration du chômage provient du fait que des femmes quittent l’activité et restent au foyer.
- En milieu urbain, le taux de chômage des jeunes de 15-24 ans est passé de 36,7% à 39,1%. En d’autres termes, dans les villes, plus deux jeunes de moins de 25 ans sur 5 sont au chômage.
- Les chômeurs sont pour:  
•  près de huit sur dix (78,1%) citadins ;
•  près des deux tiers (62,9%) âgés de 15 à 29 ans ; il y a au Maroc aujourd’hui, plus de 700.000 jeunes citadins, de moins de 30 ans, qui sont au chômage.
•  plus du quart (27,6%) détenteurs d’un diplôme de niveau supérieur ;
•  près de la moitié (49,7%) primo-demandeurs d’emploi ;
•  plus de six sur dix (61,4%) en chômage depuis une année ou plus ;
• près du quart (24,8%) dans cette situation suite à un licenciement ou à un arrêt de l’activité de l’établissement employeur.
Voici par ailleurs les grandes lignes de la note d’information diffusée ce mardi 05 mai par le HCP.
 Entre le premier trimestre de l’année 2014 et celui de 2015 :
- L’économie marocaine a créé 27.000 postes d’emploi, résultat d’une création de 45.000 postes en milieu urbain et d’une perte de 18.000 en milieu rural.
- Dans ce cadre, l’"agriculture, forêt et pêche" a bénéficié de 14.000 emplois, l’"industrie y compris l'artisanat" 9.000, les "services" 4.000 contre une performance nulle dans le  BTP.
- Avec une baisse de 34.000 personnes, 12.000 en milieu urbain et de 22.000 en milieu rural, le volume global du chômage a atteint 1.157.000 personnes au niveau national.
-  Le taux de chômage est ainsi passé, de 10,2% à 9,9% au niveau national, de 14,6% à 14,3% en milieu urbain et de 5,1% à 4,7% en milieu rural. Parmi les hommes, il est passé de 9,8% à 9,4% et parmi les femmes, il s’est maintenu à 11,3%.
-  Le taux de sous-emploi, quant à lui, s’est accru de 0,4 point, passant de 9,5% à 9,9% au niveau national. Il est passé de 9,1% à 9,3% en milieu urbain et de 9,9% à 10,5% en milieu rural.
Légère baisse des taux d’activité et d’emploi
Avec 11.670.000 personnes, la population active âgée de 15 ans et plus a baissé, entre les premiers trimestres de 2014 et 2015, de 0,1% au niveau national (-0,7% en milieu rural et +0,5% en milieu urbain). La population en âge d’activité s’est accrue, quant à elle,  de 1,5%. Ainsi, le taux d’activité est passé, entre les deux périodes, de 47,7% à 47%, enregistrant une diminution de 0,7 point.
En matière d’emploi, 58.000 postes d’emploi rémunérés ont été créés au cours de la période, 49.000 postes en milieu urbain et 9.000 en milieu rural. L’emploi non rémunéré, composé d’environ 98% d’aides familiales, a en revanche enregistré une baisse de 31.000 postes, 4.000 en zones urbaines et 27.000 en zones rurales.
Au total, avec la création de 45.000 emplois en milieu urbain et la perte de 18.000 en milieu rural, l’économie marocaine a créé 27.000 postes nets d’emploi. Le volume global de l’emploi est ainsi passé, entre les deux périodes, de 10.486.000 à 10.513.000 personnes. Le taux d’emploi, quant à lui, a reculé de 0,6 point au niveau national, passant de 42,9% à 42,3%, de 0,4 point en milieu urbain et de 0,6 point en milieu rural, passant respectivement de 36% à 35,6% et de 53,5% à 52,9%.
A l’exception du secteur des BTP dont le volume d’emploi a stagné, tous les autres secteurs ont vu leur volume d’emploi augmenter.
Le secteur de l’"agriculture, forêt et pêche" a créé 14.000 emplois (+0,4% du volume d’emploi du secteur) contre une création de 53.000 postes l’année dernière et une perte de 106.000, comme moyenne annuelle, au cours de la période 2011-2013.
Le secteur de l’"industrie" qui comprend aussi l’artisanat a connu la création de 9.000 postes (+0,8%), dont environ 8.000 par la branche des "Industries extractives", contre une création annuelle moyenne de 5.000 emplois au cours des trois dernières années.
Le secteur des "services" a créé 4.000 postes d’emploi (+0,1%) contre une création annuelle moyenne de 128.000 au cours des trois dernières années.
Le secteur des BTP a, au contraire, connu une stagnation de son volume d’emploi, après une perte annuelle moyenne de 37.000 postes durant les trois dernières années.
