Transport maritime Le Maroc à la merci des Espagnols
Avec 3500km de côtes maritimes, le Maroc n’a pas de flotte nationale.
Cette situation profite aux transporteurs étrangers, aux Espagnols et
aux Italiens en particulier, qui font la pluie et le beau temps dans les routes maritimes nationales. «Une
telle hégémonie est défavorable au Maroc qui n’a aujourd’hui aucune
maîtrise sur les prix du transport maritime non seulement des passagers,
mais aussi des camions TIR», prévient Abdelaziz Mantrach. Le président de l’Association professionnelle des agents maritimes, consignataires de navires et courtiers d’affrètement du Maroc (APRAM) va plus loin en soulignant qu’une telle domination étrangère pourrait dériver sur des ententes sur les prix, par exemple.
Sans même aller jusque-là, on assiste parfois à des augmentations
inexpliquées de tarifs, voire à de surprenants changements de ligne,
comme celui qui a été décidé dernièrement par GNV.
En mai dernier,
cette compagnie italienne a annoncé le remplacement, à partir du 5 juin,
de la ligne Sète-Nador par Sète-Melilia, ce qui a provoqué la colère
d’une partie de la communauté marocaine à l’étranger. Malgré cela, les
responsables concernés n’ont pas réagi confirmant ainsi que le Royaume
est en position de faiblesse face à ces transporteurs qui contrôlent son
trafic maritime.
Autre preuve que le Maroc est désarmé face aux
armateurs étrangers : le site Yabiladi.com rapporte que, lors du
déplacement du ministre de l’Equipement, des transports et de la
logistique, le 6 juin à Montpellier, en France, pour s’assurer du bon
déroulement de l’opération Marhaba, Aziz Rebbah a demandé à la
direction de GNV «de faire un geste» sur le prix des billets. Cette
demande s’apparente à un humiliant acte de mendicité. Venant d’un
officiel, c’est grave !
Comment le Maroc en est-il arrivé là ?
Comment le pays est-il passé de 66 navires battant pavillon marocain
dont il disposait dans les années 80 à 0 aujourd’hui ? La descente aux
enfers a commencé avec la liquidation de Marphocean en 2009, s’est
poursuivie avec la cessation d’activité de la Comanav en 2012 et
ensuite, la faillite de son repreneur, la Comarit. Elle continue
aujourd’hui encore avec l’agonie d’IMTC. Même la jeune compagnie marocaine Intershipping, créée en 2012, bute actuellement sur d’insurmontables difficultés.
Pendant
ce temps, le ministère des Transports, qui est pourtant le premier
concerné, est resté simple spectateur. Pire, toute son attention a été donnée à la politique portuaire sans qu’aucune politique maritime ne soit élaborée. Même l’étude livrée en juin 2013, menée par le cabinet espagnol ALG, Stratégie
du secteur du transport maritime marocain et développement du pavillon
national au Maroc, semble avoir été oubliée dans les tiroirs. Il
était prévu que ce travail soit suivi par deux autres analyses pour
déboucher sur la déclinaison de «la stratégie retenue en un plan
d’action pragmatique pour le développement du pavillon maritime national
de fret et de passagers». Sauf que rien de cela n’a été fait jusqu’à
présent. Résultat : ce sont les étrangers qui continuent à régner sur le
littoral marocain. Excédés, les représentants du secteur maritime
préparent ces jours-ci une lettre commune incendiaire, qu’ils comptent
adresser au ministre Rebbah pour lui signifier leur désarroi. Pourvu
qu’ils soient écoutés cette fois-ci.
3 juillet 2015
SOURCE WEB Par Mohammed Zainabi l’Observateur
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Transport maritime - le Maroc n’a plus de flotte nationale, cette
situation profite aux transporteurs étrangers, aux Espagnols et aux
Italiens en particulier- Une telle hégémonie est défavorable au Maroc
qui n’a aujourd’hui aucune maîtrise sur les prix du transport maritime
non seulement des passagers, mais aussi des camions TIR- Association
professionnelle des agents maritimes, consignataires de navires et
courtiers d’affrètement du Maroc (APRAM)- ne telle domination étrangère
pourrait dériver sur des ententes sur les prix, par exemple- pour
s’assurer du bon déroulement de l’opération Marhaba, Aziz Rebbah a
demandé à la direction de GNV «de faire un geste» sur le prix des
billets, cette demande s’apparente à un humiliant acte de mendicité,
venant d’un officiel, c’est grave- la jeune compagnie marocaine
Intershipping, créée en 2012, bute actuellement sur d’insurmontables
difficultés- toute l’attention du ministère des transports a été donnée à
la politique portuaire sans qu’aucune politique maritime ne soit
élaborée- Stratégie du secteur du transport maritime marocain et
développement du pavillon national au Maroc, semble avoir été oubliée
dans les tiroirs-