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L’eau Capter acheminer et répartir

L’eau   Capter   acheminer  et  répartir

Le système de distribution par canaux peut être très complexe comme dans ce cas. Quand il n’est pas possible de le construire, on profitera du moindre détail topographique pour assurer la distribution

Au fil de l’eau, des empires se sont érigés en puissances ou sont tombés… à l’eau. Bien plus que toute autre denrée rare, elle est stratégique par excellence. Sa gestion et sa maîtrise étaient, et restent encore, des variables clefs pour la prospérité de toute nation.

Fleuves, sources et nappes phréatiques furent apprivoisées pendant des siècles, tant bien que mal, par les dynasties qui se sont succédé sur un territoire par ailleurs variable. L’enjeu est bien l’optimisation de l’exploitation, de l’acheminement et du stockage de la ressource, puisque la quasi-totalité des sources (au sens large) furent localisées depuis la nuit des temps. Barrages, canaux, aqueducs, saquias, matfias, norias, puits et autres khettaras ont été creusés et érigés par les dynasties qui se succédèrent. Puis ils ont été entretenus et perfectionnés par d’autres.
Qui dit maîtrise de l’eau dit système de répartition. Car c’est finalement pour l’usage des Hommes que tant d’efforts sont fournis autour de la ressource. Une répartition qui fut, certes, le plus souvent inéquitable, mais qui reste néanmoins ingénieuse, élaborée et parfois même complexe. En effet, la répartition reposait à la fois sur des dispositions techniques et d’autres «réglementaires», et ce, un peu partout sur le territoire. Des mécanismes qui ne suffirent cependant pas à éviter des conflits récurrents à différents niveaux de la «chaîne». Car, comme l’histoire contemporaine continue à le démontrer, le partage des ressources est loin de suivre l’équité des droits comme mot d’ordre. Bien au contraire. Ce sont évidemment les rapports de force qui font loi, et génèrent donc inévitablement des frictions sociales. Mais avant d’en arriver là, il fallut d’abord relever le défi d’acheminer la denrée au cœur des lieux de vie. Et en cela, les Marocains ont su innover pour s’adapter aux particularités propres des environnements locaux, avec comme alliés stratégiques la force de gravité et le principe de vases communicants. Parmi ces techniques, une invention exclusivement marocaine: la khettara. Celle-ci fait d’ailleurs appel aux deux principes de base évoqués plus haut. Associée aux Almoravides et à leur capitale Marrakech, la khettara est l’ensemble d’un dispositif formé de puits (verticaux) reliés par des galeries (horizontales) permettant d’amener l’eau d’une nappe souterraine éloignée en amont jusqu’à la surface en aval (voir schéma). Les historiens évoquent deux pistes possibles quant à l’origine de l’expertise technique nécessaire pour la réalisation des ouvrages d’art hydrauliques: soit le Grand Sud soit l’Andalousie. Les exemples de part et d’autre ne manquent pas pour appuyer leur aptitude en la matière.
Une fois le liquide précieux acheminé aux abords des cités, commence le casse-tête de la répartition. Celle-ci reposait sur un système de tours quantifiés (débit) et temporisés (durée d’approvisionnement), appelé «nidam annouba».

C’est la position verticale de chaque canalisation (kadous) au sein du canal principal qui détermine le niveau de priorité: plus un kadous est situé bas, plus régulièrement sera-t-il desservi et le restera même en cas de baisse du niveau général de l’approvisionnement. Cette organisation donne systématiquement la priorité aux lieux sacrés (mosquées, mausolées, medersas…). Suivent les demeures des notables, les fontaines publiques et enfin les familles lambda, qui suivent également nidam annouba.

SOURCE WEB Par  O. Z. L’Economiste