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Le business des jets privés

Le business des jets privés

10.09.2009

C’est la nouvelle mode ! Les hommes d’affaires, les stars et les grandes fortunes du royaume
voyagent à bord de jets privés loués. Comment ça marche ? Combien ça coûte ? Incursion dans un marché qui entame à peine son décollage.

Vous devez vous rendre à Paris dans les heures qui suivent pour signer un important contrat ? Ou plus simplement, l’envie vous prend de voyager vers une destination de rêve à bord d’un avion cinq étoiles ? Vérifiez seulement que votre portefeuille est bien garni (voir tableau), et appelez une des sociétés marocaines de location d’avions privés. Un trajet Casablanca-Paris vous sera par exemple facturé aux alentours de 100 000 DH. Un service cher, mais qui a ses clients. Maint Aero, Medi business jet, Palmair aviation, Air Marrakech service, Casa air service… les entreprises qui ont investi ce marché de niche se sont multipliées ces trois dernières années. Elles proposent aux businessmans et aux gens fortunés des jets privés, avec service à bord personnalisé et décollage quelques heures après avoir passé commande !

Les hélicos aussi !

Pour louer un jet, rien de plus facile. Il suffit d’appeler directement la société (la plupart proposent de les appeler directement sur des numéros de portables). Sur les sites web de certaines compagnies, il est même possible d’obtenir le prix exact et la disponibilité des appareils après avoir rempli un formulaire. Medi business jet, une compagnie d’aviation d’affaires qui vient à peine de souffler sa première bougie, promet même un avion 2h après avoir passé commande ! Une fois à bord de l’avion, c’est le confort absolu : les prestations sont personnalisées et les repas préparés à la carte pour le client. “C’est votre avion”, résume Abdeslam Ababou, administrateur à Medi business jet

Ce sont principalement les hommes d’affaires qui sollicitent les services de ces compagnies. “Pour ces gens, c’est un outil de travail. Ils ont rarement recours à nos services pour se faire plaisir”, explique Abdeslam Ababou. “Ils veulent arriver rapidement à destination et demandent en général des dessertes non desservies par les lignes conventionnelles”, poursuit notre source. Bien évidemment, il existe également une clientèle à la recherche du luxe qu’offrent ces avions. À l’image des stars et des grands fortunés. Mais ce genre de clients est rare, selon Ababou. La tendance du moment ? “Les hélicoptères sont très à la mode, surtout dans le milieu de la Jet Set. On aime parce que c’est plus écologique et qu’un hélico peut facilement atterrir dans un jardin !”, explique Patrick Simon, gérant de Maint Aero à Marrakech.

Actionnaires clients

Mieux. Même les grosses fortunes marocaines qui disposent de leurs propres jets privés ont parfois recours à la location. “Je connais un célèbre homme d’affaires qui possède un avion qui n’a jamais décollé. Il préfère avoir recours à nos services”, explique, sous couvert d’anonymat, le gérant d’une entreprise de location d’avions. La raison est simple : “en utilisant son propre avion, ça va chercher dans les 500 000 DH, toutes charges confondues. De plus, l’avion risque à tout moment d’être immobilisé et sa maintenance coûte très cher. Cet homme d’affaires a donc préféré garder son avion uniquement pour le prestige”, poursuit notre source

Comment se font les investissements dans ce secteur d’activité ? Le business model est en fait assez simple. Les actionnaires mettent la main à la poche à parts égales afin d’acheter un jet. Normal, ce type d’avion coûte en moyenne entre 50 et 90 millions de dirhams. À titre d’exemple, un jet “Cessna” six places est facturé à lui seul à 52 MDH. Une dépense conséquente à laquelle il faut ajouter les frais de maintenance, de carburant et les différentes taxes. Pour amortir ces dépenses, il faut que l’avion accomplisse un certain nombre d’heures de vol. C’est pour cela que les actionnaires sont d’abord clients et s’engagent à accomplir un certain nombre d’heures de vol dans l’appareil. “Quand je projetais de créer avec trois hommes d’affaires et un médecin une entreprise de jet privés, chacun de nous s’est engagé à assurer un volume de 20h d’heures de vol par an”, raconte Khalid Mhammedi, directeur dans une entreprise de services industriels, qui s’est désisté de l’achat d’un avion à la dernière minute.

Jet ou 4x4

Selon les dernières statistiques de l’Office national des aéroports (ONDA), le chiffre d’affaires de l’aviation légère s’est développé de 10,53% entre 2006 et 2007. L'office a même lancé un programme de développement des infrastructures destinées à accueillir les jets privés. Première concrétisation de ce projet : un salon d’affaires inauguré en juillet 2008 à l’aéroport Mohammed V de Casablanca. Plusieurs autres salons sont prévus sur les autres aérogares du pays. Malgré ces investissements, le marché reste limité. Le nombre de clients pouvant s’offrir ce genre de vols se comptent sur les doigts d’une main, comme l’explique ce gérant.


D’ailleurs, si Khalid Mhammedi a annulé sa commande d’avion, c’est “parce que le marché est microscopique et que le retour sur investissement n’est pas garanti”. De plus, crise économique oblige, le marché s’est davantage rétréci, sans compter la concurrence étrangère, représentée par de grandes compagnies comme Netjets ou JetAir, qui grignotent également des parts dans le marché local depuis la signature des accords d’Open Sky, explique notre administrateur à Medi business jet. “La crise économique s’est répercutée sur les habitudes de notre clientèle, qui préfère utiliser les 4x4 à la place des vols intérieurs, et voyager en classe affaires quand c’est pour des déplacements à l’étranger”, renchérit Patrick Simon, gérant de Maint Aero. Cette entreprise présente sur la place depuis 1995 a même revendu ses avions et se limite désormais à les affréter pour ses clients. Les formalités administratives, encore très pesantes, plombent également le secteur. Les délais de délivrance des autorisations de vol peuvent s’avérer parfois très longs. “Une télé étrangère avait besoin d’un avion dans les deux jours. Mais nous n’avons obtenu l’autorisation de vol que 21 jours plus tard”, rapporte Patrick Simon. “Il faut avoir les reins solides et être bien structuré pour pouvoir faire face à la concurrence marocaine et étrangère de plus en plus rude”, résume Abdeslam Ababou. pas de doute : le ciel est loin d’être dégagé pour l’activité de location d'avions !

 

Source : web  Le Temps   par  Zakaria Choukrallah