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Accès au partage des avantages APA Les ressources naturelles piratées

Accès au partage des avantages  APA   Les ressources naturelles piratées

L'absence d'un cadre juridique national encourage le pillage du patrimoine national Publié le : 29.01.2012 | 11h00 «Les Israéliens ont volé notre patrimoine. Ils commercialisent maintenant l'huile d'argan sous la marque “morrocco oil” aux états-Unis et cela leur procure actuellement d'énormes bénéfices ». « Le palmier-dattier de la variété majhoul lui aussi a été piraté par les Australiens, les Américains et autres ». « Il y a même des scientifiques étrangers qui, sous couvert d'écotourisme, sillonnent des villages pour collecter le savoir-faire ancestral relatif à l'utilisation de ces plantes médicinales contre 30 DH versés aux habitants. » Voici quelques «morceaux choisis» rapportés lors de l'atelier national de concertation sur l'accès au partage des avantages (APA), découlant de l'exploitation des ressources naturelles. Une rencontre organisée jeudi dernier à Rabat par le département de l'Environnement en partenariat avec le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et Le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) Le département de l'Environnement mène une étude de diagnostic de l'état de connaissance des ressources génétiques au Maroc et d'évaluation des besoins en matière de renforcement de capacité pour la mise en œuvre des lignes directrices de Bonn (LDB), relatives à l'APA. L'objectif ultime de cette étude consiste en la définition des orientations stratégiques visant à mettre en œuvre le Protocole de Nagoya, adopté par la Convention de la biodiversité biologique (CBD) en octobre 2010 au Japon et que le Maroc a signé en décembre dernier. « Le protocole de Nagoya est un traité complémentaire de la CBD. Il fournit un cadre juridique pour la mise en œuvre de son troisième objectif à savoir l'accès au partage des avantages découlant de l'exploitation des ressources naturelles», a souligné Mostafa Madbouhi, chef du service sites naturels au département de l'Environnement. Cet accord international impose aux firmes agroalimentaires, laboratoires pharmaceutiques, cosmétiques et autres à respecter les autorisations d'accès et le consentement préalable en connaissance de cause entre fournisseurs, situés souvent dans le Sud, et utilisateurs, issus des pays développés. Pour ce faire, la CBD appelle les pays membres à élaborer leur propre loi APA. A l'échelle nationale, les participants à cet atelier de concertation ont déploré la lenteur dans l'élaboration d'un cadre juridique, ainsi que l'absence d'interlocuteurs officiels. « Nous ne savons pas à qui nous adresser. Où est la Haute Autorité nationale chargée de prendre en mains ce dossier ? », a protesté Zoubida Charrouf, président de l'association Ibn Al Baytar pour la promotion des plantes médicinales. L'absence d'un cadre juridique oblige les firmes étrangères à quitter les pays malgré leur richesse naturelle. Ces compagnies attaquées par les ONG de défense de l'environnement et de droits de l'Homme refusent maintenant d'opérer dans un territoire où il n'y a pas une « certitude juridique ». « Des firmes étrangères s'apprêtent à quitter le Maroc, faute d'une loi nationale sur l'APA », avait indiqué Suhail Al-Janabi, consultant à la coopération technique allemande (GTZ) et un des promoteurs de l'«Initiative APA pour l'Afrique ». L'Afrique produit à elle seule quelque 25% des ressources naturelles, mais elle reçoit moins de 5% des bénéfices issus de l'exploitation de ces ressources naturelles en raison de l'absence de lois nationales. Les produits pharmaceutiques tirés des produits naturels représentent quelque 120 milliards de dollars soit 40% des ventes annuelles des produits pharmaceutiques. Selon l'organisation non gouvernementale (ONG) canadienne RAFI, qui traque les formes de bio piraterie, les pays du Sud perdent chaque année quelque 25 milliards de dollars en raison de l'absence de lois nationales. Ces pertes économiques considérables doivent inciter les pays du Sud à protéger leur biodiversité, considérée comme « l'or vert » du 21e siècle. Plantes résistantes On entend généralement par ressources génétiques (RG) le matériel d'origine végétale, animale ou microbienne contenant des gènes et ayant une valeur réelle ou potentielle. Ces gènes donnent aux organismes vivants la capacité de produire certaines substances nécessaires à leur fonctionnement, lesquels gènes peuvent également – par leurs caractéristiques particulières – être utiles au développement de nouveaux produits (médicaments, etc.) ou apporter des solutions à divers problèmes (plantes résistantes aux maladies, à la sécheresse, etc.) On peut comparer les RG d'un pays à une bibliothèque contenant de nombreux livres, mais on ne peut savoir à quel moment on aura besoin de l'un d'entre eux pour trouver une solution à un problème. Repères Résultats Lors de la 10e conférence de la Convention sur la diversité biologique (CDB), organisée du 18 au 29 octobre 2010 à Nagoya (Japon), trois principaux résultats ont été obtenus Horizon Le premier consiste à adopter un plan stratégique de la CDB à l'horizon 2011-2020 qui propose la transformation en aires protégées de 17% des terres du Globe et 10% des aires marines et côtières Décennie Face à la détérioration de l'environnement, la 10e conférence de CDB a décidé de demander à l'Onu de déclarer 2011-2020, décennie de la biodiversité. SOURCE WEB Par Rachid Tarik | LE MATIN