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La langue amazighe dans l’éducation et les médias

La langue amazighe dans l’éducation et les médias

 

• Le Centre Sud-Nord pour le dialogue interculturel et les études sur la migration, basé à Fès, vient de publier un ouvrage intitulé «La langue amazighe dans l’éducation et les médias».

• L’ouvrage, réalisé sous la direction du professeur de linguistique Moha Ennaji, retrace les études menées par différents chercheurs américains, européens et maghrébins, sur l’introduction de la langue amazighe dans l’enseignement et les médias au Maghreb et en Europe.

 

«La langue amazighe dans l’éducation et les médias» dresse, en trois cent soixante pages, le bilan des initiatives et des actions menées dans le but d’améliorer l’intégration de la langue amazighe dans l’éducation et dans les médias.

En vingt chapitres, le livre traite des phénomènes sociolinguistiques et pédagogiques relevant de cinq axes principaux : l’évaluation des résultats de l'enseignement de la langue amazighe (les programmes, les manuels scolaires, la formation des formateurs) ; les réalisations au niveau de l’aménagement linguistique et de l’enseignement (par rapport à l'expérience marocaine et étrangère) ; l'impact des médias sur la langue amazighe dans les pays de l’immigration et les pays d'origine ; l'intégration de l'amazighe sur la scène audiovisuelle et dans la presse et l'importance de l'utilisation de la langue amazighe sur internet (bilan et perspectives). Avec ce livre, les auteurs veulent contribuer à la réflexion sur l’amélioration de l'enseignement de la langue amazighe et sur son intégration dans les médias. Ils souhaitent aussi participer au débat sur le statut des langues maternelles dans les pays maghrébins et européens.
L’intégration de la langue amazighe dans les médias et l’enseignement est aujourd’hui l’une des priorités du gouvernement.

Contacté par «Le Matin», le professeur Moha Ennaji a indiqué que le but de ce livre est de contribuer à la réflexion sur l’amélioration de l'enseignement de la langue amazighe et son intégration dans le paysage médiatique national. Pour améliorer le processus, le volume préconise l’évaluation des résultats de l'enseignement de la langue amazighe (programmes, manuels scolaires, la formation des formateurs), les réalisations au niveau de l’aménagement linguistique et de l’enseignement (par rapport à l'expérience marocaine et étrangère), et l’évaluation de l'impact des médias sur la langue amazighe et son intégration dans la scène audiovisuelle et dans la presse.

D'après M. Ennaji, le collectif propose une approche globale pour développer et approfondir l'enseignement de la langue amazighe et son usage dans les médias modernes en dressant un bilan des résultats obtenus dans les domaines de l’éducation et des médias dans les pays du Maghreb et dans les autres pays. Le livre propose de généraliser l’enseignement de la langue amazighe à tous les cycles de l’enseignement, d’intégrer la littérature orale amazighe dans les livres scolaires et les médias et d'oeuvrer tous ensemble, toutes compétences confondues, pour conforter la concertation afin de faire face aux défis de la phase postofficialisation de l’amazighe.

Moha Ennaji a aussi déclaré qu'en fait «des mesures importantes ont été prises pour intégrer la langue amazighe dans le système éducatif depuis 2003. Le ministère de l’Éducation nationale (MEN) et l’Institut royal de la culture amazigh (IRCAM), en partenariat, collaborent pour la généralisation de l’enseignement de l’Amazighe dans toutes les écoles marocaines rurales et urbaines et pour son intégration dans le domaine de l’éducation». Par conséquent, la langue amazighe aujourd’hui fait partie officiellement des curricula et est sujette au suivi pédagogique et enseignée dans tous les niveaux du primaire. Elle a également profité de la planification linguistique et de standardisation en plus de manuels pédagogiques et de moyens audiovisuels pour son enseignement.

Au total plus de 5 000 enseignants et de 300 inspecteurs enseignent et supervisent l’introduction de la langue amazighe dans les écoles. L’effectif des élèves qui compte quelques 500 000 va passer à un million dans les prochaines années scolaires. Du point de vue quantitatif, c’est un grand exploit, mais au niveau qualitatif, l’enseignement de la langue amazighe connaît beaucoup de difficultés et d’entraves. Par exemple, plusieurs enseignants ne maîtrisent pas bien la langue pour pouvoir l’enseigner. En plus, nous manquons d’une évaluation objective des résultats obtenus surtout au niveau de la maîtrise par les élèves de l’écriture et de la lecture de l’Amazighe après dix ans de son enseignement. Il faut souligner également la pénurie de manuels scolaires que le MEN avait la charge de distribuer aux écoles. Pourtant, les académies continuent toujours de retarder la livraison des manuels aux élèves.

M. Ennaji a également insisté sur le fait qu'au cours de la dernière décennie, la langue amazighe a connu une intégration graduelle dans les médias nationaux écrits et audiovisuels. L’introduction de la chaîne amazighe (attamina) a été un franc succès au niveau de la programmation ainsi qu’au niveau de la qualité des programmes. Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, a manifesté une réelle volonté pour une intégration plus forte de la langue amazighe dans les médias. 
«À leur tour, les médias sont invités à refléter la symbiose existante et le brassage des cultures amazighe et arabe et à s’acquitter de leur rôle de promotion de cette diversité et de préservation du patrimoine culturel et artistique amazigh», a-t-il souligné. Et d'ajouter : «Je voudrais à cet égard mettre en relief l’augmentation du quota de l’amazigh dans les chaînes de télévision Al Oula, Tamazight, Assadissa et Arrabia, et l’usage du caractère tifinagh dans les émissions de Tamazight. L’Agence Maghreb arabe presse (MAP) à récemment lancé son portail électronique en langue amazighe».


Moha Ennaji, activiste et militant international

Moha Ennaji est un chercheur, professeur, et écrivain qui travaille dans des domaines tels que la linguistique, le genre, la société civile et la migration. Il est à la fois consultant international, professeur des universités et professeur-visiteur à l’Université de Rutgers aux États-Unis. 
Il est également directeur de la revue internationale «Langues et Linguistique» paraissant depuis 1998, et président du Centre Sud-Nord pour le dialogue interculturel et les études sur la migration. Il est aussi l’auteur de plusieurs articles et ouvrages dont les plus récents sont : «Migration and Gender», «The Impact on Women Left Behind» (Red Sea Press, 2008, en collaboration avec F. Sadiqi), «Multilingualism, Cultural Identity, and Education in Morocco» (2005, Springer-Verlag, New York), «Women in the Middle East and North Africa» (2010, Routledge), «Le Brassage de la culture amazighe et de la culture arabe» (2009, Collectif).

Publié le : 5 Octobre 2013 –

SOURCE WEB Par Mae Ait Bayahya, LE MATIN

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