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Vente d’alcools Des horaires plus resserrés à Casablanca

Vente d’alcools  Des horaires plus resserrés à Casablanca

En super, hypermarchés et dans les épiceries, impossible avant 11 heures
L’arrêté du wali est contesté par les commerçants


LE réaménagement des horaires d’ouverture des débits de boissons alcoolisées et des bars soulève un mécontentement

Source: Arrêté gubernatorial réglementant les horaires d’ouverture et de fermeture des débits de boissons alcoolisées L’arrêté gubernatorial fixant les horaires d’ouverture et les dates de fermeture des débits de boissons alcoolisées abroge un texte remontant au 4 janvier 1978  général dans la profession. Depuis lundi 20 juillet, un arrêté du wali fixe de nouvelles plages horaires d’ouverture de bars, de «boîtes de nuit» et de rayons d’alcools dans les épiceries et les supermarchés.

A en juger par la réaction de commerçants, cette «mise à jour » serait un «mauvais deal» pour le marché.

La décision fait suite à la demande des professionnels qui souhaitaient mettre de l’ordre dans le commerce et régler des problèmes liés à l’activité. Une rencontre a eu lieu entre le wali et l’Association marocaine de vente des boissons alcoolisées la veille du mois de Ramadan. L’ordre du jour portait notamment sur la possibilité de rallonger les horaires d’ouverture pendant l’été. La requête des commerçants de boissons alcoolisées était de pouvoir ajouter automatiquement une heure de plus après le passage à l’heure d’été plutôt que de solliciter une demande dont l’instruction pouvait parfois prendre plusieurs semaines. Cette procédure ouvrait parfois la voie à des décisions inexplicables. Certains commerçants ou tenanciers de bars obtenaient un avis favorable alors que d’autres se voyaient opposer un refus.

Désormais, la wilaya, via un arrêté, autorise tous les professionnels, à l’exception des épiceries et des GMS (super et hypermarchés), à répercuter systématiquement l’heure d’été dès le 1e avril et ce, sans aucune formalité préalable et de revenir à l’horaire «normal» le 1e novembre. Ce qui a été favorablement accueilli par tous les commerçants concernés. Mais l’arrêté gubernatorial, entré en vigueur le 20 juillet dernier, ne comporte pas que des points «positifs». Il a plutôt constitué une véritable douche froide pour les opérateurs du fait qu’il induit une réduction du temps de travail sans qu’aucune solution n’ait été trouvée pour régler les différentes questions en suspens, constate la profession. Par ailleurs, plus une autorisation exceptionnelle de fermeture tardive ne sera accordée.

La nouvelle grille horaire ne fait pas l’unanimité des commerçants (Voir tableaux). Ainsi, les épiceries ne pourront vendre de boissons alcoolisées qu’entre 11h et 20h alors qu’auparavant, elles pouvaient ouvrir le rayon à partir de 8 heures (du matin). La même restriction vaut pour les supermarchés et hypermarchés. Quelle que soit l’heure d’ouverture du magasin, la vente d’alcools n’est pas autorisée avant 11 heures.

Par ailleurs, à l’inverse des grandes surfaces, les épiceries vendant de l’alcool en plus d’autres produits alimentaires doivent baisser les rideaux à 20 heures. La concurrence fermant bien plus tard (au-delà de 22 heures), leurs gérants redoutent une perte de chiffre d’affaires. Pour Kacem Jdouri Jilali, président de l’Association des vendeurs de boissons alcoolisées, «la réglementation des horaires d’ouverture et de fermeture des débits de boissons alcoolisées est un non-sens puisqu’elle vise les musulmans. Or, la vente d’alcools à cette clientèle est formellement interdite par la loi. Il s’agit donc d’une reconnaissance d’une situation de fait».
La situation s’avère cocasse quand deux clients, dont l’un est musulman et l’autre chrétien par exemple, se rendent ensemble dans un bar avant 11h. Contrairement au second, le client marocain ne pourra pas se faire servir d’alcool

