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Patrimoine tourisme de demain à Guelmim-Es Smara

Patrimoine tourisme de demain à Guelmim-Es Smara

 

Publié le : 22.04.2011 | 17h35

 Le 1er vice-président du CRT de Guelmim-Es Smara livre sa vision du formidable trésor culturel oral et artistique du patrimoine sahraoui et de l'impérieuse nécessité de sa sauvegarde.

   A l'occasion de l'inauguration des festivités du Moussem traditionnel de Tan Tan en septembre 2004 qui ne s'était plus réuni depuis plus de trente années, le directeur général de l'Unesco, Monsieur Koichiro Matsuoura déclarait «qu'avec la renaissance de cette manifestation, le Maroc démontrait ainsi son attachement et son engagement en faveur de la sauvegarde et de la promotion du patrimoine immatériel, soulignant ainsi que le témoignage vivant des cultures orales et artistiques sahraouies sont une leçon de savoir et de créativités dont nous avons beaucoup à apprendre» il poursuivait en précisant : «nous sommes là pour voir, entendre, écouter et faire en sorte que ce socle vivant de diversité créatrice puisse continuer à s'épanouir de façon libre et durable, il y va de notre capacité à l'échange et au dialogue ainsi que de notre devoir de valorisation des dimensions culturelles et historiques du patrimoine saharien»

Les nouvelles formes de tourisme en qualité de vecteur de développement devront prendre en considération développement et protection de cette richesse à partager, à préserver. Le tourisme aura à apporter cette richesse d'accompagnement dans l'élaboration de projets fondés sur le respect des acquis et des besoins de l'autre, mais aussi en ayant l'obligation d'apporter par l'échange, les notions d'innovations dans le plus grand respect de l'autre, autant dire, avec l'obligation de vouloir comprendre l'autre

Ensemble ils auront à parcourir ce chemin et cette partie de route afin de construire une notion patrimoniale renouvelée avec le pur respect des acquis et besoins des uns comme des autres !

Quel sera le tourisme de demain si nous ne prenons garde de préserver l'image d'une réalité culturelle, actuelle, qui fait et alimente l'intérêt de l'échange, la volonté touristique de venir rencontrer l'autre ?

Quel sera le tourisme de demain, si aucune prise de conscience ne convient d'établir les règles de respect et de reconnaissance afin que beautés et originalités culturelles restent, et soient les vecteurs de sa réussite, et non de simples objets de pratiques commerciales ?

L'on vient et voyageons pour découvrir ces contrées nouvelles, originales avec l'espoir et le plaisir de les découvrir, de les rencontrer ! Faisons en sorte de préparer le tourisme de demain afin qu'individus, touristes et voyageurs sachent partager avec respect cette richesse et cette présence en ayant conscience des chocs culturels que ces rencontres peuvent occasionner.
Qu'ils sachent l'accompagner pour contribuer à tisser de véritables liens humains, prenant conscience des besoins et respects mutuels et surtout qu'ils sachent prendre en considération les intérêts culturels et sociaux de chacun.

Ce tourisme doit se décliner dans le respect aussi du patrimoine bâti et des documents rupestres de la région. Les douars et ksour de cette région avec les particularités architecturales des Agadirs, tribaux, militaires ou commerciaux avec l' Igoudar, l'Igherm selon les appellations régionales, tribales, malgré les marques du temps sont investis de magie et beauté reflétant leurs passés historiques. Ils sont l'image et le reflet de hauts lieux du patrimoine bâti national, au même titre que les nombreux documents rupestres qui parsèment toute cette région et qui, remontant à des milliers d'années, permettent de reconstituer l'histoire. Ils sont autant de vestiges et d'indices de l'existence humaine dans ces régions si particulières où couleurs, immensité invitent à s'interroger. Les documents rupestres avec les divers types de gravures en creux, en relief, en pointillisme, ont été reconnus par centaines dans ces régions de l'Oued Draa et du Jbel Bani depuis l'époque coloniale

Ce tourisme doit aussi se faire dans le respect du compagnon de résistance envers les turpitudes et rudesses du désert, le dromadaire, à l'égal de la femme, est l'un des héros principaux avec l'homme la nature et l'eau, de l'identité du sud marocain !
Les poètes sahraouis excellent dans les descriptions des rudesses climatiques du désert avec tendresse et affection

Le dromadaire, vaisseau du désert est parfaitement adapté physiquement et physiologiquement aux conditions de la vie désertique : reconnu comme tel, avec sa bosse, réserve de vie, avec ce pied dépourvu de sabot, large, élastique mais si bien adapté à la marche sur les sols sableux

Ce compagnon d'infortune et de bonnes fortunes reste un héros dans la poésie hassanie aux côtés de la femme, héroïne d'une vie si particulière, dont le charme suscitera l'inspiration du poète autour d'un verre de thé, véritable symbole d'union et de rapprochement entre deux êtres sahariens. Le tourisme parmi ces éléments devra composer afin de respecter ces choix et accompagner cette culture qui déjà, dans l'expression de certains de ses poètes tel que Mohamed Souih, ont cherché à composer les voies envisageant l'évolution de cette culture et de cette poésie vers une forme d'adaptation à la modernité. Le tourisme devra composer avec cette culture et poésie hassanie qui se caractérisent par le fait de se vouloir aussi vastes qu'immensités de l'Océan Atlantique et du désert, tous deux riches en expressions et en faits.

La Vision touristique 2020

«La Région de Guelmim Es-Smara aura à s'intégrer dans les grandes lignes d'une Vision Touristique 2020 à laquelle elle aspire, sans trop savoir les chemins à emprunter pour mieux y parvenir ! Ses acquis historiques, sa culture, ses caractéristiques si diversifiés pour ce que sont destinations balnéaires et monde oasien, ‘‘entre Océan et Oasis'', mais aussi par l'ensemble des niches qu'elle porte en elle, culturelles, sportives, historiques, patrimoniales devront être prises en considération et développées. Tout cela en fait une région touristique, et une destination Maroc à vocation nationale, à part entière».

Source : WEB  LE MATIN  Par  Patrick Simon Tata