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Le Roi lance un ambitieux chantier social, l'Administration ne communique pas

Le Roi lance un ambitieux chantier social, l'Administration ne communique pas

Aucune explication complémentaire n’est venue éclairer l’opinion au sujet du chantier social de 50 milliards de DH annoncé par le Roi. Pourtant, l’Intérieur a tous les chiffres.

Le discours du Trône de cette année a annoncé le lancement d’un chantier social extrêmement ambitieux, qui nécessitera la mobilisation d’au moins 50 milliards de DH.

L’objectif est de pallier les déficits, partout où il y en a, “en termes d'infrastructures et de services sociaux de base, tant dans les domaines de l'enseignement et de la santé, qu'en ce qui concerne l'eau, l'électricité, les routes rurales, etc.“

Le Roi avait chargé le ministère de l’Intérieur de réaliser une étude exhaustive sur la question. Plus de 29.000 douars souffrant de tels déficits, dans 1.272 communes, ont été répertoriés. Le Maroc ne compte que 1.503 communes. C’est dire que la plupart des régions sont concernées.

Environ 20.800 projets ont été par ailleurs examinés, “dédiés à plus de 12 millions de citoyens [plus d’un Marocain sur trois], vivant dans plus de 24.000 douars, avec un budget global de 50 milliards de dirhams environ“, a annoncé le Souverain qui a également invité “le gouvernement à établir un plan d'action intégré, fondé sur le partenariat entre les différents départements ministériels et les institutions concernées, en vue de trouver les moyens de financement des projets et de définir un échéancier précis pour leur mise en œuvre“.

L’initiative royale est exceptionnelle par son ampleur et sa méthode. Il s’agissait de lister les zones à fort déficit social et en infrastructures puis de trouver le financement et d’élaborer un échéancier.

A partir de là, beaucoup de questions se posent. Le discours royal a suscité une attente forte et des questions légitimes:

-quels sont les douars concernés? dans quelles régions sont-ils situés?

-quelle a été la méthode adoptée ?

-quelles sont les infrastructures concernées? combien de dispensaires, d’écoles, de déficit en eau potable ou en électricité? combien de routes rurales?

-quels enseignements en tirer en termes d’études de la pauvreté? car on sait depuis longtemps que la pauvreté n’est pas uniquement monétaire. Par exemple, le taux de pauvreté a-t-il tiré ces douars vers le bas ou bien est-ce que ces déficits ont aggravé la pauvreté?

C’est le ministère de l’Intérieur, maître d’ouvrage de ce chantier, qui est censé apporter la réponse aux questions que nous nous posons, nous, journalistes, associations, organisations politiques et simples citoyens.

Apporter ces réponses, c’est donner un contenu concret à une initiative inédite.

Le discours du Roi a été prononcé jeudi 30 juillet en début d’après midi.

Samedi 1er août dans l’après midi, le ministère de l’Intérieur diffuse enfin un communiqué sur la question.

Voici la partie qui concerne ce chantier social exceptionnel :

Réunion au ministère de l'Intérieur sur les prochaines élections, les grands chantiers lancés au Maroc et la situation sécuritaire

«Le ministre de l'Intérieur, Mohamed Hassad, et le ministre délégué auprès du ministre de l'Intérieur, Charki Draiss, ont tenu, samedi au ministère de l'Intérieur à Rabat, une réunion avec les Walis des régions et les Gouverneurs des provinces, des préfectures et des préfectures d'arrondissements du Royaume consacrée aux prochaines échéances électorales, aux grands chantiers lancés au Maroc, à des questions à caractère social ainsi qu'à la situation sécuritaire dans le pays.

«Cette rencontre, qui s'est tenue dans le sillage du 16-ème anniversaire de l'accession de SM le Roi Mohammed VI au Trône de Ses glorieux ancêtres et de la cérémonie d'allégeance présidée par le Souverain, s'est déroulée en présence du ministre de la Justice et des Libertés, du Directeur Général des études et de la documentation, du Directeur Général de la sûreté nationale et de la surveillance du territoire national, du Général de division, commandant en second représentant le commandant de la Gendarmerie Royale, le Général de division inspecteur de la protection civile, le général de brigade inspecteur des Forces auxiliaires (zone nord), le général de brigade inspecteur des forces auxiliaires (zone sud) et plusieurs responsables à l'administration centrale au ministère de l'Intérieur.

