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Crise dans le détroit L’opération transit MRE menacée

Crise dans le détroit   L’opération transit MRE menacée

En dépit du lancement d’un appel d’offres pour l’exploitation de trois lignes L’amarrage forcé de la flotte de Comarit ampute l’offre de transport Le drame des marins marocains continue à Algésiras et Sète L’opération Transit MRE démarre en juin. Les plans de flotte lors d’antérieures opérations prévoyaient jusqu’à 30 bateaux avec une fréquence d’environ un départ par heure, mais avec l’absence de la Comarit/Comanav, cet objectif sera très difficile à atteindre LA crise du transport maritime de passagers entamée en début d’année risque de marquer pour longtemps le secteur. Les dommages collatéraux s’enchaînent et l’un des plus fatals reste la réduction drastique de l’offre de transport au niveau du détroit. Actuellement, le nombre de bateaux assurant la traversée entre le Maroc et les ports du sud de l’Europe s’élève à 10 ferrys, huit de courte distance reliant Tanger aux ports du sud de l’Espagne et deux au long trajet atteignant Barcelone et Gênes en Italie. La capacité totale en places est d’environ 8.000 passagers avec 3.000 voitures par jour pour les lignes à courte distance et 2.000 passagers supplémentaires par semaine pour les lignes à long trajet, soit 50% de moins qu’en temps normal. Par rapport à la demande, l’offre est déjà très serrée même si le secteur est en période creuse. En effet, les ferrys partent à pleine charge, tant en passagers qu’en voitures. Dès les prochains mois, le nombre de passagers devrait connaître une nette croissance pour atteindre son niveau maximal lors de l’opération Transit MRE qui démarre en juin. Les plans de flotte lors d’antérieures opérations prévoyaient jusqu’à 30 bateaux avec une fréquence d’environ un départ par heure, mais avec l’absence de la Comarit/Comanav, cet objectif sera très difficile à atteindre. C’est en prévision d’une telle situation que le ministère de l’Equipement a lancé la semaine dernière un appel d’offres (voir article ci-après) pour l’exploitation provisoire de trois lignes maritimes reliant Tanger Med à Sète d’un côté, Nador à Almeria et Sète de l’autre. Ces lignes devront entrer en service dès le 1er mai pour une durée maximale de 12 mois. Elles permettront de doper la situation sur le court terme et gagner quelques mois en attendant que la crise soit désamorcée. La mise sous saisie conservatoire des 11 bateaux sur un total de 12 de la Comarit-Comanav a eu aussi comme résultat de laisser à l’abandon plus de 500 marins et membres d’équipage dans les ports de Sète et Algésiras (cf. www.leconomiste.com). De plus, le doute plane sur la situation des 1.600 salariés que compte l’armateur au total. La situation est d’autant plus critique pour les marins car la législation maritime leur interdit de quitter les navires sous peine de perdre tous leurs droits, même si leurs salaires ne sont plus versés et qu’ils ne reçoivent aucune aide de leur employeur pour maintenir leurs navires. Leur situation empirant de jour en jour, ces employés ne vivraient dernièrement que des aides humanitaires apportées par divers organismes en Espagne et en France. D’un autre côté, la Comarit est en train de négocier avec plusieurs banques marocaines un deal pour renflouer la société, selon plusieurs sources. Mais la facture est lourde et la pilule dure à avaler, le montant total des dettes de la Comarit dépassant les 30 millions d’euros sur l’autre rive du détroit. Au Maroc, les chiffres seraient encore plus élevés et les créanciers de la Comarit sont légion. C’est le cas de l’Agence portuaire Tanger Med et de Marsa Maroc, en plus d’autres fournisseurs de biens et services. Même si de ce côté du détroit, les poursuites pour impayés contre la Comarit se font rares. Pour les deux opérateurs portuaires, ce sont d’évidentes raisons politiques qui empêchent toute action en justice, pour le reste, c’est l’espoir de négocier la récupération ne serait-ce que d’une partie des dettes. Les Espagnols, grands bénéficiaires LE malheur des uns fait le bonheur des autres, une maxime qui se vérifie encore une fois au niveau du détroit. La crise du transport maritime marocain promet d’être très bénéfique aux opérateurs espagnols du transport ainsi qu’aux ports de Sebta et Melilia. Actuellement, les opérateurs ibériques Balearia et Acciona exploitent trois bateaux sur les lignes reliant Algésiras à Tanger, des bateaux qui tournent à pleine capacité. Sur les lignes reliant l’Espagne aux ports de Sebta et Melilia, la demande est en croissance et devrait connaître, selon des sources portuaires, une montée en flèche dès les prochains mois. En effet, sur ces ports, même en basse saison, l’offre de transport est excédentaire et pourrait faire peser la balance des voyageurs vers ces ports. SOURCE WEB Par Ali ABJIOU L’Economiste