Alcool

Toutes les épiceries tenant un rayon de boissons alcoolisées en plus d’autres marchandises doivent désormais fermer à 20 heures. Leurs gérants redoutent de perdre le chiffre d’affaires car la concurrence resterait ouverte bien au-delà  puisque la loi l’interdit. Le barman devra jouer au flic pour savoir s’il a affaire à un client musulman ou non. Quelle attitude devra-t-il avoir face à un consommateur arabe, qui n’est pas toujours censé être de confession musulmane? Pour les tenanciers des bars, «c’est incompréhensible dans une ville comme Casablanca qui est aussi une destination touristique». Il faudra également faire la distinction entre les débits de boissons, tels que les restaurants et autres cabarets, qui dépendent d’hôtels ou qui sont autonomes, qui proposent ou pas des spectacles. Les écarts d’ouverture entre les différents établissements ont de quoi donner le tournis aux pouvoirs publics.

Les professionnels devraient tenir une réunion au siège de la Chambre de commerce, de l’industrie et des services de Casablanca dans les tous prochains  jours. Un mémorandum devrait ensuite être transmis aux pouvoirs publics pour essayer d’infléchir leur position.
L’autre anomalie qui caractérise le commerce des boissons alcoolisées concerne le travail des femmes dans les bars en tant que barmaid. Celles-ci sont tenues de détenir une licence spéciale. Un document qui n’est pas exigé du barman. D’où une discrimination inexpliquée à l’encontre des femmes obligées, de par leurs conditions économiques, de travailler dans un bar. Outre le fait que ce travail n’est pas socialement valorisant pour la femme, il peut la conduire en prison. «Chaque fois que la police débarque dans un bar et qu’elle trouve qu’une barmaid y est employée, elle la convoque pour une enquête au poste. Elle devra ensuite effectuer une demande pour pouvoir travailler dans le bar. Dans la plupart des cas, elles refusent d’accomplir ces formalités», révèle Kacem Jdouri Jilali, président de l’Association des vendeurs de boissons alcoolisées. Ce dernier propose que les barmaids soient soumises aux mêmes conditions de travail que leurs collègues barmen. Au nom de la parité!

Le casse-tête de la responsabilité du gérant

LES gérants de débits de boissons souhaitaient que la réunion avec les autorités locales permette de trouver une solution à l’épineux problème de la responsabilité des gérants de bars en cas d’incident. Chaque fois qu’un consommateur est impliqué dans des troubles à l’ordre public, les policiers ou les gendarmes remontent systématiquement jusqu’au commerçant lui ayant vendu l’alcool. Outre la fermeture de l’établissement, ce dernier est souvent arrêté ou poursuivi en justice.

Les gérants de bars espéraient la fin de cette pratique. Il n’en est rien. «Quand ils refusent de servir des clients déjà saouls, les tenanciers sont parfois pris à partie. Et quand la police débarque, ils finissent derrière les barreaux sous l’accusation d’avoir vendu des boissons alcoolisées à des musulmans alors qu’ils ont justement refusé de le faire», s’étonne Kacem Jdouri Jilali, président de l’Association des vendeurs de boissons alcoolisées. Certains commerçants sont régulièrement rackettés. Les récalcitrants se retrouvent souvent indûment traînés devant la justice pour le même motif. Des fermetures sont parfois ordonnées sans qu’elles ne soient toujours justifiées. Autant d’abus qui dénotent de l’hypocrisie entourant le commerce du vin. Tout le monde sait que la poignée de clients non musulmans résidant au Maroc ne peut pas à elle seule absorber la production nationale de boissons alcoolisées, estimées à plusieurs dizaines de millions de litres. Par conséquent, ce commerce doit être démystifié et il faut arrêter la chasse aux sorcières à chaque fois que des troubles à l’ordre public sont provoqués par un consommateur ayant trop levé le coude.

Le 27 Juillet 2015

SOURCE WEB Par L'économiste

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