Quelques indications sur la qualité de l’emploi
Il ressort de l’analyse des principales caractéristiques de la population active occupée que:  
•         61,8% des actifs  occupés sont sans diplôme, 26% ont un diplôme de niveau moyen[1] et 12,2% un diplôme de niveau supérieur[2]. Selon le secteur d’activité, la part des actifs  occupés n’ayant aucun diplôme est de 43,3% dans les services, 49,2% dans l'industrie, 66,4% dans les BTP et de 84,4% dans l'"agriculture, forêt et pêche";
•         le taux de participation des femmes à l’emploi est de 21,3% au niveau national, 13,8% en milieu urbain et 33,2% en milieu rural ;
•         9,9% des actifs occupés sont sous-employés avec quelques disparités entre les secteurs d'activité:
-          16,6% dans les bâtiments et travaux publics ;
-          10% au niveau de l'agriculture, forêt et pêche;
-          9,1% dans les services;
-          7,5% au niveau du secteur de l'industrie y compris l’artisanat ;
•         près de deux emplois salariés sur trois (62,3%) sont sans contrat de travail, notamment dans le secteur de l'"agriculture, forêt et pêche"où cette proportion atteint 90% ;  
•         l'emploi non rémunéré représente 20,6% de l'emploi au niveau national et 38% en milieu rural ;
•         8,1% des actifs occupés sont soit occasionnels soit saisonniers ;
•         près de huit actifs occupés sur dix (78,5%) ne disposent pas de couverture médicale, 93% en milieu rural et 64,6% en milieu urbain. Parmi les salariés, cette proportion est de 58% au niveau national, 79,5% en milieu rural et 49,8% en milieu urbain ;
•         près du quart (22,5%) des actifs occupés et 35% dans le secteur des BTP expriment le désir de changer d’emploi. Les raisons évoquées portent principalement sur la rémunération pour 70,5%, les conditions de travail  pour 10,2%, la stabilité pour 9,1% et un emploi plus adéquat à la formation reçue pour 4,5% ;
•         1,7% des salariés au niveau national et 2,2% en milieu urbain déclarent avoir bénéficié d’une formation, prise en charge par l’employeur, au cours des 12 derniers mois;
•         50% des actifs occupés réussissent à concilier entre leur vie privée et leur vie professionnelle, 30% avec difficultés, 16% avec beaucoup de difficultés et 4% n’y arrivent pas malgré tous les efforts déployés ;
•         près 3% des actifs occupés sont affiliés à une organisation syndicale ou professionnelle, 5,6% en milieu urbain et moins de 1% en milieu rural. Parmi les salariés, cette proportion atteint près de 6% au niveau national, 8% en milieu urbain et moins de 2% en milieu rural.
Situation, évolution et principales caractéristiques du chômage
Avec une baisse de 34.000 chômeurs, 12.000 en milieu urbain et 22.000 en milieu rural, la population active en chômage est passée, entre le premier trimestre de l’année 2014 et celui de 2015, de 1.191.000 à 1.157.000 chômeurs, enregistrant une baisse de 2,9% au niveau national. Le taux de chômage est ainsi passé, entre les deux périodes, de 10,2% à 9,9% au niveau national, de 14,6% à 14,3% en milieu urbain et de 5,1% à 4,7% en milieu  rural.
Les baisses les plus importantes du taux de chômage ont été relevées parmi les adultes âgés de 35 à 44 ans (-1 point) et les personnes n’ayant aucun diplôme (-0,5 point).
Le chômage demeure en particulier élevé parmi les diplômés et les jeunes âgés de 15 à 24 ans, c’est ainsi que :        
le taux de chômage est de 4,7% parmi les personnes sans diplôme, de 16% parmi ceux ayant un diplôme de niveau moyen[3] au niveau desquels il enregistre 24,3% parmi les actifs ayant un certificat de spécialisation professionnelle, et de 19,9% parmi les detenteurs d’un diplôme de niveau supérieur[4] avec en particulier un taux de 22,1% pour les lauréats des facultés.
Il est de 21,3% parmi les jeunes âgés de 15 à 24 et de 39,1% parmi les citadins d’entre eux, contre 9,9% pour l’ensemble des personnes âgées de 15 ans et plus.
Source: HCP
[1] Les diplômes de niveau moyen regroupent les certificats de l'enseignement primaire, ceux du secondaire collégial et les  diplômes de qualification ou de spécialisation professionnelle.
[2]Les diplômes de niveau supérieur regroupent les baccalauréats, les diplômes de techniciens ou de techniciens  spécialisés et les diplômes d'enseignement supérieur (facultés, grandes écoles et instituts).
[3] Les diplômes de niveau moyen regroupent les certificats de l'enseignement primaire, ceux du secondaire collégial et les  
diplômes de qualification ou de spécialisation professionnelle.
[4] Les diplômes de niveau supérieur regroupent les baccalauréats, les diplômes de techniciens ou de techniciens  spécialisés et les diplômes d'enseignement supérieur (facultés, grandes écoles et instituts).


6 Mai 2015
SOURCE WEB Par Médias24

Tags : La situation de l’emploi prend progressivement la forme d’une bombe à retardement- les statistiques du HCP sont préoccupantes- deux emplois salariés sur trois sont sans contrat de travail- l'emploi non rémunéré représente 20,6% de l'emploi au niveau national et 38% en milieu rural- huit actifs occupés sur dix (78,5%) ne disposent pas de couverture médicale- le taux de chômage des jeunes de 15  24 ans est passé de 36,7% à 39,1%-  61,8% des actifs  occupés sont sans diplôme, 26% ont un diplôme de niveau moyen  et 12,2% un diplôme de niveau supérieur-