TSGJB BANNER

Monde arabe Le Printemps, un nouveau souffle à l'Onu

Monde arabe Le Printemps, un nouveau souffle à l'Onu

Publié le : 27.12.2011 | 06h19 L'année 2011 a marqué un tournant historique dans le monde arabe mais a, également, constitué un «immense défi» pour l'organisation des Nations unies appelée à être au rendez-vous de l'histoire et accompagner les aspirations populaires à un changement démocratique dans un monde en proie aux «incertitudes et inégalités». L'intensité et l'échelle des bouleversements qui ont touché pratiquement tout le monde arabe sont intervenues si rapidement avec des «enjeux et des espoirs de changements, tels, qu'il était «quasiment impossible» de les prévoir, explique un diplomate onusien. Le «réveil arabe ou printemps arabe» a transformé le paysage géopolitique, reconnaît le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, qui se félicite que l'Oby ait pris «position très tôt» et «avec insistance» sur cette question. «Nous avons agi de façon décisive, de concert avec la Communauté internationale», a-t-il dit, regrettant les nombreuses victimes. Plusieurs observateurs se rappelleront de la nuit du vendredi 25 février 2011 qui a fait basculer le Printemps arabe et où une page de l'histoire moderne du monde arabe a été écrite au sein du Conseil de sécurité de l'Onu. L'ambassadeur libyen Abderrahmane Chalgham après avoir fait défection et appelé à des sanctions contre son pays, a décidé que la mission diplomatique libyenne «ne représentera que le peuple et rien d'autre». Depuis, de nombreux moments forts se sont succédés et imprimés un nouveau rythme à l'organisation mondiale, car constatant que le vent du changement a balayé le monde entier, l'exemple du mouvement «Occupy Wall Street», a «démontré que même les pays développés ne sont pas en marge de la période de revendications et de mutations que traverse toute la planète», a relevé Ban Ki-moon. De fait, jamais l'Onu «n'a connu autant de rapports, résolutions, envoyés spéciaux, médiations en un laps de temps aussi court», se rappelle un ancien responsable au sein de l'organisation mondiale. Et si l'Organisation mondiale a connu «quelques hésitations et ajustements», elle a été prompte à réagir quand il s'est agi de défendre la volonté de la jeunesse. Des «maladresses, une certaine lenteur» face à la vitesse de déclenchement de cette «lame de fonds» qui a traversé le monde arabe, mais «rapidement la barre a été redressée», tient-il à souligner. «On peut dire que concernant le printemps arabe, l'Onu a marché à deux vitesses. Le secrétaire général a réagi rapidement alors que le Conseil de sécurité, a marqué quelques tergiversations, à cause de visions divergentes entre les BRICS (Russie, Chine, Brésil, Inde, Afrique du Sud) et les trois autres permanents (France, Etats-Unis et Grande-Bretagne), estime ce responsable. «En ce qui concerne le Réveil arabe, le secrétaire général de l'Onu a montré un haut degré de dynamisme face aux revendications des peuples de la région, et dans la défense de leurs droits légitimes», a déclaré à la MAP, Abdelkader Abbadi, ancien haut fonctionnaire marocain de l'Onu. Pour Farhan Haq et Vannina Maestracci, porte-paroles adjoints aux Nations unies, les revendications de la jeunesse arabe ont coïncidé avec les principes de la Charte des Nations unies qui se sont senties interpellées dès le début des printemps arabes. «Il y avait des injustices sociales qui d'ailleurs ont été relevées dès 2009, par les Nations unies dans un rapport «prémonitoire», sur «Les défis de la sécurité humaine dans les pays arabes» et qui a appelé à la nécessité «d'adopter une approche solidaire qui intègre promotion du développement, sécurité, bonne gouvernance et droits de l'homme», a relevé, dans une déclaration à la MAP, Farhan Haq. Il est «indéniable que le Printemps arabe a donné un nouveau souffle à l'organisation mondiale» qui «après avoir vécu son âge d'or de 1990 à 2000 avec l'effondrement du mur de Berlin, est passée par une phase de questionnement à la suite des attentats de septembre 2001, de la guerre en Irak et des scandales prisons d'Abou Ghraib et de Guantanamo», souligne un diplomate à l'Onu. Dans un monde qui traverse une «ère d'incertitude et d'inégalité», «notre défi est de suivre, de nous adapter et d'agir», fait observer, pour sa part, le Secrétaire général de l'Onu, pour qui «peu de choses sont aujourd'hui réalisables sans l'Onu». La preuve en est, selon lui, le «rôle essentiel que nous avons joué dans la libération de la Libye. De même, nous nous tenons prêts à continuer à assister, à leur demande, la Tunisie et l'Egypte», dit-il tout en se félicitant de l'accord conclu au Yémen, à travers, encore une fois, la médiation de l'Onu, et qui «ouvre la voie à la fin des hostilités et à la mise en place d'un nouveau Gouvernement d'union nationale». Les «peuples sont en train de contourner les institutions traditionnelles dans leur désir de changement, dans leur demande de démocratie, de justice, de droits de l'Homme et de nouvelles opportunités sociales et économiques», poursuit le secrétaire général. En effet, «les événements historiques de 2011 en Afrique du Nord et au Moyen-Orient posent, y compris à l'Organisation des Nations unies, la difficile question de savoir comment réagir efficacement à cette possibilité, qui ne s'offre qu'une fois par génération, de soutenir les aspirations populaires à un changement démocratique dans le monde arabe». Pour Ban Ki-moon, «nous pouvons néanmoins, en cette fin d'année qui fut une année extraordinaire sur le plan des droits de l'Homme, nous réjouir de plusieurs succès encourageants: les transitions qui ont été amorcées sur la voie de la démocratie, les nouvelles mesures visant à garantir que les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité répondent de leurs actes, et le fait que les droits eux-mêmes sont de mieux en mieux connus». Nourrit-il quelques inquiétudes face aux transitions politiques qui sont en train de se mettre en place?, Le Chef de l'Onu soulignera «sa volonté d'aider ces pays et leurs peuples, en particulier ceux qui sont capables d'atteindre leurs aspirations initiales, comme la Tunisie, l'Egypte et le Yémen», car il est «très important que leur succès soit durable». Mais «notre défi est de garder la cadence, de rester dans la course, de nous adapter et de servir efficacement le monde», dit-il comme en rappel des objectifs qu'il s'assigne pour son second mandat de cinq ans qu'il entame début 2012. SOURCE WEB Par MAP Le Matin