L’attaque d’Attac : Division climatique autour de la justice climatique à la veille de la COP 22
Attac-Maroc quitte la Coalition marocaine pour la justice climatique (CMJC). Elle estime que cette alliance, qui a vu le jour le 7 février dernier à l'initiative de la société civile, a dévié de sa mission initiale. Pis, elle a perdu son autonomie, manque de transparence et privilégie l’unilatéralisme dans la prise de décision.
Un communiqué d’Attac publié récemment, indique que la CMJC a pris « une tournure anti-démocratique » et s’est « transformée en un organe qui s’est mis au service des intérêts de l’Etat et qui suit, sans autonomie, l’agenda étatique de la COP 22 ».
A ce propos, le communiqué a précisé que le Comité de pilotage de la CMJC a imposé « ses propres décisions et réduit au silence toutes les voix qui appelaient à davantage de transparence et demandaient à ce que l’on clarifie la position de ladite Coalition vis-à-vis des institutions étatiques ».
« Plus grave, poursuit le communiqué, son Comité de pilotage a même refusé l’adhésion de plusieurs organisations qui militent dans le domaine écologique depuis de nombreuses années et n’a pris compte de nos nombreuses demandes de les voir intégrées. Le Comité de pilotage a également exclu constamment Attac-Maroc des rencontres et réunions internes, retirant de fait le droit à nos militants d’exprimer leurs positions et de faire valoir leurs revendications ».
Autres reproches et non des moindres à la CMCJ, le communiqué en question a révélé que le « Comité de pilotage n’a permis aucun débat sur la question de la participation de la CMCJ au sein de l’espace officiel de la COP 22... Or ce point de débat est essentiel et est traditionnellement débattu au sein des coalitions internationales pour la justice climatique, car nombreuses sont les organisations qui revendiquent l’importance d’ouvrir un espace de discussion indépendant des COP officielles », conclut le document d’Attac-Maroc.
Des propos que ne partage pas Kamal Lahbib, membre fondateur de la CMJC, qui pense que ces accusations sont infondées. D’après lui, le retrait d’Attac-Maroc est incompréhensible puisque même Attac France avait participé aux travaux de la COP 21 bien qu’elle ait exprimé des réserves en s’activant hors de l’espace officiel et dans l’espace officiel ainsi que dans la zone bleue (ONU) pour présenter sa position. « Mais on a l’habitude de ce genre de positions. Plusieurs associations ont du mal à trancher entre une participation active aux travaux ou le boycott de ces travaux mais à l’intérieur. Les exemples ne manquent pas. Déjà, lors de l’organisation du Forum mondial des droits de l’Homme ou du Forum social, on a assisté à ce genre de comportements. D’ailleurs, la COP 22 ne fera pas l’exception », nous a-t-il expliqué. Et d’ajouter : « Ceci d’autant plus que la COP 22 n’est pas une affaire qui concerne uniquement le Maroc et sa société civile mais le monde entier puisqu’il s’agit d’une rencontre internationale organisée par l’ONU et le Royaume n’est qu’un pays hôte».
Evoquant la question de l’autonomie de la CMJC, Kamal Lahbib nous a précisé que ce terme est large et flou. « Chacun le définit selon sa propre stratégie et ses coalitions. Et notre travail avec le CNDH ne remet pas en cause notre indépendance. Le CMJC et Driss El Yazami, chef du pôle société civile au sein du comité de pilotage de la COP22, ont convenu d’une feuille de route globale qui prévoit l’organisation de quatre rencontres transrégionales pour présenter des bilans et diagnostics en rapport avec les changements climatiques dans les 12 régions du Maroc et cela n’a rien d’inconvenant. Même en France, Attac a été en contact quotidien avec Ségolène Royal et son équipe », nous a-t-il indiqué. Et de poursuivre : « On est obligé de travailler avec Le CNDH mais on est indépendant. D’autant plus qu’on a adopté une méthode de travail identique à celle pratiquée par les ONG lors de la COP 21 à Paris. C’est-à-dire qu’on va exiger un espace indépendant tout en participant à l’espace officiel. Notre mission est de réunir l’ensemble des points de vue et des les défendre dans la zone bleue. En outre, seules quatre organisations marocaines qui ne font pas partie de la coalition ont été jusqu’à présent accréditées pour accéder à la zone bleue. Donc la vraie question reste celle de savoir comment accéder à cette zone pour faire prévaloir notre avis».
Kamal Lhabib a rappelé, par ailleurs, que la Coalition cherche en principe à mettre en place une alliance élargie ouverte à l’ensemble des acteurs associatifs et non limitée aux seules ONG œuvrant dans le domaine de la préservation de l’environnement et du développement durable et de faire de la problématique environnementale une question à la portée de tous en lui donnant un ancrage social, territorial et politique et en incitant les acteurs politiques à intégrer cette dimension dans leurs préoccupations, leurs stratégies et leurs politiques publiques « La CMJC n’est pas un parti politique en lutte pour le pouvoir mais il s’agit plutôt d’un organe de la société civile qui mène un travail de négociation, de plaidoyer et de lobbying auprès des chefs d’Etat », a-t-il conclu.
Le 16 Juin 2016
SOURCE WEB Par Lbération
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