«Dans ce cadre, plusieurs questions en rapport avec les compétences du ministère de l'Intérieur ont été passées en revue, dont le développement territorial et social en milieu rural à la lumière des Hautes Orientations royales contenues dans le discours du Trône de cette année, et l'étude de terrain qui a été réalisée pour cerner le déficit en infrastructures et services sociaux dans le monde rural, ainsi que les moyens à mettre en œuvre en vue de résoudre ce déficit dans le cadre d'un partenariat avec les différents secteurs gouvernementaux, les collectivités territoriales et l'Initiative nationale pour le développement humain, dans la perspective de mobiliser les fonds nécessaires pour financer les projets et assurer leur programmation en vue d'améliorer les conditions de vie des citoyens en milieu rural».

En d’autres termes, des gens très importants se sont réunis suite au discours royal, et ont manifesté leur entière détermination à appliquer les orientations du Roi. Le reste n’est que paraphrase de ce que le Roi a déjà expliqué dans des termes plus accessibles au citoyen lambda.

Autrement dit, le communiqué ne s’adresse pas à l’opinion publique. Il s’adresse au cabinet royal, comme pour dire: voilà, nous appliquons tous au plus près et au plus vite les directives du Roi.

Le ministère de l’Intérieur a en charge d’importants dossiers dans le pays, y compris l’administration territoriale et les élections. Mais il ne communique pas.

Les personnes ne sont pas en cause. L’accueil, téléphonique, par mail ou en face-à-face, est toujours courtois. Mais le ministère ne veut pas communiquer. Tout se passe comme s’il ne savait pas s’y prendre, comme s’il se méfiait de l’opinion publique, ou comme s’il était convaincu qu’il n’avait de comptes à rendre qu’au Chef de l’Etat. Au contraire, dans le Maroc nouveau, l’opinion publique compte. Le Roi évalue certes ses ministres, mais cela ne les exempt pas d’expliquer, de communiquer, voire de se faire questionner par l’opinion ou par la presse.

Le ministre de l’Intérieur n’est pas le seul dans ce cas. Plusieurs autres départements adoptent la même attitude.

Comment un journal peut-il expliquer les élections à ses lecteurs, leur calendrier, leur planning, s’il n’accède pas aux responsables? La préparation des élections, ce n’est pas seulement un ensemble de textes, ni un communiqué plein de chiffres, avec plus de 14 millions et demi  d’inscrits au 15 avril. Les spots que diffuse la télévision, c’est très bien, mais ce n’est pas suffisant.

Prenons un contre exemple: le vendredi 19 juin, a été signé au palais royal de Rabat, un accord historique, sous la présidence du Chef de l’Etat, par lequel PSA implantera une usine au Maroc.

A la sortie du palais royal, Moulay Hafid Elalamy et le patron de PSA ont longuement rencontré la presse et n’ont pas été avares de détails. Ils ont donné à la signature solennelle au palais royal un contenu concret. Ils ont fait rêver les Marocains et, depuis, la préparation, la mise en place des écosystèmes font l’objet d’une communication régulière.

Le temps de la démocratie, ce n’est pas celui des communiqués, c’est celui des échanges, des allers retours avec la presse.

Au cours de la semaine écoulée, le ministre de l’Intérieur a réuni les agences de presse étrangères accréditées au Maroc, dont les journalistes ont pu poser toutes leurs questions. Accorderait-il plus d’importance à l’opinion publique étrangère qu’à l’opinion marocaine?

Le ministère de l'Intérieur va peut-être expliquer que la communication est en préparation. Et c'est peut-être vrai. Mais le Maroc a besoin que tous les départements ministériels, sur tous les dossiers importants tels que les élections ou cet ambitieux chantier social, acquièrent le réflexe de se préoccuper de l'opinion publique.

Le 02 août 2015

SOURCE WEB Par  Médias 24

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