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Agression homophobe à Fès, indignation mondiale

Agression homophobe à Fès, indignation mondiale

Tabassé en pleine rue, un travesti échappe de peu à la mort
Le procureur promet de sévir avec fermeté contre la «loi de la jungle»
Deux suspects déjà arrêtés par la police

La justice a ordonné l’ouverture d’une enquête suite à l’agression d’un jeune travesti. Ce dernier a été sauvagement tabassé mardi par des dizaines de badauds à Fès.  
Nouveau rebondissement dans l’affaire du lynchage d’un supposé «homosexuel», à Fès. En effet, le ministère de la Justice et des Libertés promet de lourdes peines pour toute personne impliquée dans l’agression homophobe perpétrée dans la nuit de lundi à mardi dernier.  
Pour rappel, un jeune travesti a été sauvagement tabassé par une foule en colère, en plein centre-ville, peu après 1 heure du matin. Dans un communiqué, dont L’Economiste possède copie, «Me Mohamed Zouaki, procureur près le tribunal de première instance de Fès, affirme avoir ordonné l'ouverture d'une enquête en vue d'identifier toute personne dont l'implication a été avérée dans l’affaire de l’agression de ce citoyen sur la voie publique, de la présenter devant la justice avec les effets juridiques qui en découlent».
Selon les termes du communiqué, rendu public mardi vers midi, «la rigueur et la fermeté seront employées à l'encontre de quiconque outrepassera la loi et les prérogatives de l'Etat, qui reste le seul habilité à punir les contrevenants à la loi». Ainsi, la justice annonce qu’elle va poursuivre les personnes qui ont participé au lynchage du supposé homosexuel à Fès avec une violence extrême.

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Les faits remontent à douze heures plutôt. Il était 1h du matin quand un jeune travesti est déposé par un taxi, devant la Banque du Maroc, place de Florence. En traversant la chaussée, il est harcelé verbalement par trois badauds. Aussitôt, une foule de plusieurs dizaines de personnes est formée. Le jeune homme sera sauvagement tabassé. La scène s’est déroulée sur le boulevard Hassan II, la principale avenue de la ville. Elle a été filmée par un passant et diffusée sur les réseaux sociaux. La vidéo montre un homme, cheveux longs, maquillé, vêtu d’une robe blanche. Il est encerclé par un groupe de jeunes, tiré au milieu de la chaussée, puis frappé et giflé par la foule. Il tente de s’enfuir à deux reprises mais en vain. Ses agresseurs lui déchirent les vêtements. «Des gens ont voulu aider la victime mais n’ont rien pu faire face aux agresseurs qui étaient beaucoup trop nombreux», déclare un témoin.
Le calvaire se termine, lorsque la victime prend refuge dans la «kissariat Chraïbi». C’est ici que des policiers sont intervenus pour le protéger et stopper son lynchage. Le jeune homme sera conduit par la suite, sous haute surveillance, au poste de police, alors que ses agresseurs sont partis comme si de rien n’était. Cependant, un taximan ayant tenté de sauver le «travesti» a été auditionné en tant que témoin.
Devant le 2e arrondissement de police, qui assurait la permanence de la nuit du 30 juin, la famille d’Oussama, le jeune agressé ainsi que ses amis campent jusqu’au petit matin. Il est presque 6h quand il quitte les locaux du bâtiment sécuritaire. «Le PV et la déposition de la victime ont été établis en présence notamment du chef de la division des affaires internes (DAI), relevant du ministère de l’Intérieur, un commissaire des renseignements généraux et deux officiers de la DGST», affirme une source présente sur les lieux. Enfin, à l'heure où nous mettions sous presse, deux suspects, identifiés dans les vidéos de l'agression, ont été arrêtés par la police.
Traînée de poudre médiatique
Mardi, l’agression homophobe est largement diffusée par la presse électronique et les réseaux sociaux. Elle est aussitôt dénoncée par les internautes et la société civile, suscitant un très fort émoi au Maroc et à l’international. Les ONG qualifient cet acte de «barbarie inouïe».  Au milieu de la journée, le ministère de la Justice et des Libertés fait son appel à l’ordre.
Le soir, l’information est relatée par la presse internationale dont France 24 et BFMTV. Sur boulevard Hassan II, les voitures de police multiplient les tournées. Vers une heure du matin, l’avenue était presque vide. Les présumés «homos» qui sillonnent habituellement les rues mitoyennes ont disparu. Cette controverse liée aux mœurs s’ajoute à celle des jupes des filles d’Inezgane… Invité d’une émission de la première chaîne, Al Aoula, diffusée en direct, Hamid Chabat, SG de l’Istiqlal et maire de la ville où le «gay» a été lynché, a noté que «c’est à la loi de veiller au respect de la dignité et des fondamentaux». «Pour cela, le gouvernement doit assumer sa responsabilité, rehausser son langage, protéger les citoyens et éviter les dérives», conclut-il.
Le 02 juillet 2015
SOURCE WEB Par L’économiste

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